La 20e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) se poursuit en force avec une multitude d’invités, de projections et de discussions permettant d’explorer les oeuvres documentaires les plus stimulantes de l’année.

Depuis plus d’un siècle, le cinéma est devenu en quelque sorte la mémoire visuelle du monde. Sa capacité à capter les grands moments de l’histoire et à agir comme outil de résistance est traitée de front dans Spell Reel et In the Intense Now. Deux films puissants qui réfléchissent sur la décolonisation de la Guinée-Bissau et les grands bouleversements politiques de 1968. Des retours nécessaires sur l’histoire qui font écho, d’un point de vue local, à la démarche de Carlos Ferrand pour son essai follement original 13, un ludodrame sur Walter Benjamin.

Le cinéma engagé fait partie de l’ADN des RIDM, et la sélection 2017 propose des films qui parviennent brillamment à en renouveler la forme, qu’il s’agisse d’Also Known As Jihadi, un thriller énigmatique sur l’endoctrinement jihadiste; de Rat Film, une analyse percutante des inégalités au sein de la ville de Baltimore qui réinvente le film activiste en pamphlet historico-futuriste; ou encore de Brexitannia, une variation passionnante sur le mode du film d’entrevues qui complexifie les enjeux du célèbre vote britannique.

L’engagement du cinéma documentaire s’exprime également à travers la profonde empathie qu’il parvient à susciter envers des protagonistes inoubliables. Parfois, la démarche est autobiographique, comme dans Room for a Man, autoportrait aussi original que touchant d’un jeune homosexuel libanais au sein de sa riche famille conservatrice. Ou encore Edit&moi, fondé sur l’expérience d’aide à domicile d’une cinéaste slovaque au Québec. Mais le portrait peut également être le fruit d’une sincère curiosité envers autrui. Que cet autre soit un violoniste top modèle narcissique dans le troublant A Modern Man, ou des hommes de train perdus au milieu de nulle part dans All That Passes By Through a Window That Doesn’t Open. Enfin, le portrait peut également émerger d’un travail collectif et interactif comme dans l’expérience en ligne Zeki Müren Hotline, un hommage vibrant à un chanteur turc immensément populaire et icône de la communauté LGBTQ+.

À l’autre bout du spectre, le documentaire peut devenir une expérience audiovisuelle hors du commun, qu’il s’agisse d’explorer la vie d’une poignée d’hommes et de femmes coupés du monde sur une île aux airs de post-apocalypse dans Carcasse ou de plonger au coeur d’un festival mexicain de feux d’artifice aussi hypnotique que manifestement dangereux dans Brimstone & Glory.

Présenté en première nord-américaine avec le soutien du Service de coopération et d’action culturelle du Consulat de France à Québec, le documentaire Nothingwood clôturera le festival ce samedi 18 novembre à 19h à l’Auditorium des diplômés de la SGWU, (H-110), à l’Université Concordia, en présence de la cinéaste Sonia Kronlund. Un film aussi truculent que subtilement critique qui, à travers le portrait du roi de la série Z en Afghanistan, réfléchit à la mince ligne entre réalité et fiction dans un pays où les drames à grande échelle demeurent quotidiens.

Cette projection spéciale sera suivie de la soirée de clôture, présentée en collaboration avec CISM. Les festivaliers seront conviés dès 22h au Quartier général des RIDM, situé à la Cinémathèque québécoise (335 boul. de Maisonneuve Est) pour une soirée dansante animée par l’électro-pop revisitée de Doldrums, Beige-à-coeur, Syzzors et DJ Voila.
La 20e édition des RIDM se déroule du 9 au 19 novembre 2017 à la Cinémathèque québécoise, au Cinéma du Parc, au Cinéplex Quartier Latin, au Pavillon Judith Jasmin Annexe (UQAM), à l’Université Concordia.
Informations : www.ridm.ca / info@ridm.ca

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