Il y a à peine quatre mois, la planète entière ignorait l’existence du nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Depuis et après les découvertes sur le terrain et l’enregistrement de milliers de morts, le voici se pavanant avec fatuité sur son chemin meurtrier à travers le monde en touchant toutes les catégories d’âge. Mystérieux, on ne sait toujours pas grand-chose sur cet ennemi redoutable bien que quelques certitudes émergent du côté des scientifiques acharnés et concentrés sur le sujet.

On le sait, le Sars-Cov-2, qui appartient à la grande famille des coronavirus est apparu en Chine, et la thèse la plus certaine reste la transmission animale. Une chauve-souris aurait contaminé un hôte intermédiaire, peut-être le pangolin, un petit mammifère, avant d’infecter l’homme. Les chauves-souris vivent dans des grottes, mais avec les poussées démographiques, les populations se rapprochent de plus en plus de la faune sauvage. Ce sont ces nouveaux contacts rapprochés qui ont permis sa transmission de l’animal à l’homme.

Pour les personnes infectées, il y a consensus aujourd’hui pour dire qu’elles peuvent être contagieuses un à deux jours avant l’apparition des symptômes et pendant sept à dix jours après. Des scientifiques s’interrogent par ailleurs sur l’existence de facteurs génétiques favorisant les cas graves de Covid-19. Une hypothèse qui pourrait expliquer pourquoi des personnes jeunes ou en bonne santé sont parfois durement touchées, et la gravité serait en rapport avec des variations génétiques. S’il reste compliqué de comprendre pourquoi certains n’ont pas de symptômes et d’autres se retrouvent entre la vie et la mort, des facteurs de risque sont clairement identifiés : l’obésité et même le surpoids, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, le diabète… et l’âge.

Les premiers symptômes sont connus : de fortes toux (sèches), une sensation de fatigue, des difficultés à respirer, de la fièvre et/ou une perte de goût et d’odorat chez certains, ‎des courbatures et des douleurs, ‎une congestion nasale, ‎un écoulement nasal, ‎des maux de gorge, ‎des diarrhées, des symptômes cutanés (rougeurs douloureuses persistantes, engelures). Le Covid-19 peut aussi atteindre d’autres organes que les voies respiratoires comme le cœur, les reins ou le foie. Confrontés à des patients confus, souffrant de subites pertes de mémoire ou d’agitation soudaine, de nombreux médecins sont désormais sûrs qu’il atteint le cerveau et le système nerveux. Une demi-surprise pour les virologues, car ce lien a été observé avec d’autres virus, notamment celui du sida.

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire, via les gouttelettes de salives expulsées quand on parle ou on éternue et par contact physique, en touchant un objet infecté puis en portant sa main au visage sur les yeux, le nez ou la bouche. D’où l’importance de pratiquer les gestes barrières contribuant à se protéger et protéger son entourage : rester à un mètre (voire plus) de distance (distanciation physique et sociale), éternuer ou tousser dans son coude, utiliser un mouchoir à usage unique, se laver les mains (au savon et à l’eau), éviter le contact et porter un masque si on est malade. C’est une certitude, ces gouttelettes sont le mode principal de propagation, mais on s’interroge aussi sur la propagation du virus par aérosol (particules en suspension dans l’air).

Ni médicament, ni vaccin pour le moment

On attend tous un remède afin de cerner la dangerosité de ce coronavirus. La prise en charge consiste seulement à traiter les symptômes, comme la fièvre et les difficultés respiratoires. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux ou d’autres traitements expérimentaux, voire s’engouer de médications charlatanesques. Seulement il faut prendre son mal en patience car il n’existe, pour le moment, ni vaccin ni médicament pour le parer.

Le syndrome de Kawasaki

Un syndrome inflammatoire touchant les enfants et peut-être lié au Covid-19 alerte. La communauté médicale s’interroge et s’inquiète de l’arrivée d’une nouvelle maladie atteignant les enfants de 3 à 17 ans avec des symptômes qui font penser à la maladie de Kawasaki, une maladie inflammatoire rare et mystérieuse dont l’origine est méconnue.

L’alerte a été donnée en Grande-Bretagne où une dizaine de cas ont été recensés, puis en France où une vingtaine de cas ont été dénombrés dans des hôpitaux parisiens. Des cas similaires ont été aussi enregistrés dans d’autres pays comme la Belgique, l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis, le Canada, et aussi observés partout dans le monde.

Ces problèmes inflammatoires graves qui apparaissent chez des enfants et des adolescents s’apparentent à la maladie de Kawasaki, et potentiellement liés au Covid-19. On parle de forte fièvre inexpliquée pendant plusieurs jours, d’un gonflement des ganglions lymphatiques, d’éruptions cutanées, d’une conjonctivite (yeux rouges), d’une langue framboisée, des lèvres craquelées ou encore des rougeurs au niveau des mains et des pieds, de symptômes digestifs comme des douleurs abdominales ou des diarrhées… Les tests sanguins démontrent une inflammation importante. Et les échographies cardiaques montrent que ça peut toucher le muscle du cœur.

Ce syndrome inflammatoire implique le cœur, les poumons ou l’appareil digestif. Les enfants hospitalisés présentent une défaillance circulatoire et cardiaque avec des éléments en faveur d’une myocardite (atteinte inflammatoire du myocarde, ce tissu musculaire du cœur lui permettant de se contracter et de pomper le sang).

Il est probable que le lien existe avec le coronavirus du moment que les enfants hospitalisés dans un état grave présentent de la fièvre, une inflammation des artères (comme lors d’une maladie de Kawasaki) et pour la plupart positifs au Covid-19.

Qu’est-ce que la maladie de Kawasaki ?

La maladie de Kawasaki ou «Syndrome lympho-cutanéo-muqueux» a été décrite par Tomisaku Kawasaki en 1967. C’est une vascularité c’est-à-dire une maladie caractérisée par une inflammation des vaisseaux sanguins qui, en l’absence de traitement, peut se compliquer d’anévrismes coronaires pouvant être mortels. Même si cette maladie a été rapportée dans le monde entier, elle est beaucoup plus fréquente dans les populations asiatiques, en particulier au Japon. Elle touche dans la grande majorité des cas, les nourrissons et les jeunes enfants avant la puberté. Cette maladie est rare chez l’adolescent et l’adulte. Les enfants atteints de la maladie de Kawasaki présentent un mauvais état général.

Les symptômes évocateurs de la maladie de Kawasaki :

  • une fièvre prolongée inexpliquée, supérieure à 38 °C, qui persiste au moins 5 jours et ne répond pas aux antipyrétiques ni aux antibiotiques,
  • une éruption cutanée ;
  • une conjonctivite qui apparaît avec la fièvre ;
  • des atteintes oropharyngées (érythème des lèvres, une sécheresse, des fissures et parfois des saignements). La langue est framboisée ;
  • les adénopathies cervicales (ganglions gonflés) ;
  • des atteintes des pieds et des mains : érythème des paumes ou des plantes ainsi qu’un œdème, desquamation de la peau, c’est-à-dire une perte de la couche superficielle de l’épiderme, touchant principalement la zone vers les organes génitaux, la plante des pieds ou la paume des mains.

Les recherches sur le Covid-19 indiquent que seuls quelques enfants tombent malades, contrairement aux adultes. Et voilà qu’on assiste à l’effet inverse avec cette maladie de Kawasaki où seuls les enfants sont atteints. Ainsi, faudrait-il se contenter de peu juste en préservant sa santé, ce trésor de toute une vie !

Mohand-Lyazid Chibout (Iris)

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