Le livre Pour les musulmans1 de Edwy Plenel qui vient de paraître met en exergue l’amalgame auquel sont confrontés les musulmans. Dès le début, il cite d’abord Montaigne : « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition »2 puis E.Zola: « La république est envahie par les réactionnaires de tous genres, ils l’adorent d’un brusque et terrible amour, ils l’embrassent pour l’étouffer»3. Estimant que l’origine de la personne importe peu : « L’origine ne protège de rien, seules les vies font preuve, leur chemin, leur cohérence »4 Edwy Plenel donne des exemples relevant de l’histoire que le racisme a toujours existé et il a souvent cherché à trouver des fondements pour s’exprimer : « Loin de nous protéger, cette réduction des musulmans de France à un islam lui-même réduit au terrorisme et à l’intégrisme est un cadeau offert aux radicalisations religieuses, dans un jeu de miroirs où l’essentialisation xénophobe justifie l’essentialisation identitaire. Telle est l’alarme que je veux faire entendre, en défense des musulmans, dans la diversité humaine de ce que ce mot recouvre »5.

Dans la mesure où il y a confusion tant au niveau social que culturel, les crispations et les méfiances se mettent en place pour montrer que l’autre, soit disant différent, représente un danger pour la population: « Selon eux, l’islamophobie relèverait de la liberté d’opinion et d’expression, et, à ce titre, les manifestations de haine qu’elle inspirerait, que ce soit à l’encontre du culte musulman ou de ses croyants, ne sauraient tomber sous le coup de panache. Suivant ce dangereux raisonnement, l’agression d’une femme voilée ne serait qu’un acte du militantisme contre une pratique jugée comme une forme d’oppression à l’égard des femmes»6. En effet, tout est mis en place au nom de la religion musulmane qui, quelquefois, est comprise comme entrave à la liberté. Mais celui qui pratique dignement et dans un cadre privé et non public sa religion, ne se permet aucunement de faire du mal aux autres ni même de prêcher le mal dans des lieux de culte. Faîtes attention à ne pas confondre : Edwy Plenel explique clairement qu’il est vain d’exclure ce musulman, qui est souvent ciblé comme un étranger : « (…) Car le souci, c’est que cet étranger n’est pas en dehors, il est aussi à l’intérieur. Parmi nous, entre nous, l’un d’entre nous. Musulmans, arabes, maghrébins, immigrés, enfant d’immigré, voisin, cotisant à la sécurité sociale, produisant des richesses, créant des œuvres, animant nos villes, participant à l’avenir de la France…Et c’est cette part de nous-mêmes que ces discours officiels irrésistiblement suivis d’actes, de circulaires, d’arrêtés, de décrets de lois etc…nous habituent à rejeter comme étrangère, bref à l’exclure »7. D’une manière générale, on parle de ce qui ne nous ressemble pas de façon à ce qu’on le démonte tant au niveau culturel que politique. Lamia Bereksi Meddahi (L’initiative) 1 Edwy Plenel, Pour les musulmans, Ed/La découverte, 2014. 2 Montaigne, Essais livre 3, Chapitre2 « du repentir». 3 E.Zola, Lettre à la France, 07 Janvier 1898. 4 Edwy Plenel, Pour les musulmans, Ed/La découverte, 2014, p. 15. 5 Id, p. 28. 6 Ibid, p. 21. 7 Ibid, p. 63.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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