Le film « Ce silence qui tue » est un appel à la mobilisation, car la prise de conscience a déjà été entamée depuis un bon moment. Là, c’est le temps d’agir pour briser le « silence. » Pour ce faire, il faut continuer à parler de la situation inacceptable des Autochtones au pays. Nous devons en effet continuer à parler et à discuter des conséquences néfastes des politiques colonialistes de l’État canadien, des pensionnats, des centaines de femmes disparues et assassinées, de la violence au sein de la police et de celle au sein des communautés elles-mêmes, car il y en a aussi, et enfin des hommes. Dans le film, les hommes autochtones ont aussi parlé et surtout agi pour rompre avec « le cercle de la violence. »

C’est ce portrait qui est dépeint par la réalisatrice Kim O’Bomsawin dans son dernier documentaire. D’origine abénaquise, Kim O’Bomsawin est sociologue de formation et aujourd’hui elle entreprend une carrière de cinéaste documentaire. Elle a parcouru le pays d’ouest en est et a interviewé des Autochtones en milieu urbain et dans les communautés. Par moments, l’émotion est à son comble et c’est compréhensible. Le fil directeur est toutefois assez précis. Les Autochtones sont montrés comme des acteurs politiques. On les voit en train de raconter, de parler, de décrire l’inacceptable et de revendiquer vérité et justice.

Les témoignages que nous avons entendus, ce sont en effet des témoignages de violence, de désarroi, d’enfances brisées et de droits bafoués. C’est aberrant. Cela est arrivé et cela se passe encore sous nos yeux. Devant ces constats, il y a urgence de répondre à la question suivante : quelle société voulons-nous construire et léguer aux générations futures? Poser cette question est aussi donner du sens à la notion de réconciliation.

Il y a déjà une base solide pour commencer à bâtir celle-ci. C’est ce qu’on découvre dans le film. C’est la résilience de ceux et celles qu’on peut appeler d’ores et déjà des forces vives présentes au sein même des communautés, car devant le silence, un cri est nécessaire. Celui des Autochtones certainement, et aussi des non-Autochtones, car nous en tant que non-Autochtones, nous devons accompagner ces acteurs sociaux et politiques. Nous devons accompagner, car ce sont eux, femmes et hommes autochtones, les véritables artisans de leur avenir qui se fait maintenant et devant nous. L’indifférence a assez duré. Nous avons là une opportunité à saisir pour avancer ensemble.

Ce silence qui tue de Kim O’Bomsawin, long métrage documentaire, Québec, année: 2018, V.O. : anglaise, française, algonquienne, S.T. français, 76 min

Eduardo Malpica Ramos

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