On a l’habitude de lire, mais rarement de relire des textes qui nous emmènent d’un monde facile à celui trivial, plutôt fascinés par ceux singuliers faisant remonter la mémoire de l’enfance et celle de la nostalgie des souvenirs perdus à la surface des recoins de nos ombres. Tel est le constat : les univers auxquels nous invite Anne H sont loin d’être anodins du moment qu’elle nous aide à devenir ce qu’on souhaiterait être tout en acceptant son être face à deux dilemmes dont sa culpabilité et son innocence. L’auteure écrit, les racines des textes se libèrent et se ramifient, et nous voici dans le verbe intime et généreux qui suit son semblable renvoyant la multiplicité et la juxtaposition de ses nouvelles entremêlées donnant naissance à de magnifiques livres.

Anne H (ou Anne Hurtelle de son vrai nom) n’a pas seulement écrit pour ceux qui hasardent le pas le jour et ne dorment pas la nuit, sur uniquement l’amour et les aléas de la vie, mais aussi sur les métaphores et leurs connotations poétiques dérivant sur les oppositions et les assentiments. De la poésie aux nouvelles en passant par le théâtre et livres pour enfants, son écriture n’est ni sombre, ni tourmentée, plutôt sobre, subtile et ailée. Elle se construit autour d’un verbe qui intrigue et des personnages secrets qui, en se reconnaissant dans leurs reflets, reconnaissent instantanément et simultanément leurs nitescences. Sa sensibilité et ses intuitions, les deux, s’intéressent aux idées généreuses qu’offrent les folies des passions, les joies de la maternité, la pédagogie inventive et l’éducation créative.

Bien que la vie s’enorgueillît de ses prestances en prenant des tours tragiques, néanmoins rien ne venait infléchir ce qui se conjuguait en elle de féminin telles sa finesse et l’innocence de ses honneurs structurés autour de sa belle personne restée debout malgré la charge des maux. Libre comme le vent, responsable de ses actes, Anne appartient à une lignée de femmes conscientes et conséquentes. Amoureuse de son verbe et de sa profession comme professeure de lettres, elle axait toujours son regard ingénu du côté opposé à celui qui cherchait à le ternir, le corps et l’esprit dans leurs communions intellectuelles et morales. Ce qu’on retient de sa destinée et ce qu’on bannit de sa mémoire, la seule devise à laquelle Anne Hurtelle s’attache est de vivre sa vie en s’agrippant sensiblement aux franges de ses décors.

Même si on est victime de ses erreurs ou de quelques égarements de sa jeunesse, mais ce qui se construit intimement demeure celui ancré s’affichant du côté de l’humain et point de celui matériel ou de l’éclat des apparences, ni même de l’abus du superflu. Quand les différents moments de la vie semblent entrer en adéquation avec les aspérités de ses aspirations, chez Anne H, tout se définit et se polit à mesure qu’elle arpente ses ombres en s’approchant lucidement de ses lumières. Se rebeller contre son sort et contre la vie âpre quand un œil larmoie et l’autre s’arrondit et se projette, harmoniser ses rêveries intérieures avec sa liberté extérieure, lutter pour une existence décente, ainsi brillaient ses braises de toutes leurs couleurs chatoyantes, amour, tendresse et humilité associés et épanouis.

Mohand-Lyazid Chibout (Iris)

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Gentlemind – Tome 1. Publié chez Dargaud et signé Juan Diaz Canales, Teresa Valero et Antonio Lapone

Avant d'être une bande dessinée, Gentlemind[1] est avant tout une œuvre graphique qui donne l'impression de feuilleter des toiles d'aquarelles...

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