Né en 1969 en Tunisie, le Nouvelliste et scénariste de bande dessinée français Olivier Appollodorus qui signe ses œuvres sous le pseudonyme d’Appollo a vécu au Maroc, en Angola et en République démocratique du Congo avant de s’établir à La Réunion, où il exerce notamment en tant que professeur de français.

L’auteur qui puise son inspiration de son vécu et de ses voyages, partage à travers la nouvelle et la BD son regard sur le monde. Parmi ses œuvres en tant que scénariste de BD, on retrouve Les voleurs de Carthage, ou encore La Grippe coloniale pour lequel, il a reçu en 2004 le Grand Prix de la critique de l’ACBD pour le tome 1, et en 2012 le Prix du meilleur album en langue étrangère au FIBD d’Alger pour le tome 2.

Lorsqu’il publie en 2013 dans le numéro 2 de la revue Kanyar, une nouvelle qui s’intitule La désolation, Appollo ne peut imaginer que son œuvre connaitra une seconde vie en format BD comme on peut la découvrir aux Éditions Dargaud.

Cette adaptation qui s’adresse au public adolescent et adulte est aussi bien surprenante qu’inquiétante, dans la mesure où le récit de La désolation[1] ne laisse rien présager de la tournure des événements qui auront lieu par la suite.

En effet, alors que l’on pense embarquer dans un récit de voyage, on ne peut qu’être surpris par l’aventure angoissante que va vivre Jean-Louis Payet qui a choisi de tout quitter vers un ailleurs nouveau et loin de tout.

Originaire de La Réunion, Jean-Louis a choisi de changer de nom pour Évariste. Il quitte son île natale pour oublier sa fiancée Amandine. Il vend sa voiture et embarque sur le Marion Dufresne un bateau scientifique qui accueille des passagers dans un périple de 8.000 km en directions des Îles Kerguelen. Il médite sur le pont du navire en fumant sa cigarette :

  • Je ne suis plus rien désormais : ni fils, ni frère, ni amant. J’ai vendu ma bagnole, je ne suis plus Jean-Louis, je suis Évariste, je me suis choisi mon nom, je suis un homme neuf.

Narrateur de son propre récit, Évariste nous précise les conditions de son voyage :

  • Attention : il ne s’agit absolument pas d’une croisière classique mais d’une « tolérance » de passagers sur le bateau ravitailleur des TAAF. Le programme à terme est étroitement conditionné par la météo et par le déroulement des opérations de ravitaillement des bases.

Dans ce périple où les rencontres sont circonstancielles, voyageurs, scientifiques et membres d’équipage cohabitent et apprennent à se connaître pendant ce long trajet.

L’arrivée à l’archipel des Kerguelen n’a rien de palpitante et encore bien moins en apercevant le quai de Port-aux-Français, dont la population hivernale ne dépasse pas les 97 âmes. L’austérité des lieux est à l’image des émotions qui envahissent la pensée d’Évariste :

  • C’est un mélange d’excitation et de dépression, l’impression d’être seul au monde d’être le dernier homme.

Le récit d’Appollo prend forme de manière visuelle sous l’impulsion graphique de Christophe Gauthier qui réussit, à travers ses dessins, à créer une atmosphère qui nous attire inexorablement vers les méandres d’une désolation recherchée.

Réda Benkoula

[1] La désolation | Appollo (Scénario), Christophe Gaultier (Dessin)| Dargaud | 2021 | 96 pages

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