Le premier roman de Juliette Adam[1] Tout va me manquer[2] s’inscrit dans l’esprit d’une rencontre entre Etienne et Chloé. Lui, vit avec son grand-père qui semble perdre la raison à cause de la mort de sa fille Hannah. Elle vit avec ses parents qui ne la comprennent pas. Chacun de son côté souffre sans pour autant savoir les raisons de ses sautes d’humeur.
Etienne travaille dans un magasin de jouets. L’ennui se fait sentir de jour. Englouti dans une routine, ses faits et gestes sont automatiques, ne manifestent aucun enthousiasme. Lors d’un carnaval, il se fait frapper par erreur par une inconnue. Elle suit ses pas et les rencontres ne se font plus par inadvertance. Elle révèle tout ce qui était enfoui en lui, en elle. Les lieux où ils se croisent, piscine, cinéma…sont l’écrin où leur intériorité tente de s’exprimer.
Parmi les personnages qui accompagnent le parcours de Chloé se trouve Nina. Elle est aimée et détestée en même temps. Elle est l’amie et l’ennemie, la confidente et la personne à fuir. Le professeur Martel qui est là pour orienter la vision des choses a aussi ses instants de souffrance. Il rappelle le sens de la paternité et ce qu’elle engendre comme responsabilité.
Dans le souci du détail, Juliette Adam écrit : Il faut se jeter pour apprendre à se laisser emporter par les événements (p. 135). À la fin du roman, Chloé fait un geste et exhorte le lecteur à imaginer ses conséquences.
Le roman Tout va me manquer transporte le lecteur dans une telle description aussi bien des lieux, des gestes, des personnages qu’il pourrait devenir le scénario d’un film projeté au cinéma.
Lamia Bereksi Meddahi
[1] Elle vit à Paris et a dix- huit ans.
[2] Ed/ Fayard, 2020, 267 pages.