Après avoir publié Little Tulip en 2014, François Boucq et Jerome Charyn reviennent avec une suite exigeante de 152 pages qui est publiée dans la collection Signé aux éditions Le Lombard. New York cannibals[1] est une œuvre engagée dont il est important de s’attarder sur le tempérament de ces personnages au risque de dévoiler l’intrigue. L’exercice est périlleux, mais il a l’avantage d’inciter les lecteurs à feuilleter ce récit qui se déroule en 1990.

Azami Tanaka est une policière de New York au corps massif et aux impressionnants tatouages. Elle s’entraîne avec des hommes qu’elle bat à plate couture et elle carbure aux stéroïdes pour maintenir sa forme. Ceci a des conséquences indéniables sur son métabolisme au point d’affecter son corps de femme et sa capacité à avoir des enfants.

En tant qu’officier de police, Azami prend à cœur son métier et c’est lors d’une course folle à la poursuite de deux voleurs qu’elle trouve par hasard un bébé au milieu des ordures. La jeune femme à la corpulence imposante sort l’enfant délicatement du tas d’ordure et le berce de son regard comme on peut l’apprécier à travers la couverture du livre.

Little Paul entre dans la vie d’Azami et de Pavel son père adoptif. Ce maitre tatoueur qui est rescapé du Goulag veut le bonheur de sa fille. Malheureusement, il est vite rattrapé par les fantômes du passé qui resurgissent à travers la figure de Nadya, son amour de jeunesse. L’arrivée du petit Paul dans cette famille s’accompagne d’étranges événements qui conduiront l’officier Azami à mener son enquête.

L’ambiance réaliste, façon année 1990 et très bien créée par François Boucq et Jerome Charyn qui mettent en scène des décors typiques des quartiers de New York jusqu’aux bas-fonds de la ville.

Les traits des visages des personnages sont finement dessinés par François Boucq, comme pour mieux nous permettre de percevoir les émotions qui accompagnent chaque case de cet album qui surprend par son intrigue. Cette quête de l’authenticité recherchée, est comme qui dirait la marque de fabrication des auteurs, notamment de la part de Jerome Charyn, un natif du Bronx à New York qui imagine une histoire qu’il puise du plus profond de son imaginaire. Les deux auteurs, qui se connaissent depuis plus de 35 ans, ont travaillé ensemble sur La Femme du magicien (1986) Bouche du diable (1999) et Little Tulip (2014) et livrent une bande dessinée qu’il faut absolument découvrir.

L’atmosphère sombre de New York cannibals peut se résumer d’ailleurs en une phrase tirée du livre et qui en dit long : « Les malheureux dont l’âme est une errance sont les proies privilégiées des divinités voraces, qui plus que de chair ou de sang sont affamés d’âmes humaines ».

Réda Benkoula

[1] New York cannibals | Jerome Charyn, François Boucq | Le Lombard – Collection : Signé | Public : 15+ | 2020 | 152 pages

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