«Entrée Express» n’est pas un programme d’immigration mais un nouveau système de gestion des demandes d’immigration au Canada. Il trouve sa source dans le projet de loi C-4 (Loi n°2 sur le plan d’action économique de 2013).

Il s’agit d’une étape obligatoire pour présenter une demande d’immigration économique dans trois programmes: le Programme des travailleurs qualifiés (fédéral), le Programme des travailleurs de métiers spécialisés (fédéral) et la catégorie de 1’expérience canadienne. De même, pour les candidats des provinces, à l’exception du Québec qui ne participe pas à Entrée Express. C’est un système électronique qui comprend un classement automatique des candidats.

Un processus en deux étapes :

1) les candidats devront remplir en ligne une «déclaration d’intérêt» à immigrer au Canada. Ceux qui satisfont à certains critères seront placés dans un «bassin» (terme utilisé par Citoyenneté Immigration Canada: «CIC»), et se verront attribuer des points selon un «Système de Classement Global», en fonction de leurs compétences, leurs expériences de travail et d’autres caractéristiques. Ce classement est fondé sur les meilleurs facteurs prévisionnels de réussite économique des candidats. L’obtention d’une offre d’emploi valide (c’est-à-dire une offre appuyée par une étude d’impact sur le marché du travail « EIMT »), ou d’une nomination par une province, permet d’attribuer au candidat un maximum de 600 points rien que pour ces facteurs. Ils auront alors plus de chance d’avoir un meilleur classement. Le score maximal étant de 1200 points.

2) CIC invitera les candidats les mieux classés par le système à présenter une demande de résidence permanente. Les invitations se feront sur plusieurs périodes de l’année.

L’intérêt du nouveau système

Le Ministre de la Citoyenneté et de l’immigration, Chris Alexander, estime que le nouveau système permet au Canada de sélectionner les meilleurs candidats qualifiés pour combler les besoins de la main d’œuvre du Canada.

À ce point positif s’ajoute un autre avantage qui est le raccourcissement du délai de traitement des demandes. Dans l’ancien système, les demandes de résidence permanente étaient traitées dans un délai de 12 à 14 mois, elles le seront désormais en six mois ou moins.

Une autre différence importante est que, désormais, le gouvernement contrôlera les demandes lui-même et n’invitera que les meilleurs candidats à présenter une demande de résidence permanente, alors que dans l’ancien système, les demandes étaient traitées dans l’ordre de leur réception «premier arrivé premier servi».

Points à clarifier…

Certains juristes ont argué l’absence de transparence du système, vu l’absence d’un seuil fixe de points à partir duquel un candidat recevra une invitation.

Une réponse fut donnée par Maia Welbourne, directrice générale par intérim à Citoyenneté et Immigration Canada, lorsqu’elle a été interrogée sur ce point dans les Délibérations du comité sénatorial permanent des Affaires sociales, des sciences et de la technologie.

Madame Welbourne a répondu que « le seuil variera dans le temps » et que «votre classement est toujours en fonction de toutes les autres personnes qui se trouvent dans le bassin au même moment, si bien qu’il n’y a pas de chiffre absolu au-delà duquel une invitation serait garantie». Le seuil changera donc d’un tirage à l’autre, mais cela ne veut pas dire une absence de transparence. CIC commence à publier avant chaque tirage des instructions ministérielles indiquant le seuil minimal pour être invité. Avec cette publication il est désormais possible de savoir à l’avance, ou du moins d’estimer, si le candidat sera invité au prochain tirage, selon le nombre des points qu’il accumule.

Le premier tirage pour les demandes de résidence permanente a eu lieu le 31 janvier 2015. 779 candidats ont été invités pour présenter une demande de résidence permanente. Il s’agit de travailleurs qualifiés de différents secteurs: sciences naturelles appliquées, l’industrie, l’électricité et la construction. Tous ces candidats ont déclaré avoir déjà reçu des offres d’emploi valides, ou avoir été désignés comme candidats d’une province canadienne. La note obtenue par le candidat invité le moins bien classé était de 886 points. Ce seuil minimal est relativement élevé par rapport au maximum de points à obtenir (1200 points). La concurrence est donc rude entre les candidats pour obtenir la résidence permanente. Néanmoins, ceux qui n’ont pas été invités dans le premier tirage peuvent rester dans le bassin jusqu’à un an et auront probablement une autre chance d’être invités.   

Trois tirages additionnels ont eu lieu le 7 février 2015 (avec 779 invitations, 818 seuil de points); le 20 février 2015 (849 invitations mais seulement pour la catégorie de l’expérience canadienne et aucune invitation pour les autres cas, 808 seuil de points) et; le 27 février 2015 (1187 invitations, 735 seuil de points). On constate que le seuil minimum requis est entrain de baisser à chaque tirage, ce qui donne plus de chance aux candidats ayant moins de points d’être invités par la suite. Mais il est clair que l’obtention d’une offre d’emploi ou d’une nomination par une province reste un facteur pertinent pour atteindre le seuil.      

Les immigrants francophones

Les candidats admis à entrer dans le bassin, mais qui n’ont pas une offre d’emploi, sont tenus de s’inscrire en ligne dans le « Guichet Emploi » fédéral. Les employeurs canadiens ont l’accès à ce guichet et ils peuvent établir des liens avec les candidats. Ce jumelage s’effectuera aussi de manière électronique à l’avenir.

Cependant, dans les Débats du sénat sur l’immigration francophones dans le système Entrée express du 5 février 2015, l’honorable Claudette Tardif a pointé le fait que «le système Entrée Express ne fait pas la promotion des communautés francophones en situation minoritaire auprès des immigrants francophones». Elle a fait référence à Marie-France Kenny, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne, selon laquelle «il n’y a rien pour inciter les employeurs francophones et anglophones de nos communautés à engager de nouveaux arrivants bilingues ou francophones ».

Cette question est actuellement en cours d’examen par le sénateur Carignan.

Ce n’est qu’à plus long terme que nous pourrons mieux connaître le taux de jumelage entre les employeurs canadiens et les différents candidats à l’immigration les plus qualifiés.

Mouna Haddad

 

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