Ilham Maadini « Le bien-être au travail, un rendez-vous vers le succès inévitable »

Le management en entreprise considère dans son approche globale dans ses différentes techniques, que tant que le bien-être d’un employé n’est pas à son apogée, il sera difficile d’atteindre les objectifs fixés par l’entreprise. Plus qu’un simple besoin pour faire de son employé une véritable machine à production, le bien-être au travail demeure un atout vital pour tout entrepreneur, à travers la création d’un cadre professionnel, ou toutes les équipes de travail peuvent exercer en toute sérénité et de manière optimale.

Les spécialistes du bien-être vous diront qu’il est en effet primordiale d’accorder l’importance nécessaire au fait que le stress et la mélancolie durant les heures de travail, ne pénalise pas uniquement l’entreprise, mais peut même être la cause de maux physiques et psychologiques parfois intense chez certains employés. Un domaine d’expertise réservé aux psychologues d’entreprises, aux responsables des ressources humaines, aux sociologues et autres experts et coach en développement personnel, tous les témoignages sont bons pour présenter le meilleur diagnostic. Il ne suffit donc pas d’avoir plusieurs années d’expérience professionnelles dans le CV pour pouvoir se prémunir de toute contrainte psychologique qui pourrait affecter notre vie courante et peut-être affecter l’entourage proche.

Les diagnostics ne mentent pas quant aux méthodes préconisées pour éviter ou combattre l’anxiété et l’amertume durant les heures de travail, mais les résultats escomptés sont parfois décourageants. Et malgré tous les conseils de ces experts qui ne cessent de prévenir les chefs d’entreprise sur les outils à employer afin de créer le meilleur cadre de travail possible pour leurs salariés, ce phénomène d’angoisse et de malaise au travail continue de accroître dans cette société du 21e siècle. Quelles sont donc ces méthodes qui nous rendent plus combatifs envers ces contraintes personnelles et extérieures ? Quelles sont les soins à prescrire à ces personnes qui ramènent avec eux le matin leurs propres soucis au travail et traînent avec eux la lassitude professionnelle chez eux le soir ? Une problématique que nous avons approchés aux côtés d’une spécialiste dans le domaine, qui n’est autre que Madame Ilham Maadini, coach et conférencière en PNL, dont l’expérience dans les ressources humaines lui a fournis les outils nécessaires à la gestion des salariés et des équipes de travail.

Ilham exerce à Montréal au Québec

Québécoise d’origine marocaine, c’est à cœur ouvert qu’Ilham nous explique dans l’entretien qui suit, combien il est bénéfique à une entreprise de compter parmi ses équipes, des employés épanouis qui croquent la vie à pleines dents, mais qui surtout, feront en sorte de parfaire leur travail et de toujours faire preuve de loyauté et de fidélité envers leur entreprise.

Ilham Maadini – formatrice en entreprises, Coach en PNL et praticienne en Neurosciences appliquées certifiée

Riche d’une expérience de 20 ans dans la gestion et développement des Ressources Humaines au Maroc, Ilham a eu l’opportunité de relever plusieurs défis au sein des PME ainsi que des Multinationales. Cette expérience lui permise d’avoir assez d’outils pour accompagner les entrepreneurs ainsi que les employés vers l’atteinte de leurs objectifs professionnels à travers soit des réorganisations, des formations, des conférences, des team-buildings ou des coachings. Étant maman de 2 enfants (12 et 8 ans à l’époque), elle a constaté que le système éducatif ne correspondait pas à mes attentes, donc voulant le meilleur pour mes enfants, elle a décidé de miser sur un autre système d’enseignement en immigrant au Canada en 2015. Actuellement, elle donne des formations en entreprises, et elle coach les entrepreneurs et les particuliers vers l’atteinte de leurs objectifs personnels et professionnels. Elle offre également des conférences dans les écoles pour améliorer les relations parents/enfants et enseignants/enfants.

Que représente pour vous le bien-être au travail ?

Pour moi le bien être commence en se réveillant le matin avec un grand sourire pour aller travailler. Un bien-être au travail est un sentiment légitime que l’employé doit avoir en tout temps, car il s’attend à :

  •  Être reconnu,
  •  Effectuer des tâches inspirantes selon ses capacités physiques et mentales,
  •  Avoir une bonne relation avec ses collaborateurs (partenaires),
  •  Avoir accès à de bonnes conditions de travail (bonne communication, flexibilité d’horaire, gym, cafétéria, activités, etc.)

Et je pourrai rajouter grâce à mon expérience professionnelle, que le fait de s’occuper des enfants des employés, joue un rôle important dans le bien-être au travail. Imaginez si on pouvait organiser du renfort scolaire avec des associations spécialisées, des colonies de vacances, des primes à l’occasion de la rentrée scolaire, etc. ….

D’après-vous, à quel point permet-il réellement d’améliorer la performance de l’entreprise et d’impacter l’efficacité des salariés ?

Faire du bien-être de nos employés une priorité est la clé du succès de chaque entreprise, car sans employés inspirés et mobilisés, chaque organisation ne ferait que passer !! Un employé heureux est un employé équilibré qui fera preuve de motivation et d’implication, et qui développera l’esprit d’appartenance. Tous ces éléments font de lui un employé productif qui considère l’entreprise comme la sienne au lieu que de faire acte de présence, et attendre l’heure de sortie avec impatience. Un employé à qui on offre de bonnes conditions de travail ne peut qu’être efficace, et performant. Ainsi, l’entreprise pourra bénéficier de sa fidélisation pendant longtemps, car il ne pensera pas à améliorer ses conditions sous d’autres cieux.

Certains employés privilégient la sérénité dans leur lieu de travail plutôt qu’un haut salaire, qu’en pensez-vous ?

Absolument et je le confirme, mais n’empêche que le salaire doit être équitable. À quelques reprises, j’ai eu à recruter des gens à qui on proposait un salaire moindre, en contrepartie de meilleures conditions de travail. Et ayant moi-même vécu cette expérience, je dois avouer que j’ai préféré laisser derrière moi des postes à des salaires plus élevés car ce qui m’importais, était mon bien être au quotidien. Ce choix a eu un grand impact sur ma vie personnelle, alors que le contraire est également vrai. Ainsi, je préfère rentrer chez moi avec un grand sourire au lieu de me sentir épuisée et démoralisée la fin de la journée.

Dans certaines entreprises, ce concept est géré assez superficiellement, comme un phénomène de mode, votre avis ?

C’est sûr qu’avec les exigences de la certification de la qualité genre ISO, et autres, les entreprises se trouvent obligées de mettre en place de nouvelles stratégies pour veiller au bien être des employés. Il y a aussi le fait de vouloir être semblable à la concurrence et suivre la nouvelle mode. Si les gestionnaires ne sont pas convaincus des avantages que ce bien-être peut leur procurer à eux et à leurs collaborateurs, c’est évident que ça ne va pas fonctionner. Il s’agit d’un choix qui aura des répercutions à long terme, et qui doit s’orchestrer avec une certaine dose d’intelligence émotionnelle.

Cet environnement de bien-être englobe, comme je l’ai souligné un peu plus tôt, l’enrichissement des tâches effectuées, la diminution des situations anxiogènes générant un haut niveau de stress, la communication et l’écoute attentive, la reconnaissance formelle et informelle, en passant par l’adoption d’un style de management participatif par objectif. Dans ce contexte, les employés développeront un sentiment d’appartenance envers l’organisation en partageant un parcours mutuellement bénéfique.

Chez certains chefs d’entreprises, c’est au contraire perçu comme un besoin stratégique, qu’en dites-vous ? 

Oui absolument, et je dirais plutôt que ce sont les gestionnaires qui sont devenus conscients de l’importance et les avantages que peut leur procurer cet élément pour l’évolution de leurs entreprises. Les coûts que l’entreprise dépense en guise de recrutement, pour la formation et l’intégration des nouvelles recrues sont énormes, et ne font que ralentir son avancement et son évolution. Il devient beaucoup plus avantageux que d’investir dans le bien être des employés, et en faire des partenaires heureux et productifs, plutôt que de payer leurs départs, et recruter sans cesse de nouveaux employés. Donc faire du bien-être au travail une stratégie de succès commun à long terme, est sans équivoque une formule gagnante à 100% pour les entreprises qui veulent pérenniser, augmenter leur productivité, et conquérir les autres entreprises à titre de leader dans leur domaine respectif.

Les experts en management estiment qu’il faut commencer par identifier les causes potentielles de mal être et les éliminer à la source, partagez-vous cette idée ?

Effectivement, c’est comme aller chez le médecin parce que nous sommes malade, au préalable, il fera un diagnostic et nous suggérera d’éliminer tous les éléments qui nuisent à notre santé. En dernier recours, ou temporairement, il pourra également nous prescrire les médicaments appropriés à nos symptômes. Les entreprises ont également des symptômes organisationnels qu’il faut soigneusement identifier en termes de gestion, de formations et de conditions de travail. À cet effet, j’ai eu parfois l’occasion de conseiller certains entrepreneurs à se faire coacher, car sans s’en rendre compte, le problème émane souvent d’eux. Donc le bien-être au travail commence par le style de management adopté, pour qu’ensuite, il puisse rayonner.

Pour y arriver, il faut faire preuve d’une ouverture d’esprit, et être prêt à gérer le changement tout en étant conscient qu’on ne pourra pas éviter la résistance. Cette réalité ne rend pas la tâche facile, mais une fois ce chapitre passé, autant l’entreprise que ses partenaires en sortiront gagnant et plus heureux.

Quelle est la réelle place des dirigeants dans la bonne santé mentale des salariés ? 

Les dirigeants sont à la fois les chefs d’orchestre, et la source de la bonne santé mentale au sein de l’entreprise. Comme je l’ai souligné un peu plus tôt en abordant l’intelligence émotionnelle, celle-ci demeure un élément clé dans la dynamique et l’implantation d’une culture de bien-être des employés en milieu de travail. Selon le psychologue américain Daniel Goleman, les dirigeants qui pratiquent l’intelligence émotionnelles vont pouvoir détecter les moments où leurs employés sont aux prises avec des émotions dites destructrices, et du coup, tout mettre en œuvre pour les aider à s’en débarrasser afin d’atteindre une meilleure ambiance au travail. J’ai parlé également des tâches selon la capacité physique et mentale de l’employé. Cette considération constitue un élément essentiel dans le cadre d’une saine démarche visant l’équilibre psychologique. Un dépassement significatif de ses capacités engendrera du stress et des malaises récurant qui risque de ne pas pouvoir être géré adéquatement. Une telle situation ne peut que favoriser l’absentéisme, le présentéisme et la détresse psychologique, altérant ainsi la recherche de l’efficacité et de l’efficience organisationnelle.

D’après votre propre expérience, quels sont donc les outils du bien-être au travail ?

Mon partenaire et moi avions mis en place un programme d’accompagnement et de formation pour les entreprises en résumant ces outils en 5 volets :

  •  Le savoir être au service du savoir faire
  •  La gestion de stress et sa transformation en outil de performance
  •  Le leadership mobilisateur
  •  La communication consciente
  •  La reconnaissance

L’ensemble de ces éléments se basent sur des préceptes issus de la neuroscience adaptée à la dynamique du milieu de travail. Que de mieux comprendre comment fonctionne le cerveau humain, nos émotions et notre système nerveux, ne peut qu’être un atout de taille dans tout contexte relationnel. Aujourd’hui, tous les gestionnaires doivent d’avantage développer leurs compétences non-techniques (soft-skills), et apprendre à transformer leur autorité en assumant leur nouveau rôle de coach tout en faisant preuve de courage managérial. Pour y arriver, ils doivent compter sur la volonté des hauts dirigeants en étant informés et formés en ce sens. Ainsi, ils pourront assurer la mise en place d’une culture de bien-être au travail au sein de leur organisation.

Au Canada et au Québec, en particulier, quel sens donne-t-on au bien-être au travail, et quelles sont les méthodes appliquées ?

Répondant à l’émergence d’une pénurie de la main d’œuvre ici à Montréal et dans plusieurs régions du Québec, les entreprises misent beaucoup sur le bien-être au travail, car ils doivent, à tout prix, garder leurs employés et les fidéliser. C’est un élément primordial pour les deux parties. On mise beaucoup sur la flexibilité des horaires et on offre le télétravail, car les employés trouvent que c’est un grand avantage que de travailler à partir de chez eux. Cette dose de confiance et de liberté encadrée, favorise l’équilibre entre le travail et la vie elle (famille).

Les formations, les activités professionnelles ainsi que les avantages sociaux font partie des méthodes utilisées. Le décloisonnement des structures hiérarchiques et leur transformation en équipe semi-autonomes fait de plus en plus d’adeptes. Quand je passe des entrevues de recrutement et que je pose la question aux candidats sur ce qui a attiré leur attention dans mon annonce, la réponse qui revient souvent ; c’est la flexibilité des horaires.

Pensez-vous que les entreprises dans les pays du Maghreb procurent ce genre de bien-être à leurs employés et qu’il y a une réelle prise de conscience ?

Je peux vous confirmer que dans les pays du Maghreb, plusieurs entreprises, et davantage les multinationales, sont de plus en plus conscientes de l’importance que l’on accorde à la notion du bien-être au travail, et de ses impacts positifs sur l’organisation. Compte tenu de la mondialisation des marchés, et la concurrence à laquelle elles sont confrontées, il est à prévoir et à souhaiter que le phénomène prendra de plus en plus d’ampleur.

C’est certain que grâce aux échanges commerciaux entre les nations, cela donne l’opportunité aux pays Maghrébins de s’inspirer et profiter des connaissances et du savoir-faire des organisations semblables qui se démarquent.

Compte tenu que la croissance économique ne peut ignorer la compétition internationale, tous les pays visant la prospérité, dont les pays du Maghreb, n’auront d’autre choix que de se dépasser en déployant leur leadership, et en cultivant leurs façons d’atteindre l’excellence. Cet objectif à la fois économique et social, ne pourra s’atteindre qu’avec la complicité d’organisations en santé, misant sur des partenaires également en santé.

En conclusion, le bien-être au travail n’est peut-être ni une mode ou une stratégie, mais plutôt un rendez-vous vers le succès inévitable ………… si c’est cela que l’on veut ?

Entretien réalisé par Hamid Si Ahmed

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