Alors que plusieurs personnes souhaiteraient la disparition des cours de français dans les cégeps sous prétexte que l’orthographe de la langue française est trop complexe, d’autres s’inquiètent du déclin progressif du français au Québec, et plus particulièrement sur l’Île de Montréal. À qui la faute ? À la coutume voulant que l’anglais soit la langue des affaires ? À la facilité avec laquelle on arrive à maîtriser la langue de Shakespeare ? Ou tout simplement au défi qu’impose une excellente maîtrise de sa propre langue ? Quoi qu’il en soit, ces questions épineuses furent en outre, l’occasion pour le Mouvement des jeunes souverainistes (MJS), de se réunir devant l’hôtel de ville de Montréal, le 28 novembre dernier, pour transmettre un message au gouvernement : il faut mettre en place des actions concrètes pour ralentir le déclin précipité de la langue française au Québec.

Que l’on entre dans une boutique griffée ou non, un restaurant ou un casse-croûte voire même, une grande surface, on est aussitôt accueilli avec un « Bonjour, Hi ! ». Or, plusieurs clients réguliers ou non, et même certains touristes ne sont visiblement pas bilingues, ce qui les laisse perplexes et parfois, désespérés, les forçant à rebrousser chemin. Il faut parfois ajouter à cette scène, l’air dégoûté de certains commis devant l’obligation de devoir s’exprimer dans la langue officielle du Québec.

Or, selon certaines études sur la survie de la langue française, l’omniprésence des hipsters dans la métropole constituerait un véritable fléau quant à l’avenir de la langue française. L’Office québécois de la langue française (OQLF) a conclu dans un rapport daté d’avril 2019, que l’usage du français comme langue d’accueil unique dans les commerces montréalais avait chuté de 84 % à 75 % depuis 10 ans.

Quel déclin ?

Ce qui n’aide pas non plus la cause des militants de la langue française, est le refus des politiciens à admettre ledit déclin. À titre d’exemple, citons le cas de la députée libérale, Emmanuella Lambropoulos qui, lors d’une rencontre avec le Comité permanent des langues officielles, a remis en question le recul de la langue française dans un anglais impeccable, qui ironiquement tendait à prouver le phénomène qu’elle s’évertuait pourtant, à remettre en question.

Une telle déclaration a soulevé l’indignation chez les membres de son parti et du même coup, la ministre responsable des langues officielles, Mélanie Joly, laquelle s’est dit déçue des propos tenus par Mme Lambropoulos.

Une problématique de transmission intergénérationnelle

Si les statistiques de 2018 semblaient encourageantes, à première vue, alors que près de 95 % des Québécois pouvaient tenir une conversation dans la langue de Molière, il semble, selon l’analyste politique de Radio-Canada, Michel C. Auger, que si savoir parler le français est une chose, que ce ne soit pas « la » chose qui pourrait garantir la pérennité de la langue française au Québec. En effet, il semblerait que la transmission de la langue française, d’une génération à une autre, serait la principale cause du déclin de celle-ci surtout, dans les familles dont la langue maternelle n’est pas le français. La facilité, à apprendre l’anglais étant également un motif sous-jacent

En 2018, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a décrété que le français était parlé par 300 millions de personnes, ce qui en faisait la cinquième langue la plus couramment parlée au monde. Ce qui représente 4 % de la population mondiale soit une personne sur 26. De ce nombre, 235 millions de personnes en faisant un usage quotidien. L’anglais, de son côté, se situe au premier rang avec 369,7 millions de locuteurs dont l’anglais est la langue maternelle et 898,4 millions de personnes l’employant comme langue seconde.

Le français disparaîtra-t-il un jour ?

À la suite de la manifestation du 28 novembre dernier, et face au déclin rapide de la langue française, le gouvernement provincial a déposé un projet de loi en 2021 dans le but de procéder à une réforme de la Charte de la langue français et ce, afin de resserrer certaines dispositions légales de la Loi 101. Cette initiative parviendra-t-elle à ralentir la progression de l’anglicisation sur le territoire montréalais ? On est en droit de s’interroger face au succès de cette initiative gouvernementale.

Martine Dallaire, B.A.A.

 

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