Avec Rosa Chumbe, le réalisateur Jonatan Relayze Chiang signe sa première œuvre cinématographique. Après 12 court-métrages, il se lance dans le grand écran avec une certaine dose de « réalisme magique ». Relayze Chiang avoue qu’il n’a pas appris le métier sur les bancs d’école, mais plutôt « en regardant des films. »

Son long-métrage se veut un hommage à cette mégalopole, Lima, car il y a habité un peu partout dans cette grande ville. En octobre, par exemple, la ville se teint de « pourpre ». C’est le culte religieux d’origine catholique à une image peinte par un esclave noir au milieu du XVIIème siècle. L’histoire du « Seigneur des Miracles » raconte qu’après un tremblement de terre important, le mur où a pris forme l’image resta sur pied. Il est vénéré depuis par des millions des fidèles catholiques au pays et dans le monde au moyen des impressionnantes processions. C’est le contexte culturel du film que d’autres films péruviens ont aussi exploré (Octubre, 2010, Daniel et Diego Vega Vidal ; et El Evangelio de la carne, 2013, Eduardo Mendoza de Echave)

Le film conducteur du film est donné par l’histoire d’une policière, Rosa Chumbe, prise avec des problèmes d’alcool. On soulève ainsi des questions de sécurité interne : des policiers mal payés qui, souvent, survivent de peine et misère en faisant leur métier et d’autres « tâches » connexes. Une problématique qui traverse l’ensemble du continent latino-américain. Les difficultés socioéconomiques peuvent facilement pousser les gens vers l’autodestruction. Sa fille, mère aussi d’un enfant, contribue à l’approfondissement des conflits personnels. 

Tombant enceinte à nouveau, il cherche à se défaire de cette nouvelle responsabilité. Elle vole l’argent de Rosa et trouve une clinique d’avortement clandestine. Rosa, la policière, qui a déjà assez de problèmes au travail à cause de ses déboires avec l’alcool, doit s’occuper de l’enfant…

Elle retrouve alors une certaine joie de vivre, mais l’alcool est toujours là… Intoxiquée, elle étouffe sans intention l’enfant. Elle est en choc. Elle souffre. Elle veut le sauver, se sauver. Une course effrénée vers la procession du Seigneur des Miracles s’ensuit. Elle réussit l’impossible, s’approcher de l’image de quelques mètres. Le lendemain, c’est la résurrection de l’enfant. Miracle ou hallucinations produites par une importante consommation d’alcool ? Selon le réalisateur, la première option s’impose. Ce n’est pas toutefois l’œuvre d’une entité religieuse, mais plutôt d’une « force » collective qui se dégage de ces milliers de personnes réunies en procession. « C’est un moment fort de sens, un moment où les frontières sociales s’effacent et produisent une énergie incroyable, c’est ce que j’ai voulu montrer. »

Plusieurs problématiques d’ordre social sont soulevées dans le film (situation difficile vécu par les policiers, l’insécurité dans les grandes villes, la question de l’avortement, etc.), mais aucun n’est approfondi davantage. De plus, Rosa Chumbe retrouve un sens à la vie, mais sa fille, elle ? On comprend mal qu’est-ce que devient cette vie qui se déroule de manière parallèle à celle de Rosa. Dans un autre registre, la photographie est excellente et le désir de montrer Lima sous toutes ses couleurs est bien présent. On attend certainement d’autres travaux du réalisateur Relayze Chiang dans un pays où on fait peu ou prou pour son cinéma.

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