Neuvième mois lunaire du calendrier hégirien, le Ramadan est le mois où les musulmans du monde entier observent le jeûne, qui est l’une des obligations rituelles religieuses de l’Islam.

Au-delà de son obligation d’abstinence (durant un mois, il est interdit au musulman,  ayant l’âge requis et qui pratique le jeûne,  de manger, boire, fumer et avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil), le Ramadan est un véritable phénomène social qui demeure complexe avec ses différentes  dimensions : religieuse, spirituelle, commémorative, sociale, économique… Il s’agit ici de s’intéresser au Ramadan au pays de l’érable comme un fait économique qui a des répercussions sur l’économie canadienne.

Le Ramadan stimule la consommation

Selon un sondage réalisé par la firme internationale Ipsos Mori en décembre 2016, les musulmans canadiens représentaient 3,2% de la population du pays. Statistiques Canada projetaient leur nombre à 1 400 000 en 2017, établies essentiellement en Ontario, notamment dans la région du Grand Toronto, et en second lieu au Québec, en particulier dans le Grand Montréal. Durand le mois de Ramadan, les musulmans de Canada à l’instar de ceux de reste du monde  sont amenés à modifier profondément leur vie sociale et économique. Quoique le Ramadan rime avec l’abstinence, la rupture du jeûne au coucher du soleil annonce les moments de célébrités et de réjouissances où les musulmans se livrent à cœur joie à une consommation exubérante. C’est cette consommation qui confère au Ramadan sa dimension économique et intéresse plusieurs secteurs de l’économie (agriculture, élevage, industrie agroalimentaire, commerce de détail, restauration…).

Il est de coutume, désormais, de voir les grandes surfaces souhaiter  un joyeux Ramadan aux musulmans en leur réservant des offres promotionnelles (produits halal et spécialités orientales) dans le but de capter cette consommation marginale, mais combien importante tout au long de ce mois. Plusieurs magasins, épiceries, boucheries, boulangeries et autres commerces  à Montréal et dans le Grand Toronto se réjouissent de l’arrivée de ce mois, car c’est l’occasion pour eux de réaliser le chiffre d’affaires le plus important de l’année. Durant le mois de Ramadan, les dépenses alimentaires des musulmans de Canada sont les plus élevées de l’année. Ces dépenses se déclinent en un large éventail  de denrées alimentaires : viandes, poissons et fruits de mer,  fruits et légumes, grains et produits céréaliers, produits de boulangerie, produits laitiers, boissons… Il n’existe pas de statistiques sur les dépenses en question, mais d’après les estimations faites sur les mêmes dépenses dans les pays européens, les musulmans de Canada rallongeraient leur budget alimentaire durant le mois de Ramadan d’environ 30%. Ces dépenses stimulent plusieurs secteurs de l’économie canadienne (agriculture, élevage, industrie agroalimentaire…), mais également les importations provenant notamment des pays d’origine des musulmans. Il n’est pas étonnant de voir sur les rayons de commerce de détail à Montréal des produits alimentaires (pâtes, boissons, produits laitiers, fruits et légumes…) provenant surtout des pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie).

Ramadan, marché halal et business

Il est incontestable que le Ramadan suscite une effervescence commerciale et stimule la consommation. Il est important d’étudier et d’évaluer ses impacts sur l’économie nationale, en mettant en exergue les traits de comportements des consommateurs musulmans durant ce mois, et comment la grande distribution s’y adapte ? L’impact économique du Ramadan nous mène au sujet de marché halal qui suscite autant de convoitise ! Le marché des aliments halal a connu au cours de la dernière décennie une croissance remarquable.  Il est estimé aujourd’hui à plus de mille milliards de dollars et représente 25% de la population mondiale. Pour les années à venir, ce marché présente un grand potentiel de croissance et des opportunités prometteuses. Beaucoup d’entreprises canadiennes produisent des aliments certifiés halal destinés au marché national, mais également à l’exportation.

Sofiane Idir

 

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