Algérie –Les partisans de la protection de l’environnement ont fait de la lutte contre les pratiques dangereuses pour la nature et l’écosystème, leur cheval de bataille. Avec ces luttes acharnées pour le profit et la rentabilité, employées actuellement par les entreprises, un concept préoccupe actuellement l’humanité, il s’agit du développement durable, à travers ses trois secteurs indissociables, à savoir les domaines sociale, environnemental et économique.

Un idéal commun qui ne sera possible qu’à travers une certaine responsabilité environnementale, définie par un facteur économique pas moins important, seul garant du juste équilibre entre profit et gestion durable de notre environnement. Sous l’effet d’une pollution de plus en plus inquiétante, de l’effet de serre et de l’émission de carbone (CO2) qui menacent de plus en plus la planète, les cyclones, la rareté de l’eau, la désertification, les inondations et les pluies torrentielles, l’un des grands défis du 21e siècle sera de satisfaire les besoins essentiels des personnes et maintenir un certain équilibre naturel sur le long terme. D’où l’urgence désormais de se pencher sur le fonctionnement des entreprises par rapport aux enjeux économiques. Une mission difficile à atteindre ?

Une transition écologique inévitable pour les secteurs les plus directement concernés par les enjeux climatiques, et dont la plus grande présence se trouve dans les pays industriels, tel que la Chine, l’Inde et autres. Parmi les alternatives possibles, celles de révolutionner les modes de production, d’exploiter les ressources biologiques à bon escient. Et afin d’éviter tous ces dangers qui guettent l’humanité dans un avenir proche, entre rejets, nuisances, résidus et autres pollution en tous genres, qui finiront à coup sûr par détruire cette chère nature si importante pour le devenir de l’homme.

Ikram Hamdi Mansour : « La bonne question à se poser, est-ce que mon entreprise répond à un besoin profond de l’humain ? »

Ikram a fait ses études à l’École Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger. Lors de son projet de fin d’étude, elle a développé une passion envers l’architecture en terre crue, qu’elle voulait enrichir en se spécialisant dans ce domaine. L’année qui suit, elle s’envole en Inde où elle eut la chance d’être formée dans l’un des trois meilleurs studios d’architecture durable du pays. Ikram a aussi renforcé ses connaissances en participant à des projets communautaires, workshop et chantiers participatifs. Évidemment, elle ne s’est pas arrêtée ici, l’année suivante, elle suit une formation en Iran, considérant ce pays comme l’un des pays les plus riches en termes de patrimoine bâti en terre crue. Une semaine après avoir fini sa formation, elle entame un projet de centre permaculture en Thaïlande, ou c’était le début d’une magnifique aventure !

En parallèle à l’architecture, Ikram a aussi travaillé en qualité de coordinatrice de plusieurs projets culturels qui traitent des problématiques urbaines et environnementales, en collaboration avec les communautés locales et divers acteurs et organisations.

Un riche parcours qui n’a fait que renforcer sa connexion avec la nature, de sorte à éveiller sa conscience face à la problématique environnementale, de ce fait, elle rejoint un réseau africain qui a pour but d’accélérer un développement résilient au changement climatique en Afrique.

Aujourd’hui, elle lance une entreprise qui n’est que le résultat des expériences acquises ces dernières années, un laboratoire écologique et culturel qui œuvre à accompagner les individus à revenir vers des modes de vie écologiquement durables et psychologiquement sains, nous offrons des formations, services et produits éco-responsables.

Que signifie pour vous L’éco-entrepreneuriat ?

On a assisté ces dernières années à l’émergence des thèmes de l’éco-entrepreneuriat, l’entrepreneuriat vert, la responsabilité sociale de l’entreprise et le développement durable qui renvoient tous à la même idée : l’entrepreneur doit être conscient de son rôle social et environnemental. Je conçois L’éco-entrepreneuriat comme une approche plus responsable d’entreprendre et de s’engager pour le mieux-être de la société et de l’environnement.

Selon les experts et spécialistes, le phénomène de l’entrepreneuriat durable est difficile à mesurer, notamment d’un point de vue institutionnel, vu que la question environnementale est assez stratégique, qu’en pensez-vous ?

Je crois fortement que si nous voulons parvenir à la croissance mondiale sans provoquer de grandes catastrophes environnementales ni de rupture sociale, il nous faut un nouveau paradigme commercial et politique. La preuve est là, le secteur vert s’est déroulée sans intervention publique, cela indique qu’on ne peut plus considérer le capitalisme comme un modèle de développement économique, il est proche de sa fin.

Je rejoins vos propos quand vous dites que l’entrepreneuriat durable est aujourd’hui difficile à mesurer, cela va de soi, il symbolise tout simplement l’avènement d’une ère nouvelle. Ceci doit aller de pair avec un développement social, économique et politique ce qui nécessite évidemment une période transitoire.

Une tendance appelée sans cesse à être redéfinie, êtes-vous de cet avis ?

Pour être honnête avec vous, je ne suis pas fan du terme tendance car il ne s’agit pas d’un simple effet de mode, si ce secteur est en plein essor, ce n’est pas simplement parce qu’il constitue un phénomène économique globale, mais aussi parce qu’il répond à un regain d’intérêt pour l’environnement au niveau mondial et local. Je pense que la définition dépend de la motivation de l’entrepreneur à se lancer dans le « Green Business ». Le fait-il pour des raisons éthiques ? Ou plutôt dans une perspective de profits nouveaux ? Ou à cause du poids de la pression institutionnelle (le cas des pays occidentaux) ?

Selon vous, quels sont les secteurs prioritaires dans ce domaine ?

Je dirais l’éducation, l’agriculture, l’industrie de la mode et l’urbanisme. Je rajouterais que la pression de la crise et des contraintes environnementales ont ouvert de tous nouveaux champs d’application en réponse à un besoin croissant de produits et de services écologiques, ce qui incite à l’innovation.

D’après votre expérience, quelle est la meilleure manière de faire la promotion des innovations écologiques et sociales et de mettre en place une économie respectueuse de l’environnement et des écosystèmes ?

Je pense que cela peut se faire grâce à une approche participative expérimentale, c’est ce que je prévois de faire avec le laboratoire écologique et culturel ; travailler selon une stratégie bottom-up, car lorsque les solutions émanent des besoins d’un contexte précis, elles seront facilement acceptées par les populations.

Devant la complexité de ce modèle d’économie, ne pensez-vous pas qu’un entrepreneur vert doit être créatif et visionnaire ?

Chaque entrepreneur doit être visionnaire, créatif et responsable, il doit se méfier des fausses bonnes idées et faire attention à l’innovation pour l’innovation, je dirais que la bonne question à se poser à l’heure actuelle est : » Est-ce que mon entreprise répond à un besoin profond de l’humain ? «.

Les initiatives de nos jeunes entrepreneurs en Algérie ne bénéficient pas d’un accompagnement nécessaire…selon vous, est-ce que les acteurs gouvernementaux prennent de plus en plus conscience de la nécessité d’apporter un appui à ce secteur ?

En ce moment l’Algérie connaît une mosaïque de nouvelles start-up écologiques ce qui ouvre parfois des horizons inexplorés grâce à des innovations révolutionnaires. Par ailleurs, l’efficacité de la politique environnementale en Algérie est peu concluante, l’évolution de ce secteur est entravée non seulement par une législation tardive, mais aussi par une dispersion extrême des normes au sein des différents domaines stratégiques, ce qui démontre le besoin urgent de réorganiser le système législatif tout entier.

Un message particulier à transmettre ?

Notre génération a la capacité de bouleverser les rênes, agissons maintenant !

Entretien réalisé par Hamid Si Ahmed

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