« Je vais tout raconter à Dieu » est le titre du court métrage du réalisateur algérien Benabdellah Mohamed, présenté à la 36ème édition du Festival international de cinéma Vues d’Afrique de Montréal. Ce court métrage est l’œuvre de la maison de production Nouvelle Vague Algérienne, dont le casting a été attribué à Bachir Bensalem, Aboubaker Benaissa et Lahcen Cherif Benmoussa.
Ce court métrage de l’enfant de Sidi Belabes est un retour interrogateur sur la « décennie noire » en Algérie pour libérer davantage la parole sur cette guerre civile lugubre faisant environ 200 000 morts durant les années 1990.
Dans un décor d’une ville frappée de désolation, le réalisateur nous précipite d’emblée dans l’atmosphère de terreur. Dans une scène de guérilla, un soldat qui s’apprêtait à prier en faisant ses ablutions, se trouva face à face devant un terroriste au sillage d’un déluge de tirs. Les deux hommes se battirent farouchement et s’arrachèrent la kalachnikov et la seule balle qui restait. À la lisière entre la vie et la mort, l’appel à la prière qui retentissait dans les parages a rappelé aux deux hommes, comme par enchantement, que les choses qui les unissent sont plus fortes que cette sale fratricide guerre. Ils partagèrent ainsi un moment de prière devant un soldat qui gémissait atrocement en les prévenant de raconter tout à Dieu avant de rendre l’âme! Cette scène troublante est le moment fort de ce court métrage, évoqué par le réalisateur comme un appel à la conscience collective déchirée par l’horreur humaine, qui ne se justifie sous aucun prétexte !
Le court métrage de Benabdellah Mohamed évoque le travail de mémoire qui devrait se faire sur cette période macabre de l’histoire de l’Algérie indépendante, qui a provoqué un traumatisme profond pour beaucoup d’Algériens quelles que soient leurs tendances sympathisantes! Peu de récits et d’analyses ont été produits sur cette tragédie et l’amnistie accordée aux terroristes en 1999 par le président déchu Bouteflika a entravé tout travail de mémoire.
Sofiane Idir