Omar Bahmed « Les pouvoirs publics doivent encourager les porteurs de projet »

L’émergence du secteur privé a certes donné un nouveau souffle à la production animale en Algérie, mais ce ne sera que par des réformes d’envergure que ce secteur économique ne pourra intégrer les marchés internationaux et satisfaire une clientèle nationale de plus en plus grandissante.

Avec une population qui ne cesse de croître, l’élevage et la production animale représente un défi de taille pour les autorités algériennes afin produire mieux, tout en sécurisant les différentes étapes qui amèneront l’animal sur la table du consommateur algérien. Ainsi, le développement de ce secteur exige d’ores et déjà de mettre en lumière ces entraves pour pouvoir le relancer. Cela peut être possible par la mise en œuvre d’une approche multidimensionnelle.

Un suivi permanent

A la différence des animaux élevés en batterie, ceux élevés en plein air sont de loin de meilleur qualité. Mais avant de parler de qualité, il y a tout un suivi permanent qui s’accomplit en parallèle dans les exploitations, à savoir nourrir, traiter, soigner les bêtes, en plus de devoir quotidiennement entretenir les locaux. Un métier très prenant en effet, ou seule une véritable passion pourra permettre à l’éleveur d’assurer une bonne gestion de son entreprise, de satisfaire ses clients et surtout de toujours préserver une meilleure réputation et un meilleur label. Ainsi, de l’élevage à l’abattage, et ensuite à la commercialisation, c’est toute une chaîne de travail qui assure le bon déroulement de la production.

Les contraintes du métier

Et qui dit élevage, dit respect des règles d’hygiène et de la réglementation sur la prévention sanitaire, vaccination, formation, assurer des équipements de protection individuelle, sans oublier toutes les contraintes de la profession et ses sacrifices. Une activité qui oblige un exploitant à veiller constamment sur la bonne marche de l’entreprise, devant faire face parfois à différentes contraintes et obstacles. A commencer par les risques physiques et chimiques auxquels s’exposent les éleveurs, les problèmes d’alimentation et de vaccins parfois indisponibles, et les contraintes techniques et administratives.

D’autres contraintes rendent cette activité parfois difficile, parmi les plus fréquentes, les problèmes liés à l’alimentation. En effet, l’alimentation est l’un des principaux piliers sur lequel est basé tout élevage. C’est la source d’éléments nutritifs nécessaires pour satisfaire les besoins des animaux, même si certains profitent des espaces de verdure disponibles, ce qui n’est pas toujours le cas pour les éleveurs. Un secteur en apparence simple, mais qui oblige ses acteurs à une grande maturité professionnelle. D’un côté, les pouvoirs délégués au ministère concerné doivent absolument se pencher sur plusieurs facteurs déterminants, dont les aides aux éleveurs, l’importation d’équipements, la réalisation d’infrastructures, la formation et vulgarisation, l’amélioration des races locales, et autres points essentiels à la réussite du secteur.

Et pour ce qui est des éleveurs eux-mêmes, ils ne sont pas moins écarté de cette équation, puisqu’ils leur incombent de faire l’étalage de tout leur savoir-faire et de dévoiler toute leur compétence. 

Omar Bahmed – Ingénieur chimiste, éleveur ovin et aviculteur à l’exploitation « El Azize »

« Les éleveurs doivent s’unir pour leur bien et le bien des consommateurs »

Ingénieur chimique de formation, Omar Bahmed est âgé de 29 ans. Omar est employé à plein temps à l’exploitation «El Azize», dont le propriétaire se nomme Toufik Babaalli, à Beni Izguen, à Ghardaïa dans le sud de l’Algérie.  

Une exploitation qui ne fait pas qu’élever du bétail, mais qui assure d’autres fonctions également, à savoir l’abattage, la livraison et la production d’engrais naturel. En somme, depuis la naissance d’une bête à sa consommation dans l’assiette du client, cette entreprise assure toutes les étapes, dans une ambiance de travail exemplaire, comme nous l’avons vite constaté lors de notre entrevue avec le jeune Omar.

Outre les normes d’hygiène respectée, les meilleures conditions de vie des différents bétails et l’accueil chaleureux qui nous a été réservé durant notre visite à l’exploitation « El Azize », nous avons été interpellés par la grandeur d’esprit de tous les employés, à travers leur dévouement et leur amour du métier.

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« Notre exploitation est spécialisée dans l’élevage, l’abattage et la commercialisation des viandes. Nous travaillons toujours dans l’objectif de satisfaire aux besoins de nos clients et de préserver notre bonne réputation. Au début, cette exploitation avait commencé avec des moyens modestes, mais par la suite, elle s’est améliorée avec de nouveaux matériels d’élevage et de meilleures conditions de travail. Dans ce métier, l’expérience joue un rôle primordiale, car c’est en se trompant qu’on apprend chaque jour. Aujourd’hui, nous pouvons dire que l’organisation est parfaite, et que mis à part les aléas du métier, notre exploitation travaille dans la sérénité.

« Comme tous les éleveurs, nous faisons face à beaucoup de contraintes »

« Les plus grandes contraintes pour un éleveur, c’est les prix élevés des aliments pour bétail et parfois leur indisponibilité, les risques de maladie du bétail et les pénuries de vaccins, les problèmes d’autorisation parfois difficiles à obtenir. Nous avons parfois des pertes, c’est normal dans ce métier. Une maladie peut se propager facilement dans un troupeau, c’est donc à nous de faire e suivi nécessaire pour éviter au maximum les pertes. D’où l’importance d’un suivi périodique du vétérinaire. A vrai dire, c’est un métier où il y a des imprévus, et où l’on doit être plus que vigilants. On ne peut pas se permettre de négliger quoi que ce soit, car il s’agit d’un bétail qui nécessite d’être constamment surveillé de la meilleure façon ».

« Nous fabriquons un engrais naturel très apprécié par les agriculteurs »

« Dans notre exploitation, nous assurons aussi une autre activité, c’est la fabrication des engrais naturels. Nous avons d’ailleurs plusieurs commandes, c’est un produit que nous fabriquons ici sur place. Il consiste à récupérer le fumier et le mélanger aux résidus que nous obtenons après l’abattage. Nous avons des cuves de fermentation faites pour fermenter ces résidus, que nous ajoutons par la suite au fumier récolté auprès du bétail. Comme vous voyez, nous élargissons le plus possible nos activités. En plus d’assurer l’élevage, l’abattage et la vente des viandes, nous faisons aussi le mechoui. Nous utilisons pour ça une méthode spéciale. Nous creusons de grands trous dans e sol et y installons des cuves spéciales pour faire rôtir un mouton ou autre bête. Nous avons plusieurs systèmes pour le mechoui, tout dépend de l’exigence du client. Quand il y a de bonne idées comme ça pour diversifier nos produits et fructifier notre clientèle, nous répondons toujours présent ».

« Entre éleveurs, nous devons créer une association pour mieux dialoguer avec les pouvoirs publics »

« Si j’ai des conseils à donner aux autres éleveurs, c’est que l’on s’unisse tous sur des mêmes principes et que nous travaillons en collaboration. Cela nous aidera beaucoup lorsqu’on sollicitera les pouvoirs publics pour les subventions de l’état, surtout pour l’aliment. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons faire avancer les choses, les consommateurs aussi seront gagnant si entre éleveurs on parvient à s’entendre entre nous. Ce secteur se développe de jour en jour, et nous voyons qu’il y a de plus en plus d’éleveurs maintenant en Algérie. Ainsi, face à la demande grandissante, cela permettra de satisfaire les consommateurs et de travailler dans de meilleures conditions ».

« L’avenir de ce secteur en Algérie dépendra des compétences de chacun, mais aussi des moyens mis en place »

« En Algérie, les jeunes qui ambitionnent de faire carrière dans ce domaine ne manquent pas. Il faudra donc profiter de cette réalité pour les encourager et les encadrer afin qu’ils puissent s’épanouir et travailler dans de bonnes conditions. Les pouvoirs publics doivent encourager les porteurs de projet dans ce secteur à se spécialiser encore plus, et les accompagner dans leurs projets à long terme. Ainsi, tous ces efforts permettront aux éleveurs de relancer ce secteur vital pour la consommation. Avec de meilleurs moyens, même la concurrence sera saine entre les éleveurs. Une concurrence qui ne nous a jamais contrariés, bien au contraire. Elle oblige les éleveurs à exceller dans leur travail, car au final, c’est le client qui en bénéficiera le plus. C’est grâce à cette rivalité que le produit sera de meilleure qualité et à un meilleur prix. Donc si il y a beaucoup d’ambitions autour de ce secteur, l’état algérien doit s’impliquer davantage et nous aider à le faire avancer pour le bien du citoyen algérien ».

Propos recueillis par Hamid Si Ahmed

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