Le recours aux banques alimentaires au Québec a explosé depuis la pandémie, enregistrant une hausse de 33% par rapport à 2019. Les chiffres du bilan-faim 2022 publié par les Banques alimentaires du Québec (BAQ) en disent long sur l’insécurité alimentaire des Québécois.

Ce sont 671 000 personnes qui sollicitent l’aide du réseau des banques alimentaire du Québec chaque mois, soit 2,2 millions de demandes, une statistique jamais enregistrée dans les annales des BAQ. Pour répondre à ces personnes dans l’insécurité alimentaire, ce réseau, avec ses 1212 organismes communautaires, distribuent chaque mois 589 940 collations, 1189 498 repas et 493 420 paniers de provisions.

Il appert de ce rapport qu’une pression exceptionnelle et grandissante continue de s’exercer sur le réseau des BAQ depuis plus de deux ans, mettant à mal les capacités de celui-ci à répondre aux besoins de la population en détresse alimentaire. En effet, 62% des organismes sont en manque de denrées fournies par leurs sources d’approvisionnement usuelles. Pour faire face à cette urgence, le gouvernement Legault a dépêché une aide de 6 millions de $ aux Banques alimentaire du Québec.

L’aide alimentaire : une solution palliative à l’insécurité alimentaire

Dans un contexte asphyxié par une inflation persistante (6,9% en octobre, Statistiques Canada), le pouvoir d’achat des Québécois se détériore au quotidien. Selon l’Indice d’accessibilité financière de BDO (septembre 2022), 74% des Québécois ont déclaré que l’inflation a détérioré leur pouvoir d’achat.

Les Québécois qui consacrent en moyenne 9847 $ par an pour les dépenses alimentaires (Statistiques Canada), 28% d’entre eux déclarent qu’ils trouvent des difficultés à se nourrir et à nourrir leur famille. À vrai dire, les dépenses alimentaires sont compressibles dans des moments de crise, contrairement aux dépenses de logement et de transport. Le revenu disponible des ménages est alloué d’abord au loyer et d’autres dépenses indispensables, et l’épicerie se voit attribuer le reliquat du budget familial.

En plus de toucher à la dignité de la personne, l’insécurité alimentaire occasionne des problèmes de santé mentale et physique. Une personne qui ne mange pas à sa faim est à risque de développer de l’anxiété et d’autres troubles de comportement, et d’avoir aussi des carences, qui peuvent entrainer des maladies comme le diabète, l’hypertension et certains cancers.

Pour faire face à l’insécurité alimentaire, l’aide alimentaire offerte par le réseau des BAQ, quoiqu’essentielle, demeure une solution palliative à ce fléau. En effet, c’est la lutte contre la pauvreté qui pourrait éradiquer l’insécurité alimentaire dans la province. Au Québec en 2022, il faut entre 25 128$ et 34 814$ à un ménage composé d’une personne seule pour vivre dignement, hors de la pauvreté selon l’étude sur le revenu viable de l’Institut de recherche et d’information socioéconomique (IRIS). Selon Julia Posca, chercheuse à l’IRIS, environ une personne sur cinq vit sous le seuil du revenu viable, et en travaillant à temps plein, il faut un salaire minimum de 18$ l’heure (14,25$ l’heure actuellement) pour atteindre le revenu viable. La valorisation du salaire minimum et l’amélioration du filet social par l’augmentation des transferts vers les personnes les plus vulnérables sont des solutions structurantes et efficaces pour juguler la pauvreté.

Sofiane Idir

Read previous post:
Le capitalisme de surveillance. Le nouveau pétrole qui menace les droits et la démocratie

Depuis sa genèse au moyen-âge, le capitalisme n’a pas cessé d’évoluer, en se mutant vers de nouvelles formes, sous la...

Close