Le monde du travail est une source d’inspiration intarissable pour les auteurs de bandes dessinées qui éprouvent un malin plaisir à s’imprégner de tous les petits détails pour en créer des histoires originales. Cette façon de faire dans le monde la BD, est aussi une manière d’aborder des sujets sérieux dans des milieux très hermétiques en y apportant une touche humoristique qui permet de relativiser le sérieux qui accompagne chaque métier[1] comme on peut le découvrir avec Stop Work[2] qui s’intéresse au domaine de la gestion organisationnelle et ses effets sur les employés d’une grande entreprise.

D’un premier abord, on pourrait se dire que le sujet pourrait être rébarbatif et ennuyant, sauf que cette BD s’amuse à déconstruire certains clichés et pousse les lecteurs à la réflexion. En effet, lorsque l’on parle de Stop Work en entreprise, on y associe les situations qui peuvent être dangereuses et qui amènent les employés à suspendre leur travail pour y remédier.

Cette façon de faire qui est aussi un signe des temps, illustre l’importance que l’on accorde de nos jours à l’environnement, à l’hygiène et à la sécurité (EHS) dans tout type d’organisation. Fabrice Couturier qui est un cadre à l’ancienne dans une entreprise, postule pour gérer le service des achats. Malheureusement pour lui, son patron lui annonce qu’il a choisi Mia, une candidate en externe pour ce poste. Au-delà des désillusions de ce vieux de la vieille, ce sont toutes les dynamiques qui se déroulent au sein de l’entreprise que décortiquent Jacky Schwartzmann au scénario et Morgan Navarro au dessin, non sans y ajouter un brin d’humour, de sarcasme et de second degré pour remettre en perspective la place de l’humain dans les organisations.

Comme dirait l’expression populaire « Trop, c’est comme pas assez », et l’application des règles avec excès de zèle sont parfois dommageables aux entreprises qui sont souvent victimes des effets de mode au point d’appliquer à la lettre des nouvelles pratiques sans prendre soin de les adapter au préalable avec leur réalité.

Fabrice Couturier qui est le personnage central de Stop Work, prend sous son aile Hugo, un jeune stagiaire de 15 ans, puis il se heurte à Ludivine la Directrice du service EHS. À votre avis qui aura le dernier mot ?

L’ouvrage de 132 pages mérite d’être feuilleté pour connaitre le fin mot de l’histoire tout en découvrant plusieurs personnages secondaires tous aussi authentiques les uns comme les autres.

Aux commandes de cette originale histoire Jacky Schwartzmann qui a notamment publié Pension complète, Demain c’est loin, Mauvais coûts, Le coffre, Kasso et Pyongyang 1071. L’auteur raconte cette fois-ci, un récit avec des personnages plus vrais que nature, lui qui a fait l’expérience du travail en entreprise et dans des start-up, est au courant des situations qui peuvent prendre forme en milieu de travail au point de créer à sa façon une histoire qui sort des sentiers battus.

Côté graphique, les illustrations de Morgan Navarro donnent l’impression de croquis imparfaits. Cependant, il réussit à travers la simplicité de ses dessins à partager les messages qu’il veut transmettre, lui qui a déjà publié Les Aventures de Flip, Ma vie de réac, Cow-boy moustache, Teddy Beat, Le Président, L’Endormeur, Mon papa en cage, Les voyages de Teddy Beat, Flipper Le flippé et Malcom Foot.

Stop Work est publié chez Dargaud pour découvrir les joies de l’entreprise moderne ! 

Réda Benkoula

[1] On a pu découvrir des BD hilarantes sur le domaine de la santé telles que STAT, Les Toubibs, Les femmes en blanc ou Les Psy¸ ou sur les flics avec L’Agent 212 qui surprend toujours par ses maladresses.

[2] Stop work. Les joies de l’entreprise moderne | Jacky Schwartzmann (Scénario), Morgan Navarro (Dessin, Couleurs) | Dargaud | 2020 | 136 pages

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