La pandémie actuelle oblige la quasi-totalité du globe à avoir recours à la quarantaine, une mesure draconienne moyenâgeuse pour prévenir la propagation d’une maladie à spectre de contagion extrême. Petit éclairage historique sur la notion de quarantaine. 

La quarantaine consiste à isoler des personnes, des animaux, ou des végétaux durant un certain temps, en cas de suspicion de maladies contagieuses et ce, dans le but d’empêcher la propagation. En empêchant les personnes d’avoir des contacts avec des individus sains se trouvant à l’extérieur de la zone de confinement, on diminue grandement les risques de contagion et les maladies infectieuses finissent par disparaître d’elles-mêmes. Il s’agit d’une mesure de type barrière physique ; donc une des méthodes de prévention et de gestion des risques liés aux pandémies, notamment. Lorsqu’il s’agit de personnes malades « confinées », on parle plutôt d’isolement.

Les origines de la notion de quarantaine

Aux grands maux, les grands remèdes, dit l’adage. La quarantaine est une procédure vieille comme le monde, qui a fait ses preuves à travers les siècles. On en trouve d’ailleurs, quelques traces dans l’Ancien Testament. Plus tard, elle fut imposée pour faire face à la terrible peste au Moyen-Âge. La république de Raguse (l’actuelle Dubrovnik) imposa, en l’an 1377, un retrait préventif à tous les navires qui y arrivaient. Ceux-ci étaient détournés vers une île pour une durée variant entre 30 et 40 jours, d’où le nom de quarantaine.

L’application de la quarantaine à travers les âges

Relativement facile à appliquer, cette pratique fut remise en vigueur pour contrer le choléra dans les Indes orientales autour de 1827. Devenue pandémie, l’épidémie décima la population en tuant plus de 7000 personnes à Londres en 1832 et 18 000 Parisiens. Se propageant par voie orale mais aussi, par les eaux souillées. La forme la plus aigüe de la maladie provoquait le décès en quelques jours.

La mondialisation : facteur de propagation

Le phénomène de la mondialisation précipite actuellement, la vitesse et les échanges de propagation des épidémies. C’était le cas également, au XIXe siècle, alors que le choléra asiatique originaire d’Asie, s’est propagé vers l’Europe. Il a ensuite, rejoint l’Amérique lors de l’arrivée d’une tranche de population immigrante européenne pauvre.

Tirer du canon pour vaincre un ennemi infinitisme

Pendant longtemps, les habitants ne savaient quoi faire face à une épidémie dont on ne comprenait pas les causes. Non seulement les gens brûlaient-ils du charbon pendant la quarantaine, mais ils tiraient également des coups de canon, croyant ainsi, assainir l’air.

Grosse-Île, la porte d’entrée vers le Canada

Les Amériques du XIXe siècle ont réagi en organisant leur propre système pour empêcher l’arrivée du choléra sur leur territoire, mais également celle du typhus, alors qu’on assistait à une importante vague d’immigration en provenance des îles britanniques. Le poste de quarantaine des colonies du Haut et du Bas-Canada se situait alors, à Grosse-Île, à deux douzaines de milles marins en aval de Québec. Le site, propriété d’un particulier, fut réquisitionné manu militari le 1er mai 1832, pour devenir un poste insulaire où les navires étaient inspectés et désinfectés et où on isolait les migrants, malades ou sains.

Un échec monumental et des milliers de victimes

En dépit de l’instauration d’une île de quarantaine, le choléra se propage au Québec et se répand en quelques jours alors qu’elle fait 4000 victimes. Montréal est la plus touchée et ses morts sont enterrés au fur et à mesure, là où se trouve aujourd’hui, le square Dominion.

Outre la propagation du choléra, les installations de Grosse-Île ne suffisaient pas non plus, à enrayer l’épidémie de typhus qui ravagea des milliers d’Irlandais cherchant à fuir la Grande Famine de 1845-1849. L’île devait accueillir environ 100 000 réfugiés en une saison, soit le triple qu’en temps habituel. Le typhus fauche alors, 5424 rescapés parmi lesquels ses trouve du personnel soignant.

Des mesures qui permettent d’améliorer l’efficacité des mises en quarantaine

Les multiples essais et les erreurs ont tout de même, permis de raffiner le processus de filtrage des individus. À compter des années 1860, le gouvernement canadien prend la relève des Forces armées canadiennes pour la gestion des quarantaines, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. On y construit un hôpital en 1881 et le nombre de cas contagieux qui se rétablissent, augmente d’année en année, malgré le nombre des décès qui demeure lourd. Ainsi, 41 patients sont guéris en 1900, 167 en 1901 et 1700 en 1913. Ceci s’explique entre autres, par l’amélioration des mesures sanitaires et des conditions de voyage.

Une loi pour légiférer les périodes de quarantaine obligatoire

Plus près de nous, la Loi sur la mise en quarantaine du Canada (2005) précise qu’un agent des douanes peut maintenant ordonner l’isolement d’un voyageur, mais aussi sa désinfection et un traitement médical à la suite d’un examen. Plus de 21 millions de visiteurs entrent dans le pays chaque année en provenance de 3500 villes du monde.

Martine Dallaire

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