Iqaluit est la capitale du Nunavut. C’est là où se déroule aussi le long métrage du réalisateur Benoit Pilon. Après avoir tourné Ce qu’il faut pour vivre (2008), il a été impressionné par les paysages de ce vaste territoire inuit. Pilon a donc décidé d’y retourner et a fait participer davantage ces majestueux paysages et le sentiment de paix et d’accalmie qu’ils dégagent. Ce qui contraste avec le drame qui a lieu dans cette ville.
Le récit se tisse autour d’un malheureux accident. Gilles, contremaître dans le Grand Nord pendant de nombreuses années, est vite hospitalisé après avoir subi une grave blessure. Carmen, sa femme, vient de Montréal et reste avec lui dans ses dernières heures. Elle comprend mal ce qui est arrivé. Elle commence à poser des questions et est certaine qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Gilles partait pendant des mois vers le Grand Nord et menait visiblement une vie parallèle. Carmen rencontre Noah, un Inuk et ami de son mari. De fil en aiguille, elle débute une enquête sur l’accident, la vie de son mari dans ces terres et sur sa vie même, car les découvertes la bouleverseront et la mettront à rude épreuve.
Iqaluit est un film sur le pardon et aussi sur la réconciliation. Menant son enquête, Carmen en apprend davantage sur la vie dans ces territoires et se lie d’amitié avec Noah. Elle en apprend certainement sur lui et sur la dureté de la vie qu’il a mené et mène encore, lui et sa famille. Elle réussit ainsi à mieux comprendre les motivations de son mari et, malgré la douleur de sa perte et les bouleversements qu’elle a subis, elle décide d’aller au-delà et de se reconstruire. Le pardon passe dans un premier temps par soi-même. La réconciliation, elle, se bâtit autour du dialogue et de la rencontre avec l’Autre, et ce, même si ce dernier nous a fait mal, très mal.
Iqaluit de Benoit Pilon, long métrage de fiction, Québec, année: 2016, V.O. : anglaise, française, inuktitute, S.T. français, 103 min
Eduardo Malpica Ramos
