« Écrire ce n’est pas raconter des histoires, c’est raconter une histoire et son absence, c’est raconter une histoire qui en passe par son absence ». – Marguerite Duras –

Connaissez-vous l’histoire des pionniers ingénieur.e.s et scientifiques qui sont devenu.e.s des astronautes ? Connaissez-vous leur apport au monde aérospatial ? Alors que certaine.s sont allé.e.s dans l’espace, le récit d’autres a été oublié depuis 60 ans. S’intéressant à l’univers spatial qui connaît un grand succès en raison du retour de la NASA sur la lune prévue dans les années futures et qui marquerait du même coup le premier pas des astronautes noir.e.s, les cinéastes, Lisa Cortés et Diego Hertado de Mendoza, racontent leurs histoires méconnues, narre leurs expériences vécues et nous relève l’impact sur la prochaine génération d’astronautes noires dans le film The Space Race.

Ce film tourné entre 2020 et 2023 a connu sa première canadienne lors de la soirée d’ouverture de la 19e édition du Festival International du Film Black de Montréal ayant lieu du 27 septembre au 1er octobre organisée par la Fondation Fabienne Colas.

La Genèse

Après avoir découvert lors d’un voyage à Cuba, que le cosmonaute cubain, Arnaldo Tomayo Méndez, a été le premier homme d’origine africaine africain à être allé dans l’espace et honoré comme héros national, le cinéma Diego Herta de Mendoza a voulu en savoir davantage sur les astronaut.es afro-descendants ayant fait le programme spatial. Ses recherches l’ont conduit entre les années 1960-1980. Il fut alors surpris de constater que l’histoire ne faisait aucunement mention d’Ed Wright, de Charles Bolden, de Fred Grégory, de Guion « Guy Bluford » et de Ronald Mcnair décédé en 1986 lors de l’explosion de la navette Challenger.

Les 3 mousquetaires

Alors que le tout avait été confirmé aux débuts des années 60, Ed Wright a vu son rêve d’être le premier homme à marcher sur la lune lui glisser entre les mains lors du décès du Président John F. Kennedy en 1963. Ébranlé à l’annonce de cette nouvelle, celui qui avait fait des pieds et des mains pour convaincre le président et a consacré 13 ans de sa vie dans les forces aériennes ne savait plus où se donner de la tête. Sans compter qu’il avait également perdu son réseau après avoir essuyé ce refus, mais il ne se laissait pas abattre. Un.e astronaute ira un jour sur lune. Comme le racisme, les injustices et les inégalités sociales étaient très flagrants à l’époque, Ed Wright représentait l’espoir d’une vie meilleure. Quoiqu’il ne cherchait pas la gloire et ne souhaitait pas devenir astronaute, mais voulant se montrer solidaire, l’ingénieur de formation, Guion Bluford, a été choisi par la NASA en janvier 1978 pour sa mission dans l’orbiteur Challenger baptisé STS-8 en 1983. « Comme Ed Wright n’a pas pu le faire, je l’ai fait » s’était-il exprimé en entrevue. Deux décennies se sont écoulées avant qu’un astronaute noir puisse se qualifier pour aller sur la lune.

Raconter son histoire

Bien qu’enrichissant, le tournage de ce documentaire avait également son lot de défis.

(Keero Birla lors de la période de questions. Photo : Mélissa Jean-Baptiste- Journal l’Initiative)
(Keero Birla lors de la période de questions. Photo : Mélissa Jean-Baptiste- Journal l’Initiative)

« Le plus difficile a été de trouver des arguments pour interviewer Guy Bluford. La veille de l’entrevue, alors que tout était prêt pour le lendemain, j’ai été surpris de recevoir son appel. Il m’a nommé penser perdre son temps. Lorsque je lui ai demandé pourquoi et après une heure de discussion, il m’a répondu : lorsqu’une personne tente de raconter son histoire, elle n’est pas réellement écoutée. Vous ne faites que couper et conserver les extraits qui vous intéressent et c’est le problème qui se pose dans l’industrie du film. Nous parlons souvent d’astronautes, mais je n’en suis pas un. Je suis ingénieur en aérospatiale et j’aimerais être présenté comme tel. J’ai pris le temps nécessaire pour qu’il puisse me raconter son histoire et il a aimé la version finale », nous a mentionné le scénariste Keero Birla.

Il aura fallu 45 ans et l’élection de Charles Bolden comme administrateur de la NASA en 2009, pour que le rôle, d’Ed Wright, dans l’histoire des noir.e.s dans l’aérospatiale soit reconnu et perçu comme un mentor par l’un des astronautes, de la mission lunaire de 2024, Victor Bolden.

L’importance d’être reconnaissant.e

Birla nous a nommé que cette conception de l’espace est extrêmement puissante. L’être humain aime regarder les étoiles depuis des lustres et ressent une certaine connexion avec l’univers. « Ce regard porté vers le ciel devrait également nous amener à revoir notre lien avec la Terre, en prendre soin, à prendre conscience de la fragilité humaine, à être reconnaissant.e et veiller au bien-être de chacun.e. C’est notre devoir, car la vie ne tient qu’à un fil », a souligné le scénariste.

Mélissa Jean-Baptiste

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