Madame Anie Samson qui officie en tant que Maire de l’arrondissement de Villeray─Saint-Michel─Parc-Extension depuis 2005, est très présente dans son arrondissement. Elle est membre fondatrice de la Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse et la Présidente fondatrice du Comité Consultatif d’Urbanisme dans l’arrondissement (de 2002 à 2005). Elle prend en charge de nombreux projets tels que l’implantation du programme Éco-quartier. Elle a créé le fonds dédié à la sécurité alimentaire et elle siège sur plusieurs conseils d’administration et a été l’initiatrice du Petit Maghreb.

Elle qui avait terminé sa maîtrise en communication en 1994, devint Conseillère municipale dans le district de Villeray de 1994 à 2005, avant d’être réélu à trois reprises pour devenir le Maire de Villeray─Saint-Michel─Parc-Extension.

Avant les élections municipales du mois de novembre prochain où Madame Samson devrait se représenter comme candidate à sa propre réélection, elle prend le temps de répondre à quelques questions qui nous en disent plus sur son regard en tant que personnalité politique, en tant que citoyenne et en tant que femme ordinaire :

L’initiative : Vous êtes Maire de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et vous êtes vice-présidente du conseil exécutif de la ville de Montréal. Comment arrivez-vous à joindre ces deux fonctions?

Anie Samson : Si je réussi à bien jumeler ces deux fonctions, c’est beaucoup grâce à une équipe extraordinaire de fonctionnaires et d’adjoints qui m’entourent à la fois à l’Hôtel de Ville et à mon bureau à l’arrondissement de Villeray─Saint-Michel─Parc-Extension.

Grâce à leur appui, des suivis sont faits ponctuellement auprès des citoyens, et les suivis des dossiers sont aussi assurés. Cela me permet d’être bien préparée pour une rencontre, une sortie médiatique et lors des conseils de Ville et d’arrondissement. 

En tant que Maire, vous êtes sollicité de toutes parts. Comment arrivez-vous à gérer les demandes?

Je rencontre régulièrement mes adjointes qui s’occupent de mon agenda afin de bien gérer l’ensemble de mon emploi du temps. Lorsqu’il y a un conflit d’agenda, je peux compter sur mes collègues élus (Frantz Benjamin et Mary Deros) et/ou attachés politiques pour être présents et me représenter aux activités d’arrondissement.

La fonction de Maire vous laisse-t-elle du temps pour votre vie personnelle?

Au fil des ans, j’ai dû apprendre à mettre du temps de côté pour moi, afin d’assurer un équilibre physique et mental, ce qui n’a pas toujours été facile.

Que ce soit de prendre une fin de semaine en famille ou encore programmer deux fois par semaine une séance d’entrainement de boxe, ces moments à moi, me permettent d’évacuer le stress, de rencontrer des gens qui ne sont pas dans le milieu politique et de revenir à la charge dans mes dossiers le lendemain.

Lancement du calendrier culturel – Salle de diffusion Parc Extension

Justement, au niveau politique, quel regard portez-vous sur la participation des femmes dans la vie politique?

Je crois fermement qu’il faut plus de femmes en politique, car elles ont une autre façon de voir les choses et un regard différent des enjeux. Une approche plus maternelle à résoudre une situation, un défi ou une problématique.

En effet, souvent pour mes confrères élus, c’est soit noir ou blanc. Pour moi, il y a toujours une zone grise ou une approche que nous n’avons pas tenté d’utiliser pour résoudre une situation.

C’est souvent en s’aventurant dans cette zone grise qu’on réussit à développer les plus beaux projets et faire avancer les choses.

Je suis particulièrement fière de porter des dossiers municipaux dont celui de la sécurité publique (police, pompiers, sécurité civile), le matériel roulant et les services aux citoyens qui sont souvent associés à la gente masculine.

Vous assistez personnellement à de nombreux évènements qui soulignent l’implication sociale des jeunes, des bénévoles et des ainés. Est-ce que cela est important pour vous?

Oui, absolument, car il faut encourager la relève pour aller au bout de leurs rêves. Une façon de pouvoir faire cela est d’être impliqué dans sa communauté et pourquoi pas, faire partie de l’aile jeunesse d’un parti politique qui les intéresse. J’ai fait mes premiers pas en politique au sein des jeunes libéraux.

Il ne faut pas non plus oublier notre mémoire vive qui est formée de nos personnes ainées. Si nous avons réussi, surtout en tant que femmes à briser un plafond de verre, c’est grâce aux militantes comme ma mère, ma grand-mère et ma tante qui ont osé revendiquer l’équité entre hommes et femmes.

Il est aussi important de souligner l’apport de nos bénévoles qui donnent de leurs temps sans jamais s’attendre à recevoir quelque chose en retour.

Phase 3 du plan d’action logement partenariat avec le CECRG Saint-Michel.
Clément Charette, Marianne Cloutier, Frantz Benjamin, Anie Samson, Coralie Le Roux et Marcel Lebel

Pensez-vous que la représentation en politique des personnes issues des minorités culturelles soit suffisante?

Depuis les dernières années, nous avons fait des progrès au niveau de la représentation des personnes issues des minorités culturelles au sein du conseil municipal.

Nous avons juste à penser à Frantz Benjamin, premier Haïtien président du Conseil de Ville, à Harout Chitilian d’origine Arménienne et vice-président du comité exécutif responsable de la réforme administrative, de la jeunesse, de la Ville intelligente ainsi que des technologies de l’information, à Mary Deros et Dimitrios (Jim) Beis issue de la communauté hellénique, Lionel Perez, juif marocain et Alan De Sousa d’origine Pakistanaise.

Cependant, il reste beaucoup à faire.

Y-a-t-il des actions qui sont entreprises pour une encourager l’implication et la participation des immigrants de première génération à la vie municipale et à la vie politique d’une manière générale?

Souvent des rencontres d’échanges sont organisées avec les diverses communautés culturelles afin de connaître leurs besoins et voir comment ils peuvent s’impliquer à la vie politique, notamment au niveau municipal. 

L’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension est l’un des plus pauvres de la Métropole. Des initiatives sont mises en places pour encourager l’entreprenariat et l’installation des entreprises dans votre territoire. Que pouvez-vous nous dire sur le sujet?

Depuis la création de l’arrondissement en 2002, nous avons créé le poste de commissaire au développement économique qui travaille étroitement avec les entreprises désireuses de s’installer sur notre territoire. Cette personne ressource conseille et accompagne les entreprises et les gens d’affaires dans la réalisation de leurs projets. Le commissaire vient aussi en aide aux investisseurs et intervient dans le développement des artères commerciales.

Le quartier de Saint-Michel accueille depuis trois ans déjà un forum de développement économique pour accompagner les projets économiques. Que pouvez-vous nous dire sur le sujet?

L’Objectif de la troisième édition du Forum du développement économique de Saint-Michel était d’encourager l’émergence de nouveaux projets entrepreneuriaux et socio-économiques avec un potentiel de création d’emplois dans le quartier.

Sur le thème Dans l’œil de Saint-Michel, l’événement voulait servir d’accélérateur de projets innovants et créatifs en permettant à leurs promoteurs de réunir toutes les conditions de succès pour la réalisation de leur idée.

Cette formule visait aussi à donner un coup de pouce aux promoteurs en leur permettant de bénéficier de conseils d’experts et de la collectivité micheloise intéressée par le développement économique de Saint-Michel.

Y-a-t-il des initiatives semblables à Villeray et à Parc-Extension ?

L’arrondissement recense une dizaine de secteurs industriels dont notamment les secteurs de l’Esplanade (nord du parc Jarry – district de Parc-Extension) et Pie IX (district de Saint-Michel) reflètent un grand dynamisme, tant en raison de la superficie importante, que de leur accessibilité par les grands axes de circulation routière.

Chaque quartier a une vitalité économique et sociale différente. Il nous faut un modèle adapté aux défis de Parc-Extension tout comme Villeray.

On note justement au niveau urbanistique la présence de nombreux travaux, notamment ceux relatifs à la réhabilitation des trottoirs et des rues principales. Ceci peut occasionner de la gêne au quotidien chez les riverains et affecte l’activité commerciale. Comment réagissez-vous à cela?

Malheureusement au fil des ans, les administrations antérieures ont négligé à investir dans les infrastructures, dont plusieurs d’entre elles arrivent à la fin de leur vie utile.

Pour tous travaux de réfection et de réaménagement de trottoirs et des rues principales, des Avis aux résidents ainsi qu’aux commerçants leur sont envoyés afin de les informer des travaux qui auront lieux.

Cet avis leur explique la nature des travaux, la durée, l’entrave à la circulation ainsi que le plan pour l’accessibilité aux commerçants qui ont pignon sur rue durant la période des travaux.

Pour certains travaux d’artères majeurs dont la rue Jarry Est, un gestionnaire de chantier est aussi en poste afin de faire la liaison entre les résidents, commerçants et les responsables du chantier.

Au vue de l’accroissement des besoins de la population, pensez-vous qu’il va falloir s’attendre à de nombreuses autres années de travaux?

C’est un beau problème. Si on ne fait pas les travaux, les citoyens nous le disent, et si on les fait, ils nous le disent aussi!

La gestion des espaces verts et la réhabilitation de nombreux parcs vous tiennent à cœur. Pouvez-vous nous en dire plus sur le travail qui a été accompli ces dernières années ?

Nos parcs sont de plus en plus des espaces verts convoités par nos familles, nos jeunes ainsi que par les personnes âgées.

Afin rendre ses espaces plus conviviale et à l’image de nos quartiers nous avons réservé des sommes de notre PTI afin de pourvoir réaménager sur une base régulière au moins deux à trois parcs par année.

Des travaux de réaménagement tels que la construction de terrain de soccer, l’ajout d’aires de  jeux pour les enfants, le réaménagement des jeux d’eau, la plantation d’arbres et arbustes et  l’aménagement de coins-lecture.

Aujourd’hui, plusieurs de nos parcs dont le parc François-Perrault, le parc Howard, le parc De Normanville et le parc Champdoré se sont refait une beauté tout en devenant des lieux où les familles, les amateurs de sports, de loisirs et de lecture de tous âges y trouvent leurs plaisirs.

Depuis presque trois ans déjà, le visage des rues de Montréal et de votre arrondissement ont connu des changements marquants, notamment au niveau des coins de rues avec la mise en place de bandes jaunes d’interdiction de stationner. Celles-ci ont fait grincer les dents des commerçants. Que leur répondez-vous?

Le règlement concernant le stationnement à moins de cinq mètres d’une intersection est une loi qui relève du code de la sécurité routière et qui existe depuis longtemps.

En effet, l’article 386 du Code de la sécurité routière stipule, qu’aucun véhicule ne doit être stationné à moins de cinq mètres d’une intersection, d’un passage pour piétons ou encore d’une borne-fontaine.

Toutefois, à Montréal, face à la pénurie de stationnement, une tolérance est appliquée depuis des années, contrairement à plusieurs autres villes de la province.

Suite à des recommandations faites par la commission permanente de la Ville sur les transports concernant l’amélioration de la sécurité des piétons aux intersections, d’ici 2018, toute la ville de Montréal doit appliquer à la lettre le dégagement de 5 mètres, sans exception.

Rappelons qu’aux intersections, ce qui nuit le plus à la sécurité autant des automobilistes, des cyclistes, mais surtout des piétons, c’est l’incapacité de voir correctement ce qui se passe sur la rue. Le dégagement de 5 mètres vient aider l’automobiliste à mieux voir ce qui se passe devant lui et de chaque côté. Soulignons  que  70 % de toutes les collisions se produisent dans l’espace du 5 mètres.

La priorité est aux piétons, la sécurité prime avant tout chose et la visibilité en fait partie.

Le marquage des lignes jaunes délimitant l’espace de 5 mètres permet d’informer les automobilistes de ne pas stationner leur véhicules dans cette zone et ainsi éviter une contravention.

Au niveau social, quel bilan pouvez-vous tirer des politiques mises en place pour lutter contre le décrochage scolaire?

La lutte contre le décrochage scolaire comporte plusieurs enjeux dont nous devons tenir compte. Parmi tous les enjeux montréalais, la question des quartiers défavorisés est considérée comme la plus préoccupante en raison de son ampleur et de son incidence sur la réussite scolaire des jeunes.

Montréal compte près de 84% des élèves québécois du primaire vivant sous le seuil de faible revenu.

D’excellentes initiatives ont été mises en place tels que le Fonds 1804, qui remet des bourses de 250$ et 500$ à des jeunes persévérants du secondaire et les journées de la persévérance qui rappelle aux jeunes les risques de décrochage scolaire et des avantages d’un diplôme. Ces initiatives sont des pas dans la bonne direction afin de lutter contre le décrochage.

Que prévoyez-vous faire pour continuer dans ce sens si vous êtes réélue?

Poursuivre et bonifier les initiatives mise en place.

Vous soutenez énormément les initiatives sportives et encouragez la pratique des sports chez les jeunes. Vous pratiquez du sport et vous donnez de votre personne en participant de manière symbolique aux initiatives sportives qui sont mises en place. Pouvez-vous nous en dire plus?

Une belle initiative que nous avons mis en place et dont je suis très fière est «Les Jeux de la rue ».  Le projet « les jeux de la rue » vise le développement des compétitions physiques et sociales des participants âgés de 12 à 24 ans. En s’adressant principalement aux jeunes exclus des réseaux compétitifs habituels, cette compétition singulière répond à leurs besoins en matière de pratique sportive en milieu urbain, tout en contribuant à les encourager à développer des saines habitudes de vie.

Désormais un événement annuel incontournable avec un volet compétition inter-arrondissement, le festival mobilise 80 organismes partenaires provenant des 13 arrondissements participants et la participation des jeunes atteint le cap de 3000 joueurs.

Suite aux compétions locales, les équipes finalistes des diverses disciplines sportives affront les délégations des autres arrondissements lors des finales montréalaises des Jeux de la rue.

Propos recueillis par Réda Benkoula

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