Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) sont fières de dévoiler la programmation de leur 22e édition qui se tiendra du 14 au 24 novembre. Avec une sélection de 154 films en provenance de 47 pays et de nombreuses discussions et activités gratuites, les RIDM se présentent plus que jamais comme un événement majeur pour le cinéma d’auteur documentaire.
Cette année, le festival présentera 20 premières mondiales, 17 premières nord-américaines, 17 premières canadiennes et 71 premières québécoises. Avec 57 films québécois et canadiens, les RIDM sont ravies d’offrir en primeur les films de cinéastes dont la réputation n’est plus à faire, tout en laissant la belle part aux nouveaux talents. Les récentes oeuvres de Sylvain L’Espérance et Marie-Claude Loiselle (Le chant d’Empédocle), Simon Beaulieu (Le fond de l’air), Brett Story (The Hottest August), Carlos Ferrand (Jongué, carnet nomade), Marlene Edoyan (La mer entre nous), Sofia Bohdanowicz et Deragh Campbell (MS Slavic 7), Tasha Hubbard (nîpawistamâsowin: nous nous lèverons), Yung Chang (This Is Not a Movie), Claude Demers (Une femme, ma mère) et Denis Côté (Wilcox) seront présentées en compétition nationale longs métrages.
Pour la 3e année consécutive, le festival est heureux d’assurer la parité chez les cinéastes invité.e.s et réaffirme son engagement de promotion du travail des réalisatrices avec la présence de 78 femmes cinéastes (pour 67 hommes). Cette année, le festival recevra pas moins de 42 artistes internationaux.ales, et 11 prix seront décernés aux films gagnants de la sélection.
Les RIDM sont ravies de lancer leur nouvelle programmation avec The Disappearance of my Mother, premier long métrage de Beniamino Barrese qui fait le portrait de sa mère Benedetta Barzini. Icône de la mode dans les années 1960, muse de Warhol et Dalí, cette dernière tente à tout prix de fuir les caméras. Le film sera précédé de la première mondiale de Nitrate, court métrage québécois signé Yousra Benziane, créé dans le cadre de la résidence Regards sur Montréal.
En clôture du festival, le film canadien Drag Kids suivra quatre pré-adolescent.e.s coloré.e.s qui partagent une passion commune : la performance en drag queen. Megan Wennberg capte avec un regard bienveillant leurs élans comme leurs moments de doute dans cette quête de liberté et d’expression de soi.
SOUTENIR LA RELÈVE
Ancrées dans l’actualité du monde et du cinéma, les RIDM portent depuis de nombreuses années une attention particulière aux nouveaux.elles cinéastes canadien.ne.s et internationaux.ales en accueillant leurs premières oeuvres. Sur le plan de la programmation internationale, on retrouve entre autres Chèche Lavi de l’Américain Sam Ellison, qui suit deux jeunes Haïtiens qui ont connu l’exil. Également, Swarm Season de Sarah Christman, tourné à Hawaï, qui plonge le spectateur dans une odyssée sensorielle en filmant les efforts d’une mère et de sa fille pour élever des abeilles sauvages résistantes aux intempéries. Pour sa part, While We Are Here nous transporte à New York, où Clarissa Campolina et Luiz Pretti cherchent des traces d’intimité au cœur des centres urbains modernes.
Du côté de la programmation nationale, 2019 marque la création d’une nouvelle compétition Nouveaux regards destinée aux premiers longs métrages. Cette compétition présentera Another Word for Learning (Jadis Mariette Dumas) sur l’éducation, les aspirations personnelles et l’héritage culturel d’une jeune fille d’origine Kwakwaka’wakw; Cavebirds (Emily Gan), sur la relation père-fille en explorant des questions d’amour, de foyer et d’héritage; Sisters: Dream & Variations (Catherine Legault) invite à découvrir l’univers créatif de deux artistes aux racines islandaises; Don’t Worry, the Doors Will Open (Oksana Karpovych) nous transporte en Ukraine à bord de vieux trains aussi désuets que surpeuplés, alors que Les yeux de mon amour (Rui Silveira) fait découvrir une tradition de village portugais inspirante. Cette nouvelle section est présentée en collaboration avec Post-Moderne et la Société civile des auteurs multimédia (SCAM).
Cette année, en plus des traditionnelles sections États du monde et Portraits, dans lesquelles on peut retrouver des films aussi fort qu’Adolescentes (Sébastien Lifshitz), véritable « Boyhood » documentaire au féminin qui suit deux amies de 14 ans à l’âge adulte ou encore Cunningham (Alla Kovgan), portrait en 3D du mythique chorégraphe, on note l’arrivée de 3 nouvelles sections au festival qui permettent de souligner les lignes de force des films de l’année.
LES NOUVELLES FORMES DE L’ACTIVISME
Le documentaire est le genre engagé par excellence. Les RIDM sont fières de présenter des oeuvres où les protagonistes osent se battre pour faire évoluer leurs sociétés, mais aussi des films qui intègrent la collaboration dans leurs modes de production. Le festival se réjouit d’annoncer la création d’une section de 8 films dédiée aux oeuvres activistes, intitulée Résistance. D’abord, on y verra des films inspirant la lutte pour le changement : Jordan River Anderson, le messager (Alanis Obomsawin) sur l’injuste traitement des enfants autochtones par le système de santé ; Advocate (Philippe Bellaïche et Rachel Leah Jones), portrait d’une avocate israélienne qui défend particulièrement les suspects palestiniens; et Ainsi soient-elles (Maxime Faure), qui met de l’avant huit religieuses octogénaires et féministes québécoises plus qu’inspirantes.
Pour d’autres oeuvres, l’activisme passe aussi par un changement radical des modes de production. Ainsi, le film marocain Amussu est co-réalisé par toute la communauté amazigh représentée dans ce film qui trace leur lutte contre une mine qui assèche leurs terres. Appel à la révolte, Espero tua (re)volta (Eliza Capai) est narré par trois participant.e.s des grandes manifestations étudiantes qui ont secoué le Brésil depuis 2013 et revisite des images tournées de l’intérieur jusqu’à l’élection de Jair Bolsonaro. Finalement, Pas d’or pour Kalsaka (Michel K. Zongo) documente un désastre environnemental en reprenant la forme du western.
REPENSER L’HISTOIRE
Nous n’avons jamais été aussi bombardé.e.s d’images et de nouvelles. À travers une sélection de films portant spécifiquement sur l’Histoire, les RIDM désirent mettre de l’avant des démarches passionnantes qui utilisent les archives pour réfléchir à l’impact politique des images, qui réécrivent l’Histoire, ou qui font un travail de recherche permettant de mieux comprendre le présent. La nouvelle section Histoire revisitée proposera 6 films qui examinent l’Histoire avec des regards contemporains.
Véritable historien visuel de l’ex-URSS, Sergei Loznitsa documente des célébrations aussi grandioses que grotesques dans State Funeral, entièrement composé d’images des funérailles de Staline, réfléchissant à l’impact politique de ces clichés. Lors du voyage monumental de 14 heures qu’est Women Make Film: A New Road Movie Through Cinema (Mark Cousins), on réapprend les facettes du 7e art uniquement à travers le travail remarquable des femmes derrière la caméra. Status and Terrain, de la cinéaste allemande Ute Adamczewski, présente des archives et plans tournés dans l’ex-RDA pour lever le voile sur les mesures politiques coercitives mises en place au début du siècle dernier, alors que Marceline, une femme, un siècle (Cordelia Dvorák) revient sur l’incroyable vie de l’épouse de Joris Ivens et amie de Simone Weil.
LA NATURE NOUS REGARDE
Alors que les signaux d’alarme de la crise climatique se multiplient, il est plus important que jamais de prendre des mesures concrètes, mais également de réévaluer notre rapport plus large à la nature. La nouvelle section Histoires naturelles, contenant 9 films, fera un saut dans le passé dans Space Dogs (Elsa Kremser, Levin Peter), qui s’interroge sur l’idée d’exploration comme sur notre rapport aux animaux. Le nouveau film de Nikolaus Geyrhalter, Earth, se penchera sur les marques que l’humain a laissé sur la planète, filmant la matérialité terrestre et ses chamboulements. The Seer and the Unseen (Sara Dosa) suit l’islandaise Ragga Jónsdóttir dans son combat pour défendre la nature face aux projets de construction qui sont en expansion depuis la crise financière de 2008. Dans la compétition nationale, The Hottest August (Brett Story) propose un portrait des plus lucides et empathiques de la société américaine contemporaine, entre Trump et les effets du réchauffement climatique. Le moyen métrage international Fordlandia Malaise (Susana De Sousa Dias) revient sur un projet industriel néocolonialiste mis sur pied en 1928 dans la forêt amazonienne. La section UXdoc fera aussi honneur à l’écologie avec SwampScapes, présenté en réalité virtuelle. Célèbrant l’écosystème exceptionnel des Everglades, en Floride, Kim Grinfeder, Elizabeth Miller et Juan Carlos Zaldivar suivent plusieurs spécialistes de cette région reconnue pour sa biodiversité sur fond d’images époustoufflantes.
RÉTROSPECTIVES
Laura Huertas Millán – Pour une ethnographie décolonisée
Colombienne établie en France, l’artiste Laura Huertas Millán crée des œuvres d’une grande richesse formelle et conceptuelle qui empruntent autant au documentaire qu’à l’ethnographie et aux arts visuels, tout en remettant en question les conventions de chacun de ces genres. Son travail de décolonisation de l’ethnographie traditionnelle est mis de l’avant avec une série de « fictions ethnographiques », où l’hybridation des genres et le recours à la fiction permettent une libération du regard colonial, l’émancipation des sujets et la création de nouveaux récits.
Luc Moullet – Un pied devant l’autre, un pas de côté
Enfant terrible de la Nouvelle Vague, le cinéaste français Luc Moullet réalise dix longs métrages et une trentaine de courts, des années 1960 aux années 2010, qui vont constituer au fil des ans une œuvre aussi atypique que profonde. Connus pour leur humour pince-sans-rire, leur dimension critique et antiautoritaire, leur esthétique bricolée et leur sens de l’absurde, les films de Moullet ont été loués par ses pairs (Godard, Straub, Rivette) malgré une démarche qui en a déconcerté plus d’un.
INTERSECTIONS
Les RIDM organisent de nombreuses activités conjointement à leur programmation de films. Ces intersections viennent enrichir la sélection de documentaires et de projets interactifs avec des conférences, des discussions, des ateliers, des concerts et des événements spéciaux tout au long des 11 journées du festival.
Ateliers
Dans le cadre de cette édition, les RIDM proposent un atelier autour du cinéma et de la conception sonore en collaboration avec le Laboratoire de création sonore de l’Université de Montréal. Autour du film Symphony of the Ursus Factory, l’atelier fera intervenir trois spécialistes de la question auditive dans un cadre documentaire.
Discussions
D’abord, Extrêmes images tentera de démystifier le rapport entre les images et l’extrême droite, une discussion modérée par Benjamin Ducol, responsable de la recherche au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence. Dans ce panel seront également présent.e.s Isabelle Porter, journaliste au Devoir, Samuel Tanner, professeur au Centre international de criminologie comparée, Gabriella Coleman, directrice de la Wolfe Chair in Scientific and Technological Literacy ainsi que Gabriel Allard, documentariste et créateur sonore (T’es où Youssef, La bombe).
Axée sur le rapport entre art et éthique, la discussion Du théâtre au cinéma : pratiques et éthiques documentaires sera modérée par Patricia Bergeron, qui présente cette année l’expérience hybride et participative Hotspot dans la section UXdoc. S’ajouteront à la discussion Philippe Ducros, metteur en scène, Kathia Rock, comédienne (Cartomancie du territoire), et les cinéastes documentaires Émilie B. Guérette (L’Autre Rio, RIDM 2017) et Will Prosper, qui présente cette année Kenbe la – Jusqu’à la victoire dans la section Résistance.
Projections-débats Suite à la seconde projection du film Sans Frapper, la réalisatrice Alexe Poukine, Anne-Martine Parent, professeure agrégée au département de littérature de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et Laurence Olivier, étudiante au doctorat en Études et pratiques des arts à l’UQAM, toutes deux du Centre Figura, échangeront avec le public lors du d’un débat intitulé Raconter l’indicible. Elles pourront répondre aux questions, écouter les opinions et partager leurs expériences avec un public participatif suite à la projection du documentaire qui aborde la délicate problématique du viol.
La projection du documentaire canadien Conviction, des réalisatrices Nance Ackerman, Teresa MacInnes et Ariella Pahlke, évoque le besoin d’un système judiciaire réparateur plutôt que punitif. De quoi auriez-vous eu besoin dans la vie pour éviter la prison ? Les réflexions des protagonistes Bianca, Treena, Laura et Caitlin, quatre détenues de Nouvelle-Écosse, donneront le ton à la discussion Réinsérer ou punir, menée par les réalisatrices du documentaire accompagnées de Aleksandra Zajko, directrice générale adjointe de la Société Elizabeth Fry du Québec.
Événements spéciaux
VISIONS, série de cinéma documentaire et expérimental, présente cette année des oeuvres du collectif féministe et avant-gardiste mexicain Los Ingrávidos. Deux séances de courts métrages cherchant à creuser l’imaginaire collectif seront proposés, maniant archives, mythologie aztèque et poésies révolutionnaires.
Animée par Matthieu Dugal, La soirée de la relève Radio-Canada est l’occasion de découvrir les courts métrages documentaires de cinéastes de la relève québécoise, en leur présence, le tout dans une ambiance chaleureuse et festive! Le Prix Radio-Canada sera remis à l’un.e des six cinéastes par un jury composé de professionnel.le.s du milieu documentaire. Les films seront ensuite disponibles sur ICI TOU.TV.
Élaboré par Le Carrousel international du film de Rimouski autour du thème de l’hiver, un programme de courts métrages internationaux destinés aux jeunes de 4 à 9 ans saura ravir ces spectateur.trice.s. Les séances sont suivies d’un atelier pédagogique et ludique où une collation sera offerte.
Afin de mettre en lumière le talent et l’importance des enjeux exposés par la jeune création autochtone, les RIDM et le Wapikoni mobile s’associent et proposent 7 X Wapikoni mobile : sept courts métrages présentés alternativement avant chaque film de la compétition nationale. Touchants, originaux et parfois désopilants, ces films permettent de découvrir de nouvelles voix et de célébrer le travail accompli par le Wapikoni mobile depuis 15 ans.
Pour souligner les 35 ans de Rapide-Blanc, une soirée spéciale aura lieu où fondateur.trice.s, proches partenaires et cinéastes marquant.e.s de l’histoire de la compagnie seront présent.e.s. Cette soirée sera l’occasion pour le public d’entrer dans l’imaginaire de cette compagnie de production. Le documentaire Oscar Thiffault (1988) de Serge Giguère sera présenté gratuitement avant la soirée.
La désormais traditionnelle séance d’écoute publique propose cette année la présentation de la pièce sonore française De rue et d’amour de Julien Baroghel. En début de séance, les trois courts métrages lauréats du concours 2019 « Le réel à l’écoute » seront également projetés.
Les RIDM présenteront également l’installation vidéo documentaire Dénombrement, un regard sur l’incarcération au féminin créée dans le cadre d’un projet d’art communautaire (mis sur pied par la Société Elizabeth Fry du Québec) par les protagonistes de l’oeuvre elles-mêmes, membres du collectif Art Entr’Elles, en collaboration avec la réalisatrice Émilie B. Guérette et le scénographe Hubert Lafore.
Dans un décor accueillant, L’inis présentera son programme Documentaire et son microprogramme Réaliser un documentaire accompagné de formateur.trice.s et de diplômé.e.s, et permettra au public de participer à divers échanges sur les éléments phares de la fabrication d’un documentaire.
Présenté par Radio-Canada, des extraits sélectionnés du balado Bienvenue à Cité-des-Prairies (ICI PREMIÈRE + URBANIA) pourront être entendus pour la première fois, nous plongeant dans le quotidien de cinq jeunes délinquants dans un centre de réadaptation au moment où deux intervenants motivés les invitent à participer à la Classique hivernale, une journée de hockey extérieur. La session d’écoute sera suivie d’une discussion animée par Marie-Ève Tremblay en présence du réalisateur Gabriel Allard-Gagnon, entre autres.
L’école interactive Jeunes pousses UQAM X ONF présente Bulle, un projet qui nous transporte à Montréal en 2050, dans un monde où les changements climatiques n’ont pas été considérés entraînant chaque individu à être responsable de son sort. Une présentation publique en présence des membres de l’équipe est organisée le mardi 19 novembre à 20h.
Programmation musicale
Les Beat Dox Sessions animent plusieurs soirées au quartier général des RIDM avec des concerts et des performances de DJ. Ces soirées sont l’occasion pour le public et les professionnel.le.s de se retrouver dans une ambiance festive après les projections. La programmation, conçue cette année par Pomeline Delgado, nous invite à danser sur de nombreux rythmes endiablés. Le public pourra se déhancher jusqu’au bout de la nuit grâce au son de Annie Sama, Akpossoul, NOVEMBER, Bibi Club, et bien d’autres encore.