Lors de notre première partie consacrée à l’ascension de François Lanoie au Kilimandjaro, sur ces même colonnes, nous avions retracé son passé jusqu’à son enfance à la campagne, puis ses débuts à Montréal, avant de poursuivre avec ses aventures en Afrique et en Asie. Sa découverte du Kiimandjaro avait changé sa vie, et c’est en qualité de conférencier désormais que François tente de transmettre ses messages sur la puissance des valeurs humaines et toute cette magie qui s’est manifestée de puis cette première expédition africaine. Le partage de cette loi vitale et bénéfique pour l’homme, qui consiste à aller chercher au plus profond de soi, ce qu’il y a de plus humain en chacun de nous.
A l’issue de sa conférence animée sur la plateforme web « Zoom », en collaboration avec l’entreprise de réseautage GoConnexions, François Lanoie nous accordé un entretien durant lequel il est revenu sur les différentes étapes de sa vie, jusqu’au jour ou il reçu cette révélation, qu’il s’est fixé comme objectif de transmettre à travers ses conférences. Voici la première partie de l’entretien.
Qui est François Lanoie ?
Né à la campagne d’une famille relativement pauvre, je n’entrevoyais pas un avenir très prometteur. Sans moyen financier, sans encouragement, sans model pour me conseiller et loin des grands centres, j’ai tracé mon chemin en faisant confiance à mon instinct et en persévérant sans relâche. Après avoir fait des études collégial et universitaire par les soirs et les fins de semaine tout en travaillant, j’ai obtenu un titre professionnel de comptable (CPA-CGA) ainsi qu’un titre d’Administrateur agréé.
Je suis passé de commis de bureau à technicien-comptable à contrôleur et finalement Directeur finance et administration. J’ai été partenaire (actionnaire) dans une entreprise d’une centaine d’employés, j’ai géré des bâtisses à revenus et fait construire quelques condos et maintenant je fais des conférences et je suis à l’écriture d’un livre pour inspirer tous ceux qui croient être sans avenir alors qu’il y a toujours de l’espoir.
Pouvez-vous résumer en quelques lignes, la période qui a précédé votre aventure en Afrique, quels souvenirs en gardez-vous, pensez-vous avoir perdu du temps, des regrets ? Ou bien au contraire, une grande satisfaction ?
Mon aventure en Afrique a été un élément déclencheur. Alors que tout dans ma vie fonctionnait à merveille : j’étais heureux en couple, au travail, avec ma famille, mes amis. J’aurais pu vivre une vie paisible et confortable car je m’étais rendu plus loin que je ne l’aurai jamais espéré. Je n’avais aucun regret suite aux gestes que j’avais posé jusqu’à présent. Par contre, j’étais rendu ailleurs, j’avais besoin de me dépasser physiquement et mentalement mais de façon différente que par des tâches administratives. J’ai, dans cette ascension, ressenti des maux de tête, de la difficulté à respirer, des nausées, des étourdissements. Par ailleurs, quelle fierté, j’en ai retiré, quelle solidarité j’ai trouvé auprès de mes coéquipiers, quelle synergie, quelle chimie, quelle valeur humaine a transpiré à travers cette aventure… inimaginable. Alors que toutes ces personnes m’étaient étrangères au départ, nous sommes devenus des amis en quelques jours et c’est pour la vie. Quelle belle aventure, j’ai vécu et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, environ un an après, je me suis rendu au camp de base de l’Everest pour retrouver ces mêmes liens qui nous avaient unis et j’ai répété l’expérience, il y a deux ans.
Je fais, ici, une analogie avec la pandémie du COVID-19 que nous vivons tous au niveau planétaire. Malgré la distanciation, malgré l’isolement, je sens qu’il y a une solidarité, les valeurs humaines resurgissent. Nous sommes seules mais tous ensemble à traverser cette pandémie. Malheureusement c’est au prix de vie humaine, je souhaite voir émerger de cette situation quelque chose qui nous fera grandir tous ensemble.
Vous faites part dans votre conférence de beaucoup de gratitude envers vos parents, et que vous vouliez réussir avant tout pour eux…
En fait, je comprends le pourquoi de leur réaction alors que je voulais faire des études et qu’ils ne comprenaient pas. Mon père sans même avoir complété des études primaire a travaillé toute sa vie. Cependant lorsque je suis parti de chez mes parents et qu’ils m’ont remis quelques dollars, c’est alors que je me suis dit que j’étais pour faire tout mon possible pour faire fructifier cette argent et les rendre fier de leur fils et c’est ce que j’ai ressenti quelques années plus tard lorsque réalisant mon parcours, ils ont été rassuré de mes choix de vie. Je sais qu’en tant que parent, ils voulaient le meilleur pour moi.
Vous exprimez dans votre récit une certaine amertume envers cette vie de tous les jours, parfois difficile à surmonter, des défis qui ne s’arrêtent pas…
Je me suis imposé ces défis personne ne m’y a obligé. Je voulais tout réussir en même temps sans rien laissé au hasard et j’ai réussi. Évidemment, ça été au prix de beaucoup d’effort et de sacrifice. Aujourd’hui, je réalise que j’aurai pu arriver au même résultat sans m’astreindre à une telle discipline. J’étais déterminé et rien ne pouvait m’arrêter.
Après le décès de votre père, ce fût un tournant dans votre vie, une période amère, mais que cette disparition a fait naître en vous ce sentiment de ne jamais abandonner son rêve…
J’avais fourni tellement d’effort jusque-là. Il ne me restait qu’une seule étape à franchi pour obtenir mon titre professionnel de comptable. Je ne pouvais pas m’arrêter si près du but. D’ailleurs, je me serais senti tellement lâche, honteux et sans ambition. Je voulais me prouver que j’étais capable d’atteindre mes objectifs et par la suite j’ai continué d’avancer un pas à la fois et je continu encore et encore.
Quel message voulez-vous transmettre de ce parcours de vie qui a précédé le Kilimandjaro ?
Nos ambitions, nous aveugles parfois et nous amènes à concentrer tous nos efforts au même endroit négligeant ainsi les autres aspects de notre vie. Il est très important de ne pas mettre de côté notre couple, notre famille, nos parents, nos amis. C’est une question d’équilibre et de respect envers soi-même et les gens qui nous entourent.
Propos recueillis par Hamid Si Ahmed