« Je suis une artiste peintre qui croit en la magie de l’art qui s’opère grâce au partage et à l’échange, l’Art joue un rôle important dans nos vies…»
Notre première rencontre avec Soraya Melouk nous a été si instructive que nous lui avons demandé une seconde entrevue, chose à laquelle elle a aimablement et immédiatement acceptée. Dans cette seconde partie de notre sujet « l’Art thérapie et la force des couleurs, Soraya nous explique comment tout commença pour elle, sa communion avec l’art, ses projets d’élargir ses activités à d’autres hôpitaux, son expérience avec un jeune malade, ainsi que son intervention à l’université d’architecture d’Alger. Un récit coloré par la tristesse et la joie, par l’envie de s’exprimer à travers les sensations que procurent ce pouvoir immense et l’effet que peut avoir un tableau sur l’esprit de l’homme. Tant d’expériences vécues, de rencontres décisives, d’amitié et de générosité partagées, que notre artiste peintre a su transformer en énergie positive qu’elle tente d’échanger à travers sa vision des couleurs et des signes qu’elles transmettent. En lisant ces citations, ne confondez pas entre comptes pour enfants et réalités vécues, c’est la belle histoire de la rencontre entre l’art et Soraya, et des merveilleuses ondes positives qu’elle a réussie à partager.
Suivons ensemble, l’émouvante histoire d’un enfant malade, le petit Abdelghani, que Soraya a accompagné dans sa peinture. Ce fut un moment si émouvant, mais magique à la fois ! Les êtres sensibles pourront verser une larme ou deux, les artistes ne pourront qu’apprécier.
Soraya Melouk – Citations :
« La peinture est venue à moi…»
« La peinture est venue à moi il y a à peu près une dizaine d’années. Je suppose que ça a été un besoin profond intrinsèque d’expression, un besoin de porter un regard positif sur la vie et de le partager avec tous. J’ai appris en peignant, à découvrir la matière, la peinture. Je peignais au départ pour mon mari et pour ma famille, jusqu’au jour où j’ai rencontré le directeur pédagogique des Beaux-Arts d’Alger, Monsieur Zerka, lequel m’a conseillé de continuer à peindre spontanément. Grâce à cette rencontre, j’ai commencé à avoir confiance en ma peinture. J’ai partagé mes œuvres sur les réseaux sociaux, j’ai exposé mes tableaux en Algérie et au Maroc. A travers les dires des personnes qui ont vu mes tableaux j’ai compris qu’un tableau avait l’extraordinaire possibilité de toucher celui qui le regarde et de faire surgir des sentiments positifs. Je suis une artiste peintre qui croit en la magie de l’art qui s’opère grâce au partage et à l’échange, l’Art joue un rôle important dans nos vies… »
« J’ai décidé d’élargir mon action à d’autres hôpitaux d’Alger, comme celui de Birtraria, et dans un avenir proche, à d’autres »
« D’après les dires des personnes, ma peinture susciterait des sentiments agréables. C’est pour cette raison que j’ai pris la décision d’offrir une collection de 12 œuvres à l’hôpital Parnet. En constatant l’impact positif sur les malades ainsi que les accompagnateurs et le personnel hospitalier, j’ai décidé d’élargir mon action à d’autres hôpitaux d’Alger, comme celui de Birtraria et dans un avenir proche à d’autres. Née au Maroc où j’y ai vécu toute mon enfance jusqu’à l’âge de 18 ans j’ai naturellement pris la décision d’offrir une collection de 12 tableaux à l’hôpital public du « 03 aout » à Casablanca, au service d’oncologie. J’offre mes tableaux avec beaucoup de joie aux services pédiatriques de ces hôpitaux, car j’ai conscience qu’ils agiront, ils joueront un rôle bénéfique au sein du service. Il devenait essentiel pour moi de comprendre les facteurs qui déclenchent ces sentiments positifs »
« Un moment de partage inoubliable, une aventure si intense avec le petit Abdelghani »
« J’ai décidé de peindre à chaque séance avec un seul enfant car un tableau ne peut contenir qu’une seule histoire et je souhaitais la vivre pleinement avec l’enfant. Mon premier tableau avec Abdelghani a été un moment incroyable, une fusion s’est créée entre cet enfant de 14 ans, les couleurs, les mouvements de son pinceau et moi-même. J’en ai été la première surprise. J’arrivais à lui expliquer au fur et à mesure par, je ne sais quelle inspiration, le sens des couleurs qu’il choisissait. Ce moment, ce partage a été inoubliable pour moi, si intense et surtout si révélateur. Abdelghani a débuté en peignant toute la surface de la toile en rouge, je compris qu’il représentait son vécu douloureux du moment, la maladie, le rouge dans ce contexte est la couleur du sang donc de la maladie. Puis il décida d’utiliser sur le rouge, sur la maladie le jaune pour peindre au milieu de la toile un soleil avec ses rayons, je compris que le jaune représentait ici l’espoir. Le jaune est la couleur du soleil, de la lumière et donc de l’espoir. Ce dernier venait s’installer sur la maladie pour lui dire de façon claire qu’il était présent dans sa vie malgré la maladie… »
« Abdelghani s’était ouvert à l’art et à sa magie… »
« Ensuite, il choisit le violet qu’il plaça sur sa palette, cette couleur représentait pour moi à cet instant la tristesse qui accompagne naturellement l’épreuve de la maladie. Il choisit d’un geste vif le bleu qu’il mélangea sur sa palette au violet. Ce fut un moment magique, car je compris alors que les couleurs nous transmettaient à ce moment un message clair. Le bleu qui représente nos croyances a effacé totalement le violet, ce qui signifiait que la tristesse sera remplacée par un moment de joie, ce moment était si rassurant. Sur les côtés il a choisi le vert, la couleur de la nature et donc de la vie. Puis il y eut un moment particulier pour moi, car il choisit la couleur orange qu’il plaça entre les rayons du soleil, j’avoue qu’à ce moment je ne trouvais pas d’explication, il leva les yeux vers moi et me dit avec un immense sourire que cette couleur me représentait sur son tableau et effectivement ce jour-là je portais un t-shirt orange. Je fus très émue car il me prouvait qu’il vivait intensément sa création et qu’il avait saisi le sens des couleurs et du partage. Abdelghani s’était ouvert à l’art et à sa magie…
Quelques semaines plus tard je demandais des nouvelles de mon nouvel ami à une responsable de l’hôpital, qui me dévoila à ma grande surprise, une si belle nouvelle, que de nouveaux tests avaient contredit les premiers et que Abdelghani n’avait pas de cancer comme nous le pensions lors de notre partage. Le bleu avait donc effectivement effacé le violet »
« Une rencontre fructueuse avec le professeur Ikhlef de l’école d’architecture d’Alger (EPAU) »
« J’ai eu le plaisir d’être contacté par un Professeur d’architecture monsieur Ikhlef qui s’intéressait à mon parcours. Il m’a invité à l’école d’architecture d’Alger (EPAU) pour expliquer à un groupe d’étudiants de première année mon expérience. J’ai utilisé deux de mes tableaux comme support pour démontrer le sens des couleurs, pour montrer leur capacité à toucher l’inconscient et enfin leur pouvoir à agir sur notre vision du monde. Je tenais à les convaincre que les couleurs ont une importance évidente dans leur métier de futur architecte. Ils seront en effet les bâtisseurs de l’avenir et pourront nous construire une Algérie positive… »
Hamid Si Ahmed