Comme on peut le lire dans le quatrième de couverture de Thorgal Saga : la série invite des auteurs de talent pour enrichir le temps d’une aventure, le fabuleux destin de l’enfant des étoiles. Créée en 1977 par le scénariste Jean Van Hamme et le dessinateur Grzegorz Rosiński, la série est de plus en plus étoffée avec chaque nouvelle publication.

Cette fois-ci, ce sont Fred Duval et Corentin Rouge qui se chargent respectivement du dessin et du scénario de Wendigo[1]. Avant de publier ce nouvel album, tous deux étaient tombés d’accord au sujet de leurs albums préférés de la saga, ce qui dans une certaine mesure leur a permis de réaliser cette nouvelle aventure qui se situe chronologiquement dans le cycle de Qâ.

Fred Duval qui a déjà écrit les scénarios de Nymphéas noirs, Renaissance et Un avion sans elle nous embarque cette fois-ci en Amérique du Nord précolombienne à la découverte du wendigo, cette créature surnaturelle, maléfique et anthropophage, issue de la mythologie des Premières Nations algonquiennes du Canada, qui s’est étendue dans tout le folklore d’Amérique du Nord.

Corentin Rouge (auteur de la série Rio) qui rappelons-le suit les traces de son père Michel Rouge (connu pour avoir succédé à Hermann au dessin de la série Comanche), confie avoir retrouvé en dessinant Thorgal : « cette insouciance, cette liberté de dessin de l’enfance, l’occasion de replonger dans des albums si particuliers de Rosinsky, loin des codes graphiques que l’on a l’habitude de voir en bande dessinée, avec son dessin vivant, proche du croquis et de la vie ». Au niveau graphique, on ne peut qu’être émerveillé par ses planches qui accordent une place importante aux grandes espaces du Nouveau Monde.

Dans Wendigo, la mythologie scandinave rencontre la mythologie amérindienne dans une forme d’esthétique graphique que seule la BD peut se permettre.

Un hommage à la culture amérindienne

Dans cette nouvelle aventure, Thorgal, sa femme Aaricia et leur fils Jolan sont à bord d’un bateau qui est sur le chemin du retour du pays de Qâ. Soudain, un serpent des mers surgit du fond des eaux et fait chavirer le navire. Aaricia qui est enceinte est gravement blessée. Thorgal et sa famille ont tout juste le temps d’embarquer sur un petit bateau pour échapper à ce cataclysme.

Devant les rivages du pays de Qâ, Tonnerre, fils d’Aataentsic et membre de la tribu du peuple des eaux lui dit : « le Grand Esprit a annoncé ta venue, tu es le guerrier à peau claire des rivages lointains » (p. 16).

Thorgal qui est reçu par les membres Conseil du village, apprend que dans ces terres, le wendigo, un manitou maléfique a été invoqué par le peuple des arbres pour détruire la tribu du peuple des eaux.

Le chef du Conseil lui dit : « tu vas marcher jusqu’à l’arbre de vie…il est situé au cœur de la forêt, sur le territoire de nos ennemis. (Tonnerre sera ton guide). À son approche, tu trouveras la vie…une plante qui soignera ta campagne et sauvera l’enfant qu’elle porte…à son sommet, tu trouveras la mort. Tu voyageras dans l’arbre au-delà des nuages pour y couper la branche la plus haute…dans cette branche, tu tailleras une flèche unique. Ainsi, tu seras paré pour affronter le wendigo » (p. 22).

Thorgal n’a pas d’autre choix que de suivre Tonnerre s’il veut que le chaman de la tribu sauve sa femme. Il doit tuer le Wendigo.

Si cette alliance de circonstances avec Tonnerre symbolise cette tension entre le Nouveau Monde et l’ancien, elle permet aussi de mieux connaitre Thorgal qui, tout en étant fidèle à ses principes, respecte aussi les rites des autres peuples.

La rencontre de ce Viking d’adoption avec les ancêtres des Iroquois et des Algonquins, contribue encore une fois à façonner la mythologie autour du personnage qui lutte comme toujours pour sauver sa famille.

Réda Benkoula

[1] Thorgal Saga, Tome 2, Wendigo | Fred Duval (Scénario), Corentin Rouge (Dessin) | Le Lombard | 2024 | 128 pages

 

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