De mère libainaise et d’un père français, Naiade Delapierre Safieddine est une artiste à multiple savoir-faire. Tantôt elle s’attèle à la danse, discipline enseignée par sa mère la chorégraphe Lamia Safieddine et tantôt elle se livre à l’expression picturale émanant de diverses sources d’inspirations.

Baignant dans un contexte artistique dès son jeune, Naiade est attirée particulièrement par la relation du corps avec l’espace à travers la scénographie. Pour l’obtention du diplôme national d’art, Naiade a mené ses recherches sur l’artiste brésilienne Raquel Tasny Kogan. Ce qui retient l’attention de Naiade c’est le travail sur le reflet, l’interaction entre les œuvres et le spectateur. Elle est dans l’optique où elle œuvre à « faire tomber le voile pour faire naître les ailes ».

L’exposition qui a eu lieu à Paris, à la place des Vosges, non loin de la maison de Victor Hugo a révélé tous les besoins de dénoncer ce qui se déroule au Liban. En effet, l’explosion qui a eu lieu au port de Beyrouth le mardi 04 août 2020 à 18h06 a été la source d’inspiration de Naîade. Ses œuvres démontrent la déflagration qui fait tout ressortir, non seulement ce qui était caché mais aussi la misère qui en découle. Dans la salle d’exposition figurent des toiles peintes, des morceaux de verres disséminés au sein d’un tableau mis à même le sol. Un téléphone portable trace les moments stridents de l’explosion.

  • Exposition et témoignage :

Cet événement qui a tout réveillé en elle a mis en avant ce qui se passe dans un pays où le peuple est parfois contraint de garder le silence pour ne pas heurter la sensibilité des dirigeants. Pourtant riche le Liban se retrouve dans une pauvreté abyssale. A travers le regard de Naiade Delapierre Safieddine, tout vacille. Rien n’est dans un état stable. A l’étage de la salle d’exposition figurent cinq mille avions confectionnés en papier sur les ailes est écrit : Beirut 6.06 pm.

L’avion, qui signifie le voyage, le déplacement, dans la vision de Naiade est annonceur de la bombe. Ce paradoxe que peut vivre l’être humain ne peut s’estomper que grâce à l’art. En reproduisant à sa façon ce qui le touche, il arrive à se hisser et à avoir une vision panoramique sur ce qui se passe. De cette façon l’art se transforme en un remède qui soigne les blessures. Naîade est la représentante d’une génération qui refuse de se taire. Elle œuvre et rappelle que ce qui se passe autour de nous n’est jamais vain. Il suffit juste de savoir écouter et d’avoir le courage de témoigner.

Lamia Bereksi Meddahi

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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