Il Trovatore de Verdi dans le rôle de Leonore, en 2012 avec la New Jersey Association of Verismo Opera (NJAVO) sous la direction d’Anthony Morss. Productions vidéo Alivisions.

Née à Montréal, Docteure Sharon Azrieli a connu un grand succès dans des salles de renommée mondiale, telles que le Carnegie Hall, le Metropolitan Opera, l’Opéra Bastille de Paris, ainsi qu’avec des organisations importantes, comme la Canadian Opera Company, National Arts Center à Ottawa, l’Orchestre Symphonique de Montréal, le New Israël Opera, Le Haïfa Symphony, Le Jerusalem symphony, L’Opéra de Houston, Sarasota Opera, pour ne nommer que celles-ci…

Dans le chant lyrique, elle est classée dans la catégorie Soprano Falcon possédant une voix riche d’une grande étendue qui lui permet d’interpréter les grands rôles de soprano ainsi que certains rôles de mezzo.

En 2019, elle est honorée du titre de chevalière de l’Ordre national du Québec pour ses réalisations remarquables sur la scène et ses actes de philanthropie. Connue pour sa polyvalence, elle a enregistré plusieurs albums, dont « The Gift of Joy » et le tout récent « Frankly Sharon ».

À son actif plusieurs interprétations au Canada, à Tokyo, en Israël, à Paris et à New York. Elle a interprété à son début le rôle de Juliette dans « Roméo et Juliette » de Charles Gounod au Canadian Opera Company, Mimi dans « La Bohème » de Puccini, le rôle de Suzanna, dans « Le mariage de Figaro » de Mozart ainsi que de nombreuses premières mondiales depuis le début de sa carrière. Dans la même saison du Metropolitan Opera, Mme Azrieli a interprété le rôle de Marcellina dans « Le Nozze di Figaro » avec The National Arts Center Orchestra à Ottawa. Elle a également chanté Nedda et Aida durant plusieurs années avec L’Opéra du New Jersey sous la direction de Evelyn La Quaif et Lucine Amara au New Jersey PAC, et au Siracusa dans le rôle de Liu en Turandot. Son professeur de voix durant les 12 dernières années n’est autre que le célèbre Bill Shuman, qui est enseignant à l’Académie de l’art vocal à Philadelphia.

Parmi ses prochains rendez-vous, Madame Azrieli sera honorée par l’Orchestre Classique de Montréal et sera soliste du Liverpool Oratorio, Mimi dans La Bohème de Puccini et un Grand concert gratuit en plein air au FestivalOpéra de Saint-Eustache des Grandes Laurentides, ainsi que plusieurs rôles qui seront annoncés sous peu.

La Fondation et les Prix Azrieli, un patrimoine universel

Parmi les centres d’intérêt de la Soprano Falcon Sharon Azrieli, l’éducation artistique et la philanthropie. Dre Azrieli siège au CA de la Fondation Azrieli et de nombreuses organisations philanthropiques, et siège entre autres aux conseils d’administration du Musée McCord, du Camp Kinneret Biluim et de l’Opéra Cares Foundation. En 2014, à l’initiative de la Fondation Azrieli, elle crée les Prix Azrieli de musique (PAM).

Madame Azrieli est diplômée du Vassar College, de la Parsons School of Design, de la Juilliard School et de l’Université de Montréal. Andrew Porter du célèbre magazine américain « New Yorker » l’a saluée comme étant une « maîtresse des joyeuses inflexions, du phrasé piquant et des mots précis ».

Un concert à la mémoire des victimes d’Auschwitz

À l’occasion du 76e anniversaire de la libération d’Auschwitz célébré le 27 janvier dernier, et en hommage à la mémoire des victimes de l’Holocauste, Sharon Azrieli a chanté Kaddish de Ravel de deux mélodies hébraïques lors du grand concert virtuel gratuit « S’unir dans la mémoire » présenté par Orford Musique et diffusé du 27 au 31 janvier 2021.

Réalisé en collaboration avec la Fondation Azrieli et avec l’appui de l’Ambassade de la République de Pologne à Ottawa, ce concert a inclut des témoignages de survivants de l’Holocauste ainsi que du matériel capté près du camp Auschwitz-Birkenau, en janvier 2021.

Docteure Azrieli a accepté de nous accorder cette entrevue, durant laquelle elle revient sur ses débuts à l’opéra et sa passion pour le chant, hérité de ses parents, de sa fierté pour ses brillants enfants, de ses études et de ses obligations professionnelles (Prix Azrieli) et engagements au sein de son organisation de philanthropie (Fondation Azrieli).

En voici la première partie…

L’initiative : Commençons notre entrevue par rendre hommage à votre défunt père, Monsieur David Azrieli, architecte et philanthrope. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?

Sharon Azrieli : « C’est mon père et ma mère qui m’ont transmis l’amour de la musique »« J’ai deux garçons magnifiques, je suis ravie, la plus chanceuse du monde ! »« Mon père a terminé ses études en architecture à l’âge de 75 ans » « Verdi s’est inspiré d’autres styles musicaux dont des thèmes musicaux juifs » 

Sharon. A. : Quand je pense à mon père, je garde en mémoire l’amour de la musique qu’il nous a toujours transmis. Quand il revenait d’une longue journée de travail, il mettait de la musique partout dans la maison. Pas seulement de la musique classique, mais aussi de la pop et de la musique israélienne de ce temps-là. J’ai grandi avec cette musique-là, j’adore la musique orientale. En plus de la musique, la chose la plus importante que notre père nous a appris, c’est le travail. Il nous a appris comment avoir une attitude d’optimisme, son succès a été possible grâce à cette attitude, justement. Mon père a survécu à l’holocauste et toute sa famille a été tuée par les Nazis. Seulement un de ses frères a survécu. Mon père a fui les Nazis à l’âge de 16 ans, c’est sa maman qui l’a envoyé en Russie, mais c’est une longue histoire…

Moi-même je me sens comme une survivante !

En quelques phrases, décrivez-nous qui est Sharon Azrieli ?

La chose la plus importante dans ma vie, c’est d’être chanteuse.

Mais je suis aussi mère de deux garçons magnifiques. Je connais des chanteuses qui n’ont jamais réussi à avoir des enfants, grâce à Dieu, mon 1er garçon va avoir un bébé. Il est très jeune, il s’est marié à 22 ans. Je suis ravie, je me considère comme la femme la plus chanceuse du monde ! Je suis aimante de la vie, de mes amis, de ma famille, de mes causes, aimante de mon travail, j’adore travailler. Si quelqu’un me demande de chanter, je serais toujours disponible. Ce qui s’est passé à Auschwitz est une abomination. J’ai chanté le 27 janvier dernier à l’occasion du 76e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Nous avons le devoir de faire connaître au monde entier la vérité sur la Shoah qui a tué 6 millions de Juifs. Des innocents, des bébés, des gays, des politiciens polonais et autres. Une abomination !

Chanter c’est la chose que je préfère le plus. Mais d’abord mes enfants, après ça le chant (sourire). Après, il faut vivre aussi ! (rires) Car dans ce monde, on ne peut pas vivre de l’art. Mozart et Bach ne pouvaient pas vivre de leur art.

Pour revenir à mon père, avec toute l’appréciation qu’il avait pour l’art, il ne voulait pas que je devienne chanteuse professionnelle. Mes deux garçons sont très doués en musique, ils sont compositeurs, ils sont musiciens, ils écrivent et ils chantent. Ils ont de belles voix, mais ils vont faire autre chose, car il faut manger aussi. Quand mes enfants étaient petits, ils ont appris à jouer de plusieurs instruments. À trois ans, ils jouaient déjà au violon, puis au piano, à la basse, à la guitare, au saxophone,…je suis fière d’eux !

Il était un temps, quand ils étaient très petits, j’ai passé un divorce très difficile, ils n’avaient que 2 ans et 4 ans. Il a fallu que je quitte New York et que je revienne à Montréal où j’ai travaillé comme chantre dans une synagogue pendant deux ans. Ils dormaient dans une synagogue les vendredis et samedis, ils étaient toujours entourés par la musique.

À quand remontent vos premiers pas dans l’art lyrique ?

J’ai commencé à chanter la première fois à l’âge de 15 ans, à Montréal. Mes parents m’emmenaient à l’opéra quand j’étais petite, voir le ballet, ma mère adorait écouter l’opéra à la radio, on le faisait chaque samedi à la maison. Parmi les personnes qui m’ont aussi influencé à suivre l’art lyrique, il y avait aussi une grande amie de la famille qui était violoniste, Yaela Herz. Ils se sont connus en Israël dans les années 50, par la suite, elle est venue vivre au Canada. Elle était la première violoniste de l’Orchestre de chambre McGill, j’étais plus grande, c’était du temps de mon premier engagement professionnel à Montréal. Il y a aussi le grand Baryton italien Gino Bechi avec qui j’ai étudié à Florence à l’âge de 19 ans. Il m’a donné un grand amour pour l’opéra et la langue italienne.

Parlez-nous de vos études jusqu’au doctorat…

D’abord je suis allé étudier l’histoire de l’art à New York, j’ai quitté Montréal à l’âge de 16 ans. J’ai gradué très jeune l’école secondaire, j’étais douée aussi en dessin. Mon père préférait que je fasse dessin ou architecture, il ne voulait pas vraiment que je fasse du spectacle. « Si tu es acceptée à l’école Julliard, je vais payer, sinon, je ne vais pas payer tes études », m’avait-il dit. C’était la seule école renommée qu’il connaissait. Mon père était très exigeant.

Après mes études en histoire de l’art, j’ai été accepté à la Parsons School of Design, une très bonne école en dessin. Ensuite, j’ai étudié la voix, car je voulais absolument être chanteuse. Pendant que je faisais mes études à Parsons, j’ai travaillé en même temps dans trois jobs différents.

Et durant trois ans, j’ai fait trois auditions à Julliard. Ça m’a pris trois auditions et la troisième j’ai enfin été acceptée. Car en réalité, tu ne peux pas être accepté en voix si tu ne sais pas comment chanter. À Julliard, on n’accepte que quatre personnes environ sur 800 personnes qui passent des auditions chaque année. J’étais acceptée par Manhattan School of music et par plusieurs des meilleures écoles de musique au monde. Mais mon père ne voulait que Julliard (rires)

Maintenant que je suis mère, je regarde mes fils. J’ai un fils qui a été accepté par Berklee College of Music, une des meilleures écoles pour apprendre le jazz. Je me rappelle quand il a passé son audition, je me disais : ô mon Dieu ! Qu’est ce que je ferais s’il n’était pas accepté ? Mais finalement, Dieu merci, il a été accepté pour la première fois. Dans mon cas, je sortais de l’école des beaux-arts et je n’avais aucune préparation en voix, en musique. C’est comme si tu sortais en préparation de mécanique et que tu voulais faire médecin, ou que tu sortais d’études en médecine et que tu voulais faire avocat. C’est très simple, tu ne peux pas.

Après avoir été enfin acceptée à Julliard, j’ai fait mon premier certificat de voix, là j’ai fini en 1991. En sortant de Julliard j’ai été prise immédiatement par la Compagnie d’opéra de Canada. J’y ai chanté là mes deux premiers rôles, Juliette dans Roméo et Juliette et Mimi dans la Bohême, et c’est là que j’ai lancé ma carrière. Juste après, j’ai chanté Suzanna. Après avoir été chantre à Montréal, en 2007, je suis retourné à l’université de Montréal et j’ai fait ma maîtrise et mon doctorat en musique.

Après avoir chanté dans des synagogues les chansons ladino, (les juifs d’Algérie de Tunisie et Maroc chantent dans une langue ladino), j’ai trouvé que Verdi, dans Traviata, a incorporé dans sa musique des chansons d’autres personnes. Par exemple, dans Addio Del Passato, il a incorporé une chanson ladino. Il emprunte le thème de la chanson, c’est là-dessus que j’ai écrit ma thèse pour mon doctorat et sur les thèmes musicaux juifs que j’ai trouvé dans les opéras de Verdi. Revenant à mon défunt père, il a terminé ses études en architecture à l’âge de 75 ans. Il a toujours voulu finir son dernier degré. Moi aussi j’adorais l’école.

Propos recueillis par Hamid Si Ahmed 

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