L’indice des prix à la consommation (IPC) publié par Statistique Canada pour juillet 2021, mesurant l’évolution du niveau moyen des prix des biens et services consommés par les Canadiens, indique un taux d’inflation de 3,7%. Il s’agit de son niveau le plus élevé en cette dernière décennie. Sur une base mensuelle, l’inflation a enregistré en juillet la plus forte augmentation depuis janvier 2021, soit une hausse de 0,6%. En effet, le Canada n’a pas connu un tel taux d’inflation depuis longtemps, s’agit-il d’une inflation vigoureuse ou temporaire ? Quels sont les facteurs explicatifs de cette inflation et aura-t-elle un impact sur la politique monétaire de la Banque du Canada ?

Pressions haussières sur les prix : facteurs explicatifs

Selon Le Quotidien, le bulletin de diffusion officielle des données de Statistique Canada (18 août 2021), la hausse des prix a touché six des huit composantes principales du panier représentatif des biens et services achetés généralement par les Canadiens, notamment le logement et l’essence.

Sur une année (de juillet 2020 à juillet 2021), les prix de l’essence ont augmenté de 30,9%. Au moment où la demande mondiale a augmenté avec la reprise des activités économiques, la production de pétrole de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole plus (OPEP+) est restée inférieure à celle offerte avant la pandémie. La frénésie immobilière a fait exploser les prix des propriétés. Nous rappelons ici que l’Indice des prix des propriétés (MLS) a augmenté de 24,4 % d’une année à l’autre au mois de mai. Le prix réel des propriétés vendues sur le marché canadien a augmenté de 41,9% d’une année à l’autre en avril. Cette envolée des prix des propriétés est expliquée par plusieurs facteurs : taux d’intérêt bas, aides gouvernementales, niveau d’épargne élevés des ménages, normalisation du télétravail… Les prix des biens durables ont aussi augmenté à un rythme plus rapide, notamment ceux des véhicules automobiles. L’indice des prix d’achat de véhicules automobiles a progressé de 5,5% d’une année à l’autre en juillet. La croissance des prix des biens durables est en partie attribuable, selon Statistique Canada, à la pénurie mondiale de puces à semi-conducteur.

S’agit-il d’une inflation vigoureuse ?

En effet, la réouverture de l’économie du pays semble prendre de la vigueur malgré un ralentissement au deuxième trimestre en raison des mesures sanitaires et des contraintes de production dans le secteur automobile liées aux pénuries de puces informatiques, note le mensuel économique de la Banque Nationale (juillet/août 2021). Les économistes de la Banque Nationale prévoient d’ailleurs des croissances impressionnantes au deuxième semestre avec la reprise des services à forte proximité physique (12% en 2021, jamais réalisé en 40 ans). Dans ce contexte de croissance marqué par des perturbations de l’offre, mais tiré par la demande qui est stimulée par plusieurs facteurs (taux d’intérêt très bas, épargne pléthorique des ménages, aides financières des gouvernements…), les pressions haussières sur les prix seraient plus prononcées à court terme avec une possibilité de se généraliser sur l’ensemble des biens et services. Ce constat est partagé par plusieurs économistes bancaires, comme le note dans une publication (18 août 2021), l’économiste principal de la Banque TD, James Marple, qui rapporte l’impact d’une croissance plus rapide des prix avec la réouverture de secteurs tels que la restauration.

En effet, il est malaisé de préciser l’ampleur et la durée de ces pressions inflationnistes, mais si ces dernières se perpétuaient à moyen terme, la Banque du Canada serait contrainte d’apporter des changements à sa politique monétaire en ajustant certains accommodements. Depuis 1992, la Banque et le gouvernement du Canada ont adopté un régime de ciblage de l’inflation, visant un taux de 2%. Dans le contexte actuel, la Banque du Canada va-t-elle varier son taux directeur à la hausse pour ramener le taux d’inflation à sa cible de 2%, sachant que ce régime de ciblage prendra fin cette année !

Sofiane Idir

Read previous post:
Santé mentale. Les jeunes adultes et les aînés fortement marqués par la pandémie

Plusieurs sondages indiquent que la pandémie a joué un rôle crucial dans la dégradation de la santé mentale et l’accroissement...

Close