À quatre-vingt-deux ans Annie Ernaux obtient le 6 octobre 2022 le prix Nobel de la littérature décerné par l’Académie suédoise. De Les armoires vides (1974) jusqu’à Le jeune homme (2022) l’auteure traite des sujets qui témoignent de son esprit indépendant et de son fort besoin de défendre les droits de la femme.

Son dernier récit Le jeune homme, relate l’histoire d’une dame plus âgée de trente ans que son homme. Le lien qui se crée croise un ensemble de ressentis. Ils suivent les mouvements d’un ascenseur. C’est à la page 15 que la trame se construit : « Son appartement donnait sur l’Hôtel Dieu (…) C’est dans ce lieu, cet hôpital, que, étudiante, j’avais été transportée une nuit de janvier à cause d’une hémorragie due à un avortement clandestin ».

Le dialogue des générations

La relation avec « le jeune homme » permet de convoquer la mémoire et de la mettre à l’honneur, à l’instar de la fin de la première guerre mondiale. Ce volet de l’Histoire n’est pas dépourvu de sens. Il relate les changements que peut vivre un être quand il est confronté à des moments difficiles. Le style de Le jeune homme est très simple. Les faits sont narrés de façon chronologique sans recourir à des tournures de phrase.

Ce qui caractérise les œuvres d’Annie Ernaux c’est la profondeur. Il est vrai que même si les mots sont accessibles à tous, cela n’enlève en rien la pertinence et l’aspect réel de ses récits. C’est le fait d’en parler qui rend les événements pleins de sens, à l’image de ce qu’a dit Oscar Wilde à André Gide : « Comprenez qu’il y a deux mondes : celui qui est sans qu’on en parle ; on l’appelle le monde réel, parce qu’il est nul besoin d’en parler pour le voir. Et l’autre, c’est le monde de l’art ; c’est celui dont il faut parler, parce qu’il n’existerait pas sans cela ».

La littérature est bien l’art de l’observation et de la description. Elle rend compte d’un vécu voire d’une imagination qui a besoin de se réaliser. Le prix Nobel accordé à Annie Ernaux marque une reconnaissance face à un travail longtemps exercé.

Lamia Bereksi Meddahi

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

Read previous post:
8e édition du Salon de l’immobilier marocain à Montréal

Le salon de l’immobilier marocain à Montréal, qui se déroule à l’hôtel Bonaventure à Montréal est de retour pour une...

Close