Paru en 2009 sous le titre The horse Dancer et traduit par Odile Carton Où tu iras j’irai[1], 2019, le roman de Jojo Moyes qui comprend 727 pages trace le lien étroit entre l’homme et le cheval. À travers cet animal, de forte élégance se dessine les différents caractères qui changent en fonction du milieu où il réside.

L’ambition de Sarah est d’intégrer la prestigieuse école d’équitation du Cadre noir. Sans répit, elle s’entraine avec Boo, le cheval que son grand-père lui a offert. Ce grand-père affectueux tombe malade. Pendant son séjour à l’hôpital Sarah est livré à elle-même. Elle rencontre par un concours de circonstance, l’avocate Natascha. Un lien se crée entre elles au point où elle l’héberge chez « elle ». Un chez soi qui d’ailleurs n’est que temporaire puisque cette avocate est en instance de divorce et que la maison qu’elle partageait avec Mac doit être vendue. La cohabitation avec Mac se fait pour maintenir l’équilibre de Sarah, évitant les multiples familles d’accueil. Dans cette vie « raccommodée » Sarah ne pense qu’à son cheval Boo. Elle n’a pas les moyens pour le mettre à l’abri. Le loyer du lieu où il se trouvait n’est plus assuré. À son tour, il est trimballé sans que sache forcément Sarah où il se trouve. Une grande inquiétude l’envahit. Un parallèle se tisse au long de la narration entre la vie de Sarah et celle de son cheval. La relation de Mac et Natscha qui se fissure laisse arriver de nouveaux conjoints, Maria et Conor. Des situations déstabilisantes sont racontées par l’auteure. Des signes de jalousie se manifestent démontrant la complexité et le paradoxe des sentiments.

Les propos de Xénophon sont cités à chaque chapitre. Ce philosophe de la Grèce antique devient un support de l’écriture d’un côté et de la lecture de l’autre côté. La relation entre l’homme et le cheval met en exergue le perpétuel basculement entre l’esprit du dominé et du dominant. En d’autres termes, celui qui sait où il va n’a nul besoin d’être débourré.

Xénophon considère dans De l’art équestre, que la majesté des hommes se révèle dans l’élégance avec laquelle ils traitent les animaux. En effet, Sarah se sauve pour aller voir son cheval. Mac et Natascha qui prenaient soin de Sarah, en attendant la sortie de son grand-père de l’hôpital, ne comprenaient cette attitude. Ils étaient convoqués chaque fois pour qu’on leur annonce l’absence de Sarah de l’école. Malgré leur dévouement aussi bien affectif que financier, ils n’ont pas réussi à procurer à cette adolescente un véritable bien-être. Agitée et continuellement frustrée, elle n’a d’yeux que pour son cheval. Tout ce qui lui est donné, elle le consacre à la récupération de son cheval. C’est sur son dos qu’elle sera hissée.

Où tu iras j’irai, roman de Jojo Moyes, auteure dont Avant toi a été adapté au cinéma, écrit dans un sens aigu de la profondeur. Elle invite le lecteur à trouver ses points d’ancrage pour que son propre rêve soit réalisé.

Lamia Bereksi Meddahi

[1] Jojo Moyes, Où tu iras j’irai, Éditeur Milady, 2019, 727 pages.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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