Au rendez-vous, le ramadan, mois sacré par excellence en Islam, débute cette année le mardi 13 avril, et se termine après 29 ou 30 jours, par la célébration de la fête de l’Aïd-el-fitr, appelé aussi l’Aïd-es-seguir.

Cette année encore, et en contexte de pandémie, il prend une allure toute particulière.

Le ramadan, vient offrir l’occasion annuelle de vivre l’expérience particulière d’une immersion dans la foi. C’est à la fois un exercice de jeûne physique, de purification morale et de ressourcement spirituel. C’est aussi un exercice de purification des corps, grâce au jeûne, et de purification des âmes, à travers le combat éthique.

C’est aussi un mois à forte charge historique, qui prend toute sa place dans la mémoire du musulman. Il est le mois de la révélation, où le prophète Mohammed, (que le salut soit sur lui), reçut le message. On y célèbre entre-autres au 16e jour, la nuit de la révélation, et au 26e jour la nuit du destin, etc.

L’ambiance ramadanesque

Durant tout le mois, les musulmans jeûnent le jour, de l’aube au coucher du soleil, et célèbrent la nuit, collectivement à la mosquée, les prières appelées -tarawih-.

C’est aussi le mois de la compassion et du partage, durant lequel, est célébrée la tradition de -iftar-, ou repas collectifs, offerts un peu partout, en priorité aux nécessiteux, mais également à tous.

En plus aux aspects religieux et à sa dimension spirituelle, le ramadan est un fort repère dans le temps culturel. C’est aussi un rythme de vie, une saveur culinaire, une richesse sensorielle, une convivialité inspirante, etc.

La quotidienneté s’aligne au temps ramadanesque, pour rythmer les séquences de vie quotidienne. Après le temps du travail, les marchés polarisent en après-midi, les foules, à la recherche de quoi garnir la table ramadanesque. Au coucher du soleil, tous regagnent leurs maisons respectives au moment du ftour pour casser le jeûne, et les rues se vident entièrement. Le temps de digérer, et les rues reprennent la vie, animées par le mouvement des personnes qui se dirigent vers les mosquées, ou aux visites familiales, alors que les enfants transforment les rues en lieux de rencontre, de jeu et de divertissement. La vie nocturne inaugure une autre séquence de la vie ramadanesque et engage l’espace dans son ambiance.

C’est aussi une occasion pour la famille de savourer les délices de la table ramadanesque, et d’exercer en pareils moments, ses talents culinaires.

Dès l’annonce du coucher de soleil, par l’appel du muezzin à la prière du –maghrib-, ou par le tir de canon, selon les régions, toute la famille se réunit autour de la table, pour partager le souper ramadanesque appelé -ftour-

La table ramadanesque célèbre selon la spécialité de chaque région, des plats typiques qui portent avec eux la saveur du ramadan et incarnent le souvenir de ce mois sacré.

À chaque jour, au coucher du soleil -maghrib-, la rupture du jeûne se fait à l’aide de quelques dates et un verre de lait. Suite à une courte pause-prière, les gens regagnent de nouveau la table. À l’entrée, l’incontournable soupe -chorba- ou -hrira-, s’impose, accompagnée de rouleaux de viande -bourek- ou les feuilles farcies -brick-. Ensuite, vient le tour d’un plat principal, fait généralement de viande et légumes, accompagné selon les régions de riz ou de pâtes. Pour finir, on savoure un plat-dessert, fait de fruits secs et d’amandes, appelé –hlou-.

Au Québec, c’est dans les magasins à saveurs méditerranéenne, maghrébine et orientale, que les musulmans font leurs emplettes, pour honorer le menu ramadanesque.

Le soir, après la rupture du jeûne, s’ouvre le deuxième volet, par d’abord, la célébration de la prière des Tarawih à la mosquée, et au retour à la maison, toute la famille, se regroupe pour profiter d’un précieux moment de convivialité, autour d’un verre de thé et des gâteaux faits pour l’occasion. C’est une occasion précieuse de rencontre, de partage et de convivialité, où les enfants se réjouissent à l’écoute des contes, racontés avec amour et affection par la grand-mère.

À l’épreuve du Covid-19

La pandémie du Covid, est venue imposer son ordre à toute l’humanité. Voilà maintenant presque 2 ans, que l’humanité à travers le monde, s’aligne à son rythme et obéit à ses caprices, tout en recherchant des voies d’issue.

Imposé par la pandémie, le confinement n’a jamais été aussi bénéfique, que durant ce moment de repli et de ressourcement, en quête de foi et de sérénité.

Si le confinement est très propice au jeûne, il ne l’est pas du tout pour les célébrations communautaires et religieuses.

Si le confinement est très propice pour retrouver ces moments doux de convivialité familiale, autour des contes féériques des grands-mères, la distanciation n’arrange pas les grands regroupements ramadanesques habituels, familiaux et communautaires, et empêche la célébration de la prière collective à la mosquée et le partage des repas collectifs. Manquer ce bel moment de convivialité et de recueillement collectifs, va certainement laisser un avant-goût de désolation.

Toutefois, l’Homme ne doit pas manquer d’intelligence, pour compenser le manque à gagner, par la solidarité et l’altruisme. En effet en ces moments de détresse liés à la Covid-19, un grand besoin se fait sentir, en aide aux plus vulnérables, qui certainement souffrent plus que d’autres, des conséquences de cette crise, comme ceux qui vivent seuls, souffrant de solitude, ceux qui manquent de revenus, et ceux, moins autonomes, privés de l’aide, etc.

C’est le moment de redoubler d’effort, pour venir en aide aux plus nécessiteux, et renforcer sa foi, par la main tendue à autrui.

C’est aussi le temps, de s’exercer dans l’activité domestique et de consolider ses capacités d’autonomie.

La fin du ramadan, est célébrée par l’Aïd-el-fitr, ou la fête du pardon. C’est un jour sacré où, tous profitent pour échanger salut et pardon, et où les enfants se réjouissent des moments de fête et des cadeaux que l’on leur offre.

Dr Brahim Benyoucef

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