Un an après la première partie du diptyque Wild West Thierry Gloris et Jacques Lamontagne nous reviennent avec ce second numéro qui est consacré à James Butler Hickok alias Wild Bill Hickok. C’est d’ailleurs tout le défi de Wild Bill[1] qui s’inspire de la vie de l’une des figures emblématiques du Far West pour raconter une histoire de l’Amérique qui fascine.

Les auteurs qui ont déjà collaboré ensemble sur la série Aspic, ne sont pas naïfs puisqu’ils sont conscients de la dure réalité de la conquête de l’Ouest. Ils réussissent d’ailleurs à nous faire comprendre que si l’Amérique d’aujourd’hui fait rêver, c’est parce qu’elle a été bâtie avec le sang des laissés-pour-compte qui sont légions.

Derrière les grandes percées du chemin de fer vers l’ouest il y a eu l’exploitation des chinois. Derrière la création des grandes villes américaines, il y a eu la mise à mort graduelle des tribus amérindiennes et la destruction de leurs territoires. Derrière la richesse des exploitations agricoles du sud, il y a eu la systématisation de l’esclavage et la guerre de Sécession qui a déchiré les États-Unis pendant quatre ans.

Avant de bâtir un État de droit, il aura fallu imposer la justice à travers la parole des armes comme on peut le découvrir avec Bill Hickok qui pourchasse les criminels. Celui que l’on surnomme Wild Bill et qui fut même Shérif cite : « je ne suis pas là pour philosopher, je suis là pour rendre justice». L’homme est un chasseur de primes et il recherche ceux qui sont soupçonnés de meurtres. Son objectif c’est d’avoir la récompense. Pour y parvenir, il doit retrouver le criminel et le livrer mort ou vif. L’ombre de la guerre de Sécession poursuit Wild Bill qui préfère jouir de sa vie de civil : « je tiens à conserver mon statut civil…pour moi la Tunique Bleue c’est définitivement du passé ». Il est conscient qu’être chasseurs de primes comprend des risques, même si ce qui anime sa quête c’est le respect de la parole donnée.

En feuilletant ce second volume de Wild West, les auteurs dépoussièrent le western et déconstruisent un Far West longtemps romancé. Chacun tente de défendre ses valeurs à l’image des Amérindiens qui ont résisté comme ils ont pu contre la présence du rail sur leurs territoires et la venue des vagues de caravanes de colons. Pour Wild Bill, même si chacun essaye de vivre sa vie comme il peut : « nous sommes tous des pions sur l’échiquier de ces messieurs de Washington ».

On comprend donc la raison pour laquelle les vastes territoires de l’Ouest, attisent la convoitise des uns et les rêves des autres. Cette idéalisation du mythe américain contraste avec les destins tragiques qui sont romancés comme ce fut le cas de Martha Jane Cannary alias Calamity Jane, qui, après avoir vécu dans un bordel et fait ses classes dans un bataillon des Tuniques Bleues a dû vivre pendant un temps auprès des tribus amérindiennes avant de recroiser dans ce second album le chemin de Wild Bill Hickok.

Cet album qui se veut plus authentique que jamais, réussit au final à démystifier le western.

Réda Benkoula

[1] Wild West. Tome 2 – Wild Bill | Par Thierry Gloris & Jacques Lamontagne | Dupuis | 2021 | 56 pages | 15 ans et +

Read previous post:
Eugénie et les mystères de Paris – Tome 1. On a volé la liberté

Créée par le scénariste Éric Summer et la dessinatrice Miriam Gambino, Eugénie et les Mystères de Paris[1], passionnera les plus...

Close