La dépendance des exportations canadiennes du marché étatsunien (76% des exportations en 2016) et l’incertitude qui entoure la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain ont mis sur le devant de la scène la problématique de la diversification des marchés extérieurs. En matière du commerce extérieur, la stratégie d’Ottawa est désormais tournée vers la diversification des marchés pour permettre aux entreprises canadiennes de mieux gérer leurs risques commerciaux.

Avec la multiplication des accords de libre-échange (avec l’Union européenne et 10 pays développés et émergents de l’océan Pacifique) et la conquête de nouveaux marchés porteurs (Chine, Inde, Indonésie, Corée du Sud…), Ottawa semble déterminée à estomper la dépendance de l’économie canadienne du marché américain et à offrir de nouvelles opportunités d’exportation aux entreprises du pays.

Les accords de libre-échange : Quoi de neuf ?

Après l’ALENA (entré en vigueur en janvier 1994 et en renégociation en ce moment pour son renouvellement) et l’Accord économique et commercial global de libre-échange avec l’Union européenne (entré en vigueur partiellement en septembre 2017) , le Canada a signé l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste avec 10 pays riverains de l’océan Pacifique (Australie, Brunei, Chili, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Japon, Singapour et Vietnam.), le 23 janvier 2018.

Ces accords permettent de créer de vastes zones de libre-échange en offrant aux entreprises canadiennes l’accès aux marchés de plusieurs centaines de millions de consommateurs (le marché européen est estimé à 500 millions de consommateurs, les 10 pays de l’océan Pacifique offrent un marché de 450 millions de chalands). En outre, ces accords stimulent l’investissement, l’innovation et l’intégration de la production, et contribuent ainsi à la croissance économique et à la hausse du niveau de vie.

Cependant, ces accords sont critiqués à l’égard du pouvoir démesuré conféré aux multinationales, de peu d’importance accordé à la préservation de l’environnement et de la rude concurrence engendrée sur le marché agricole (l’Union des producteurs agricoles du Québec a estimé que l’accord de libre-échange avec l’Union européenne occasionnerait une perte permanente de 2 % du marché pour les producteurs canadiens, notamment pour les fabricants de fromages).

Quelle stratégie de diversification pour le Canada ?

En plus des accords de libre-échange plaçant le Canada dans une situation enviable, la stratégie d’Ottawa de diversification doit tenir compte des marchés à fort potentiel de croissance en termes d’importations, comme le marché asiatique. Le potentiel d’importation de la Chine devrait atteindre 2076,5 Mds USD en 2022 et serait le premier à l’échelle mondiale. Ceux de la Corée du Sud et de l’Inde seraient respectivement de 634,4 et de 324,8 Mds USD (étude de la Direction Générale du Trésor français, octobre 2012).

Aussi, le Canada doit miser sur les secteurs dans lesquels il présente des avantages comparatifs comme l’agriculture, les écotechnologies (le Canada compte près de 200 exportateurs qui pourraient profiter d’un marché mondial devant atteindre 2,5 milliards de dollars d’ici 2020) et l’infrastructure où l’expertise canadienne est reconnue mondialement, notamment les systèmes ferroviaires et l’électricité.

La mise en place d’une stratégie de diversification passe aussi par l’incitation des PME à exporter en les accompagnant à explorer les marchés extérieurs et à s’intégrer dans les chaines d’approvisionnement d’un donneur d’ordre afin de réduire le risque, le principal facteur qui dissuade les PME canadiennes malgré leur fort potentiel. Aujourd’hui, il faut rappeler que 60 % des exportations canadiennes sont réalisées par un quarteron de grandes entreprises.

Sofiane Idir

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