Sombre et apocalyptique ! Voilà comment on peut décrire Curse of the white knight[1], le Batman de Sean Murphy, qui vient de paraître en version française chez Urban Comics.

Comme on le sait déjà, il y a des délais entre la publication des comics américains et leur traduction par la suite dans d’autres langues. Ainsi, un an après sa sortie chez DC, l’éditeur français met le paquet avec ce volume de 288 pages des aventures de Batman pour le plus grand plaisir des fans qui y trouveront excusez du peu, pas moins d’une trentaines de pages qui regroupent plusieurs couvertures originales, des planches crayonnées et un carnet graphique pour mieux s’imprégner de l’univers du Chevalier noir. Il faut dire d’ailleurs que si aujourd’hui Batman fait partie intégrante de la culture populaire, c’est parce qu’il a su conserver à travers les décennies, une part de mystère dans son combat incessant du bien contre le mal.

Imaginé par Bob Kane en 1939, le personnage de Batman a ensuite été pris en main par plusieurs scénaristes et dessinateurs qui ont su composer avec leurs temps pour rafraîchir l’univers du super-héros. Tout y a été remodelé d’ailleurs, que ce soit au niveau des costumes de celui que l’on associe à la chauve-souris, jusqu’à la fameuse Batmobile symbole de force et bolide à toute épreuve face à ces éternels ennemis tels que le Joker, le Pingouin, Poison Ivy, Le Sphinx, L’Épouvantail, Double-Face, Myster Freeze et j’en passe…

Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil aux styles graphiques des dessinateurs de Batman pour se rendre compte aussi de tout le potentiel graphique que représente l’homme chauve-souris.

Batman qui a été adapté en dessins animés, en série télévisée et en longs métrages destinés au cinéma suscite toujours l’intérêt des adorateurs du genre, au point de repousser les limites de l’écriture des scénarios et carrément réinventer son histoire.

Sean Murphy réinvente Batman

C’est un peu ce qu’a réussi à faire Sean Murphy qui, en s’appropriant Batman, a créé un univers miroir du Dark Knight pour White Knight. Dans cette œuvre provocante, Batman est l’ultra violent de Gotham City, tandis que Jack Napier alias le Joker en est le sauveur. Ce paradoxe qui transparaît dans Curse of the white knight, clos le premier opus qui s’intitulait Batman white Knight[2] où l’auteur bouscule intelligemment les codes du comic pour malmener les certitudes de Batman et les valeurs de Bruce Wayne.

En décidant de dévoiler les origines de la fortune de la famille Wayne, Sean Murphy nous permet d’apprendre que Gotham a été fondée vers la fin du XVIIe siècle à une époque où le général Lafayette Arkham terrorisait la vallée. Le prêtre Bakkar un héritier des Templiers de l’ordre de Saint-Dumas s’est dressé aux côtés d’Edmond Wayne l’ancêtre de Bruce Wayne pour combattre Laffy dont on dit qu’il aurait été un vampire.

On découvre ainsi l’origine sinistre d’Arkham ayant servi pour baptiser le nom de l’hôpital le plus célèbre de Gotham City qui retient dans ses geôles les plus dangereux criminels de la ville. Pourtant, c’est Azraël, un autre vilain qui menace la vie de Batman et ses amis. Il fait resurgir du passé des secrets bien cachés de la famille Wayne, le tout sous l’œil complice du Joker. Dans ce combat du bien contre le mal, on est surpris de découvrir de nouvelles alliances et une intrigue qui tient toutes ses promesses.

Le Batman de Sean Murphy puise dans la mythologie du super-héros tout en multipliant les clins d’œil, comme on peut le voir dans le garage de la police de Gotham où sont stationnés plusieurs Batmobiles (celle de la série de 1960, celle du Batman de Tim Burton et celle du Batman de Christopher Nolan). L’auteur construit un univers où tout le monde en prend pour son grade avec des dessins de très grande qualité graphique. Pour ce faire, il créé des situations de combat qui amplifient le climat de tension qui règne dans l’œuvre.

À l’image de Dennis O’Neil, Neal Adams, Frank Miller, David Mazzucchelli, Alan Moore ou Brian Bolland, Sean Murphy marque de son empreinte les aventures de Batman et il se place à l’image de ses prédécesseurs au rang de référence dans le genre des comics qui continuent à alimenter notre imaginaire.

Réda Benkoula

[1] Batman : Curse of the White Knight | Sean Gordon Murphy, Matt Hollingsworth | Urban Comics | 2020 | 288 pages

[2] Batman white knight | Sean Murphy | Urban Comics | 2018 | 240 pages

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