Afin de compenser les pertes financières occasionnées par la signature des accords commerciaux avec l’Union européenne (AECG) et du Partenariat Transpacifique (PTP), le gouvernement fédéral a décidé d’allouer une enveloppe de 1,75 milliard de dollars au profit des producteurs laitiers. Ce programme de compensation s’étale sur huit ans et s’ajoute au 250 millions de dollars déjà octroyés par Ottawa en 2018, suite à la signature de l’accord avec l’Union européenne. Ces indemnisations, rappelons-le, ne prennent pas en compte les éventuelles pertes entrainées par l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), qui n’est pas encore ratifié.

Ce sont près de 10 700 producteurs laitiers canadiens qui vont bénéficier de ce programme, dont presque la moitié se trouve au Québec. Ce programme prévoit des paiements directs aux producteurs en passant par la Commission Canadienne du lait. Ainsi, une ferme moyenne de 80 vaches laitières recevra une aide de 14 000 dollars chaque année et ce, pour une période de huit ans. Il faut préciser que cette somme sera doublée lors du premier paiement qui s’effectuera cette année. Selon les Producteurs de lait du Québec (PLQ), les pertes pécuniaires engendrées par les accords de l’AECG et du PTP seraient de 260 millions de dollars par an. Cela représente une part de 8% de la production laitière canadienne qui a été cédée dans le cadre de ces accords.

Un soutien stratégique pour maintenir l’appareil productif canadien

Toutes les facultés d’économie au monde nous enseignent qu’il n’y a pas de secteur agricole sans le soutien de l’État. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, le rôle de l’État dans le développement du secteur agricole n’a cessé de s’accroitre en raison de l’importance stratégique de ce secteur (croissance économique, commerce extérieur, sécurité alimentaire, défis environnementaux et sociaux…). L’appui du gouvernement fédéral aux producteurs laitiers s’apparente à ce paradigme de développement du secteur agricole, qui consiste à assurer le maintien de l’appareil productif en le mettant à l’abri des soubresauts du marché mondial. Il est important de rappeler que l’industrie laitière vient au deuxième rang du secteur agricole canadien et génère environ 20 milliards de dollars à l’économie canadienne. L’enjeu donc est de taille, car il s’agit d’un secteur porteur aux effets d’entrainement importants (l’industrie laitière se situe en amont du secteur de la transformation alimentaire) quoique le Canada ne soit pas un grand exportateur de produits laitiers. En effet, sa production de lait et de produits laitiers est destinée essentiellement aux marchés intérieurs.

Par ce programme de compensation, le gouvernement canadien reconnait les pertes inhérentes aux accords de libre-échange (AECG et PTP) et exprime sa volonté de préserver l’industrie laitière nationale, déjà protégée par le système de gestion de l’offre (planification de la production nationale, réglementation des prix et contrôle des importations des produits laitiers).

En somme, les producteurs de lait du Canada se réjouissent de ce programme et espèrent que le gouvernement fédéral prendra les mêmes mesures une fois l’Accord Canada-États-Unis-Mexique ratifié.

Sofiane Idir

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