Les habitants de l’île de Bougainville, ancienne colonie allemande puis australienne, située dans le Pacifique Sud et faisant partie de la Papouasie – Nouvelle-Guinée, viennent de voter à 98 % pour l’indépendance de leur île, selon les résultats officiels publiés ce 12 décembre.

Même si ce résultat n’est pas contraignant, d’un point de vue juridique, la pression sera toutefois assez forte sur le gouvernement central afin que celui-ci accorde l’indépendance à ce territoire, qui doit son nom au militaire et navigateur français Louis-Antoine de Bougainville, qui l’avait exploré en 1768. D’autant plus que l’île bénéficie déjà d’une autonomie assez importante, depuis la fin d’un conflit ayant fait de nombreuses victimes dans les années 1990.

Si ce petit territoire, 165 fois plus petit que le Québec et plus de 30 fois moins peuplé (environ 250 mille habitants pour une superficie comparable à celle de l’île d’Anticosti), devait accéder à la pleine souveraineté, à court ou à moyen terme, il s’agirait alors probablement du cinquième pays à voir le jour depuis le dernier référendum sur l’indépendance du Québec, en 1995. Et ce, après le Timor oriental (2002), le Monténégro (2006), le Kosovo (2008) et le Soudan du Sud (2011).

Tous ces pays ayant pour point commun d’être largement plus petits et moins riches et puissants que le Québec, la peur d’aller vers la création d’un nouveau pays qui s’appellerait justement « Québec », et dont les citoyens auraient la fierté de voyager avec un passeport québécois, apparaît donc de plus en plus incompréhensible et irrationnelle. D’autant plus que les différences existant entre certains de ces pays nouvellement crées et leur ancien pays d’appartenance sont bien moins marquées que celles existant entre le Québec et le reste du Canada. Un pays où la « Belle province » est en voie de marginalisation (son poids démographique devant bientôt passer en dessous des 20 % de la population de la fédération), qui oblige souvent les Québécois à suivre une politique internationale servant les intérêts des pays anglo-saxons (et contraire à leurs propres intérêts et à ceux du monde francophone), et qui accueille les visiteurs étrangers avec des billets de banque à l’effigie de la reine Elisabeth II, ce qui choque profondément de nombreux francophones étrangers.

Ilyes Zouari, Président du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone

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