La baisse mondiale de la consommation du pétrole suite aux mesures de confinement décrétées pour contrecarrer la propagation du coronavirus et la guerre des prix menée par l’Arabie Saoudite et la Russie ont provoqué un effondrement historique des prix du baril de brut. L’on se souvient qu’à l’approche de la fin de la négociation (se terminant le 21 avril 2020) sur le pétrole à livrer en mai, les spéculateurs ne trouvaient plus de preneurs à leurs contrats de pétrole. Conséquence de cette situation paradoxale est l’effondrement du cours du baril qui est passé sous 0$.

C’est la première fois de son histoire que le cours de l’or noir connaissait un épisode de prix négatif. Dans une telle situation, les spéculateurs payent les acheteurs pour se débarrasser de leurs contrats (sur certains contrats du pétrole américain, cette chute a atteint -37$). Il s’agit dans ce papier de faire une mise au point sur le marché pétrolier et de discuter des conséquences de l’effondrement des prix du baril sur l’économie canadienne, dont le poids du pétrole représente environ 10% de son PIB.

Après le krach, les prix du baril remontent progressivement

La reprise de plusieurs économies, avec en corollaire une hausse de la demande en carburant et le recul de la production américaine et celle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs principaux partenaires, ont stimulé les prix de barils, connaissant des hausses successives importantes. Les prix du baril des différentes cotations (Brent, WTI, Arabian Light…) ont connu une hausse de 20,29% depuis un mois. Le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour la livraison en août, côté à Londres, a clôturé à 43,03 USD, le 23 juin 2020. Le pétrole brut canadien qui fait partie du Western Canadian Select (WCS), s’échange à plus de 30$ depuis fin mai. Il a clôturé à 36,33$, le 22 juin 2020. Malgré ces hausses, c’est la prudence qui règne sur le marché de l’or noir où les investisseurs  demeurent sur le qui-vive, scrutant les signaux de la demande et observant le respect des engagements des principaux producteurs pour éponger une offre excédentaire (l’OPEP et ses partenaires ont retiré 9,7 millions de barils par jour et les compagnies américaines, notamment de l’État de Texas, ont décidé aussi de réduire leur production journalière).

Le krach pétrolier : quel impact sur l’économie canadienne ?

Déjà confronté à plusieurs défis : logistiques (saturation des moyens d’expédition : oléoduc et chemin de fer), environnementaux (le pétrole des sables bitumineux canadien est parmi les plus polluants au monde) et conjoncturel (l’entretien saisonnier des raffineries américaines), le pétrole canadien fait face aujourd’hui à un épisode de cours du baril bas qui peut remettre en cause la viabilité de plusieurs forages et affecter considérablement la croissance économique du pays. En effet, le coût de production du pétrole canadien est l’un des plus élevé au monde et se vend moins cher que le Brent et le pétrole américain, en raison de sa lourdeur, exigeant plus de raffinage.

En plus de la baisse des revenus engendrés par des exportations de pétrole, le maintien des cours bas entrainera un recul d’investissement dans le secteur énergétique. Selon l’Association des services pétroliers du Canada (ASPC), 7 milliards de $ d’investissements dans le secteur de l’énergie ont été annulés cette année. Les prévisions de forage pour 2020 représentent une diminution de 1 400 puits, un recul à un niveau remontant à 50 ans. Bien évidemment, les provinces pétrolières comme l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador qui seront plus touchées par cette conjoncture. L’économie de L’Alberta qui dépend largement du secteur pétrolier pourrait connaitre une crise plus grave que celle de 2015.

Selon l’avis de plusieurs économistes, le maintien des prix du pétrole très bas affectera certainement la croissance de l’économie canadienne dans son ensemble, puisque le pétrole contribue pour environ 10% du PIB du pays.

Par ailleurs, la baisse de la valeur du dollar canadien, conséquence de la baisse du prix du baril, peut avoir un effet positif sur les exportations hors hydrocarbures, en rendant les produits canadiens plus compétitifs sur les marchés internationaux.

Sofiane Idir

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