Terre singulière, l’Espagne doit à ses paysages et à ses climats contrastés une personnalité complexe et fascinante. Les mers qui entourent la vaste péninsule Ibérique, mais aussi ses nombreuses sierras et cordillères, ont façonné l’identité du peuple espagnol, qui se définit différemment d’une région à l’autre.
Le Nord
Au nord-ouest du pays, l’Atlantique offre ses courants poissonneux aux pêcheurs de Galice. Ses nuages arrosent les vergers et les champs des Asturies, ou le beau Parc des Pics d’Europe, en Cantabrie, le long du célèbre Chemin que pèlerins et marcheurs suivent jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle, «où finit la terre».
Du Pays basque à la Catalogne, la longue chaîne des Pyrénées déploie ses vallées profondes entre des sommets drapés de neige. Frontière imposante qui sépare l’Espagne de la France, c’est le domaine des bergers taciturnes et des éleveurs. À l’intérieur des terres, en Castille et en Estrémadure, les saisons marquées et le vent assèchent les plateaux pierreux parcourus par les moutons ; les collines sont plantées de tabac ou de céréales. Les villages sont rares, le ciel occupe toute la place.
La côte méditerranéenne et Barcelone
La vie devient plus animée près de la Méditerranée, propice au commerce et au tourisme. Barcelone, cité de Gaudi, est une ville cosmopolite qui s’est épanouie à travers les échanges et connaît un rayonnement international, tandis que plus au sud, face aux îles Baléares, Valence se révèle également très agréable, avec ses places sereines bordées de palmiers. De nombreux endroits sur la côte sont aujourd’hui gâchés par les complexes hôteliers en bordure des plages, mais la Costa del Sol et la Costa de la Luz ont préservé quelques sites qui demeurent moins fréquentés.
L’Andalousie
L’Andalousie témoigne de façon particulièrement éloquente d’une des influences majeures de l’architecture et de la culture espagnoles, puisque les Maures l’ont occupée pacifiquement durant huit cents ans. La Mosquée de Cordoue ou l’Alhambra de Grenade en sont de merveilleux exemples, et partout la blancheur des villages, les grilles ouvragées devant les fenêtres, les délicieux jardins intérieurs.
Par la suite, Blanche de Castille et Ferdinand d’Aragon ont achevé la reconquête de l’Espagne et parrainé l’expédition de Christophe Colomb, en 1492, qui devait changer le destin du pays, avant que les guerres de succession, puis la guerre civile et le régime de Franco amènent des périodes plus sombres, alourdies par un héritage encore très féodal.
Madrid
C’est incontestablement à Madrid que l’histoire et l’art de l’Espagne, du Greco à Picasso en passant par la sculpture baroque, se retrouvent magistralement représentés. On les découvre à la faveur de ses musées et de ses églises, mais aussi sur les places et dans les cafés, au cinéma, dans les salles de spectacle. Ici, on sort beaucoup pour profiter une seconde fois de la journée : on dîne tard et on déambule dans les rues rafraîchies, on prend un verre entre amis, on discute, on écoute une improvisation de flamenco, et l’assistance participe des mains et de la voix. Car musique et danse, fêtes et traditions occupent une place très importante en Espagne. On les célèbre avec une ferveur à la fois joyeuse et empreinte de gravité qui est, au-delà du symbole religieux ou païen, l’essence de l’âme espagnole. La lente chorégraphie du torero et du taureau face à la mort, la mélopée rauque du chanteur de flamenco nous rappellent que le caractère tragique de la vie est indissociable de sa beauté.
Source : Guides de voyage Ulysse
