Note de la journaliste : l’interview qui suit a été réalisée en 2021 mais n’a pas été publiée. Si elle est publiée aujourd’hui c’est parce que nous avons plus de recul sur le sujet pour en parler.

En mars 2021, un an après le début de la pandémie de Covid-19, le Québec vivait au rythme des mesures sanitaires et des défis auxquels devaient prendre part le personnel de santé dans les hôpitaux et les CHSLD.

Parmi ces « anges » comme on les appelait à ce moment-là, Mégane Lavoie qui a débuté son programme en Santé et Assistance en Soins Infirmiers en octobre 2019, soit bien avant le début de la pandémie. Avant même la fin de ses cours et au plus fort de la crise sanitaire, elle était déjà en poste dans une Résidence pour personnes âgées.

Dans ce contexte, nous l’avions contacté pour en savoir un peu plus sur les conditions de travail dans les CHSLD et aborder avec elle sa passion pour son métier.

L’initiative : pourquoi as-tu choisi ce métier ?

Mégane Lavoie : j’adore aider et prendre soins des gens. Dans ce métier je sais que je peux changer la vie des gens juste en leur apportant un peu de bonheur chaque jour, que ce soit en m’occupant d’eux, en les aidant à faire quelque chose de constructif ou juste en sachant comment les écouter quand ils ont besoin de parler. Peu importe à quel point mon quart de travail a été difficile. À la fin de ma journée, je suis heureuse, car je sais que mon travail a fait une différence dans la journée des résidents. 

Comment es-tu arrivée à travailler en Résidence pour personnes âgées ?

En général pour travailler en Résidence pour personnes âgées (RPA), cela requiert soit, un cours de préposée aux bénéficiaires ou d’autres études dans le milieu de la santé. Pour ma part je suis présentement étudiante en Santé et Assistance en Soins Infirmiers, ce qui se résume à un Diplôme d’études Professionnelles (DEP) d’environ 1 an et demi en tout. 

Quel est ton regard face à ton travail aux services aux aînés ?

C’est un travail qui peut être parfois exigeant, mais que j’adore. Au début j’avais peur de ne pas savoir comment approcher ou aborder les personnes âgées. Mais au fil du temps, je me suis  rendu compte qu’ils sont tous différents les uns des autres. Ils sont tous attachants à leur manière. En travaillant avec des aînés, nous nous rendons compte que ce sont eux avant nous qui ont bâti le monde dans lequel nous vivons et nous leur en devons beaucoup. C’est un travail où les résidents peuvent apprendre de moi ainsi que de mes compétences autant que moi je peux apprendre d’eux. Travailler avec eux me fait grandir de jour en jour. 

Quelles sont les nouvelles mesures au niveau des soins prodigués aux aînés qui ont changées ou qui ont été ajoutées depuis le début de la pandémie de la Covid-19 ?

En temps normal les résidents allaient manger tous ensemble dans une grande cafétéria. Maintenant ils se font livrer les repas et doivent manger seuls dans leur appartement. C’est non seulement plus de travail pour le personnel, mais c’est surtout plus difficile pour les résidents car pour certains, l’heure des repas était le seul moment qui leur permettait de sortir, de se voir et de parler avec des gens. De plus, toutes les activités comme la piscine, le billard ou la pétanque par exemple sont fermées dans la résidence, ce qui est aussi difficile pour certains résidents, car ils n’ont plus de passe-temps. 

Est-ce que ces mesures te paraissent plus lourdes ou sont-elles faciles à appliquer ? En discutez-vous entre collègues ?

Les mesures peuvent être parfois difficiles à appliquer, car les résidents se sentent comme « en prison », selon eux et c’est très difficile. Ce que je peux comprendre. Beaucoup sortent de leurs appartements quand même pour discuter avec leurs voisins ou leurs amis, d’autres ont de la difficulté à porter leurs masques correctement ou en tout temps. Nous devons beaucoup surveiller et avertir les gens, ce qui est difficile, car nous comprenons à quel point c’est difficile pour eux d’être seuls. Par contre, nous essayons de faire notre possible pour les aider. Par exemple, notre résidence à mis en place des parloirs, ce qui consiste à disposer des chaises face à face avec un plexiglas au milieu, ce qui leur permet de prendre rendez-vous et de pouvoir parler une vingtaine de minutes avec des membres de leur famille. 

Ce domaine peut paraitre difficile en raison des contacts avec des personnes âgées et plus à risque de contracter le virus. Est-ce que tu es inquiète et est-ce que tu penses au risque ? As-tu la même passion pour ton travail durant la crise sanitaire ?

C’est sûr que cela inquiète mes collègues et moi, mais nous avons tous les équipements et les formations nécessaires pour savoir comment bien nous protéger. Dans notre résidence nous avons eu moins de 10 cas de Covid-19 en un an, ce qui prouve que quand nous nous protégeons bien et que les résidents restent en quarantaine, nous sommes moins à risque de l’avoir. Pour ce qui est de mon travail en général, et ce, malgré le fait que c’est un peu plus difficile, ma passion pour mon métier demeure la même qu’au début. 

Aurais-tu un message à transmettre ?

C’est un métier qui peut parfois être difficile émotionnellement et stressant, surtout avec la pandémie. Je crois que c’est important de continuer à nous encourager et à nous récompenser pour nos efforts, ou du moins juste de reconnaitre tout ce que nous effectuons comme travail, à nous, les préposées dans le domaine de la santé.

Épilogue

Deux ans et demi après le début de la pandémie Mégane a fini sa formation. Elle est devenue infirmière auxiliaire et travaille toujours dans le réseau de la santé.

Propos recueillis par Carole Dumont

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