« Le fait de chanter à l’international et de se présenter devant un public qui ne nous connaît pas, c’est une leçon d’humilité »

Lauréat de nombreux concours, dont le 1er prix au concours de musique du Canada, le Prix «Teatro alla Scala» au Concours Belvedere en Autriche, le Grand prix au Concours OSM Manuvie), Hugo Laporte a incarné le rôle-titre du Fantôme de l’opéra au théâtre Saint Denis de Montréal et au Grand Théâtre de Québec, en janvier 2020. Reconnu pour l’élégance de son chant, son timbre velouté et son charisme sur scène, il a été plusieurs fois boursier du programme international des Jeunes Ambassadeurs lyriques.

Par le passé, de nombreux rôles lui ont été attribués, au Canada et dans d’autres pays, comme la Chine et Russie. Détenteur d’une maîtrise en musique avec mention au tableau d’honneur, ce jeune espoir de l’opéra québécois a été coaché par des professeurs réputés. Mr. Laporte est actuellement représenté par l’Agence LM Opéra, dont la directrice fondatrice n’est autre que Leïla Marie Chalfoun, directrice également du Festival Opéra de Saint-Eustache, avec qui il a animé l’été dernier plusieurs concerts virtuels.

Parmi ses prochains rendez-vous, il sera soliste du Messie de Handel avec l’orchestre classique de Montréal sous la direction du Grand Maestro Boris Brott, le 8 décembre prochain et un autre concert avec le Festival Classica de Montréal, le 14 décembre. Du 20 au 27 décembre, il animera des concerts aux côtés de la Soprano Vanessa Croome et le pianiste Holly Kroeker. Hugo Laporte incarnera le rôle du Compte Almaviva dans le nozze di Figaro de Mozart à l’Opéra de Montréal en mai 2021. Tête d’affiche dans tous les évènements artistiques organisés par LM Opéra, Hugo Laporte fera ses grands débuts au niveau international à La Scala de Milan en 2023, dans Carmen de G.Bizet.

Présentez-vous à nos chers lecteurs et lectrices…qui est Hugo Laporte ?

Une carrière prometteuse !

Ce n’est jamais simple de se présenter en quelques minutes, mais pour faire simple, je parlerais d’Hugo Laporte en tant que Baryton.

Je ne suis pas un chanteur qui a commencé très jeune, ni qui a rêvé d’être chanteur depuis toujours. J’ai plutôt commencé comme musicien, dès l’âge de six ans. Donc j’aime rappeler aux gens que je suis avant tout un musicien. Généralement, qui dit chanteur dit personne à forte personnalités et qui aiment beaucoup se faire connaître et qui aimes être sur la scène. Moi aussi, j’aime la scène, mais avant tout, je suis vraiment un passionné de musique. Aussi, j’ai toujours été intéressé par le théâtre et la littérature, mais pas autant que la musique, quelque chose qui a toujours été dans ma vie et qui continuera de l’être.

 

En effet, d’après nos recherches, vous avez commencé par apprendre le violon et la trompette…

J’ai commencé le violon à sept ans, j’en ai joué pendant cinq à six ans. Je n’ai pas arrêté par perte de passion, mais pour des raisons de pratique. J’étais le deuxième des cinq enfants de mes parents, mes parents ne pouvaient pas passer leurs soirées à m’obliger à pratiquer de la musique contre mon gré, j’avais donc perdu un peu goût. Mais par la suite, j’ai continué à écouter de la musique, la musique classique principalement. La trompette est arrivée au moment ou j’ai arrêté le violon, je rentrais au secondaire, vers mes douze à treize ans, il fallait prendre des cours de musique.

Ma prof de musique avait vu que j’étais musicien. Elle m’a poussé à suivre des cours de violon, mais moi je n’étais pas intéressé. Je me suis alors mis à apprendre différents instruments, comme la clarinette, mais je trouvais ça trop difficile. J’ai donc essayé la trompette et j’ai beaucoup aimé ça.

D’où vient donc votre passion pour l’art lyrique et l’opéra ?

« Les concours m’ont permis de prendre conscience que j’avais certaines potentialités »

En fait, cette passion n’est pas venue de moi-même. Souvent nous avons un élément déclencheur qui est externe à nous-mêmes, c’est mon cas justement. C’était à la fin du secondaire, c’était le moment où nous devions choisir qu’est-ce que nous voulions devenir plus trad.

Médecin, avocat, ingénieur, les trois grands métiers ! Et puis moi à l’école, j’étais un peu bon dans tout, je n’avais pas de force particulière à part la musique. C’est donc mon professeur de musique Ève-Amélie, qui m’avait enseigné la musique au tout début, quand j’avais six ans, qui m’a encouragé à suivre la musique, puisque je ne savais pas quoi faire au Cégep et à l’université. Elle m’avait proposé le violon, mais puisque cela faisait longtemps que je n’avais pas pratiqué cet instrument, même la trompette, au final, ça ne me tentait pas vraiment. Elle me dit ensuite qu’à mon âge (16 ans), il n’y avait pas beaucoup de jeunes chanteurs, et qu’il y avait beaucoup plus de femmes qui étudiaient le chant. Pour elle, puisque j’avais une belle voix, que je chantais juste et que j’avais une bonne oreille, pourquoi pas alors m’orienter vers le chant ?

Elle m’a référée à une de ses amies, Hélène, qui m’a enseigné le chant pendant plusieurs mois, et dès les premiers cours, elle a su me transmettre son amour pour le chant. Finalement, j’ai découvert une nouvelle discipline dont j’ignorais pratiquement l’existence, l’opéra, que je n’avais jamais écouté de ma vie. Ca m’a apporté des sensations vraiment uniques, puis j’ai aimé ça et on a décidé de poursuivre, et puis cette passion a commencé à se développer, à partir de là. Ce n’est pas une passion qui date depuis si longtemps, c’est une passion que je développe à peu près depuis treize ans.

Vous êtes lauréat de plusieurs concours et prix, quel effet cela fait-il et quel bilan faites vous de ces sacres ?

« Tous les grands artistes ont commencé quelque part »

En gros, pour moi les concours ça a été quelque chose qui m’a confirmé que j’avais fait le bon choix, le bon choix d’avoir dédié ma vie au chant.  Plusieurs de mes amis et ma professeur Patricia m’ont beaucoup encouragé à m’inscrire dans des concours, alors moi je me disais pourquoi pas, même si en réalité, je n’avais pas nécessairement une grande confiance en moi.

Ces concours là m’ont permis de me développer et de prendre conscience que j’avais certaines potentialités. Je suis venu de nulle part et je me suis présenté au concours du Canada, puis j’ai remporté un premier prix. La même année, je passe le concours de l’orchestre symphonique de Montréal, ça m’a permis de commencer à bâtir une renommée. C’est-à-dire que mon nom  était affiché un peu partout dans les médias, ça m’a donc permis de lancer ma carrière. Sans ces prix, je pense que je serais resté dans le même bateau que mes collègues, qui ont beaucoup de talents, certes, mais qui ont de la difficulté à se faire reconnaître.

Régulièrement invité en concert au Canada, en Europe et en Asie, quel effet cela fait-il de chanter au-delà des frontières et d’être applaudi à l’étranger ?

Le fait de chanter et d’être applaudi à l’international, et de se présenter devant un public qui ne nous connaît pas, c’est une leçon d’humilité. On se rend compte que finalement, quand notre nom passe dans les journaux au Canada et que les gens sont au courant que nous avons gagné des concours, tout cela n’est rien devant le fait de chanter à l’étranger. Ca nous rappelle que le plus important derrière notre art, c’est de bien pratiquer notre art, de le peaufiner et de le perfectionner. C’est ça qui compte après tout, une renommée ne vaut pas grand-chose quand le public ne vous connaît pas. Quand on chante à l’étranger, il n’y a pas de notion de comparaison, comme c’est le cas au niveau local et régional, ce qui compte c’est la qualité de prestation.

Étant vous-même un jeune espoir lyrique, qu’évoquent pour vous la relève lyrique ?

C’est un très grand sujet. Souvent, on pense à la relève comme si c’était quelque chose qu’on pouvait mettre dans une boîte. On ne peut pas vraiment définir la relève, tout ça c’est dynamique. Je vois souvent des commentaires sur Internet, par rapport aux anciens chanteurs et aux nouveaux chanteurs, ils vont toujours dire que les anciens étaient meilleurs. Uniquement parler de ceux qui sont à l’apogée de leur carrière et uniquement parler d’eux, je pense que cela pourrait être extrêmement nocif pour l’art lyrique. L’intention doit être aussi orientée vers la relève lyrique. Parce que c’est en quelque sorte le futur, nos futurs Pavarotti ont aujourd’hui mon âge, et il y en a qui commencent tous jeunes, ils sont très talentueux.

Tous les grands artistes ont commencé quelque part, il ne faut pas oublier ça, c’est extrêmement important d’encourager la relève. Et puis sur une autre note, c’est tellement difficile de faire une carrière d’interprète ou de musicien. Le faisant moi-même, je peux en témoigner, et connaissant beaucoup de gens dans le domaine, c’est extrêmement exigeant pour le moral mais aussi au niveau financier. C’est très difficile, parce qu’on a très peu de soutien de l’Etat. Les politiciens n’hésitent pas à rappeler combien de millions ils donnent aux artistes, mais vu le nombre d’artistes, ça reste un domaine très difficile.

D’où l’importance de préserver toute cette richesse et ce patrimoine artistique, n’est-ce pas ?

« En tant que Québécois, nous avons le devoir de défendre le répertoire francophone »

Il y a une richesse et une force dans la culture de chaque pays, il faudrait que les gouvernements de tous les pays encouragent les artistes à se développer et à s’exporter, et comme je le disais tantôt, chanter à l’étranger apporte une grande richesse. On doit donc encourager nos jeunes chanteurs à se développer et se perfectionner pour développer leur carrière internationale.

Comme Québécois, nous avons le devoir de défendre le répertoire francophone, comme dans d’autres communautés francophones partout dans le monde. Une grande richesse qui, si malheureusement on n’y fait pas attention, pourrait en effet se perdre.

L’opéra italien va difficilement se perdre car il est tellement répandu. Le répertoire français est un peu moins répandu, c’est donc important d’avoir des gens qui se spécialisent chez nous, où n’importe que endroit où il y a un fort patrimoine francophone. On doit défendre cela et les nouvelles œuvres également.

Propos recueillis par Hamid Si Ahmed

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