Ensemble pour toujours est la biographie de l’écrivain Denis Monette, qui révèle dans ce dernier ouvrage l’autre partie de sa vie. Celle de l’époux et de ses merveilleuses années avec sa douce Micheline, si importante à son cœur. Dès les premières pages de son livre, on partage les débuts de sa relation avec Micheline et s’en suit la grande demande, car pour Denis c’était la femme qu’il attendait et celle qu’il voulait dans sa vie : « À la messe de minuit, nous avions demandé au curé de bénir cette alliance, ce qu’il avait fait pieusement. Une soirée incomparable ! Nous étions fiancés, Micheline et moi, et heureux de nous embrasser à l’insu des invités quand nous en avions l’occasion, ou discrètement en dansant un slow sur un des succès de Ray Anthony, qu’on avait fait jouer sur le tourne-disque de Gilles »[1].

La longue et belle carrière journalistique de l’auteur lui a permis visiter plusieurs villes du Québec et particulièrement Hollywood aux États-Unis. La ville des grandes Stars était le lieu des rencontres intéressantes avec des gens de tous les milieux : « La première vedette que j’aperçois et qui accepte de s’entretenir avec moi est la superbe Raquel Welch. Je lui avouai l’avoir aimé dans Right to Die, un télé-film dramatique de l’année précédente, et que j’avais aussi beaucoup apprécié son rôle dans Lady in Cement aux côtés de Frank Sinatra »[2].

Un long parcours de vie semé d’embûches, de joies, de peines et d’incertitudes comme il l’écrit dans son journal intime. « En ce premier jour de janvier 1990, tout est derrière moi et j’ouvre cette première page de mon nouveau journal intime sur la couleur de l’espoir devant moi ! Voilà donc ce que j’avais écrit, le soir venu, alors que le vent du nord malmenait mes fenêtres. Etait-ce vraiment une autre vie qui commençait ? Surement pas, puisque j’avais ajouté : Mais non, c’est la même histoire qui se poursuit au gré du noyau de ma poésie…j’ai soif d’amour et de paix. Puis-je seulement m’abreuver au jet d’une fontaine épargnée…Dieu m’entende ! »[3]. Il revient aussi sur sa vie de père et de grand-père « Ce n’est pas parce que j’ai trois-petits fils, dont mon beau Matthew, que j’oublie ma seule petite-fille, Corinne, l’aînée de mes petits-enfants qui fête, en ce 4 avril, ses neuf ans »[4].

Denis Monette parle des siens et il n’oublie pas le long combat de sa douce Micheline atteinte de la maladie d’Alzheimer qui dépérissait lentement et sournoisement : « Certains matins, je tente d’aider Micheline à se retrouver, mais elle est devenue irritable. Son mal progresse, ses oublis sont incroyables, ses neurones s’emmêlent…. Tout chancelle de jour en jour. De plus en plus de gaffes…Je tente de lui être utile, de la serrer parfois dans mes bras, mais voilà qu’elle me repousse. Comme si j’étais responsable de son état qu’elle n’accepte pas. Comment lui dire que je l’aime encore, alors ? »[5]. L’émotion est palpable : « Pauvre Micheline…Malade…Son destin entre nos mains…Incapable de s’y soustraire, impuissante, à la merci de…J’ai senti un nœud au creux de ma poitrine et j’ai détourné la tête ; j’avais des larmes au bord des yeux »[6].

Ensemble pour toujours, est teinté d’émotions, d’anecdotes, de joies, de sourires et de messages remplis d’espoir. L’auteur qui sera présent au salon du livre de Saguenay du 1er au 4 octobre, en Estrie du 15 au 18 octobre et à Montréal du 18 au 23 novembre, a bien voulu se livrer un peu plus pour parler de son œuvre, de son regard sur la vie et de ses projets futurs : 

L’initiative : Qu’est-ce qui vous a incité à écrire la suite de votre biographie? Comment s’est fait le processus  de rédaction? Quelle a été l’élément déclencheur?

Denis Monette : Mon premier livre Les parapluies du diable ne relatait que ma petite enfance et, comme mes lecteurs réclamaient mon histoire, j’ai fini par céder avec la permission de mes enfants.  

Certains passages dans votre livre sont très émouvants. Est-ce plus difficile d’écrire votre autobiographie ou d’écrire sur des personnages fictifs comme on peut le lire dans vos précédents romans?

Il est beaucoup plus facile d’écrire et de parler en entrevue de personnages fictifs que de soi. Disons que c’est plus intimidant… On connaît tout de moi maintenant. 

Combien de temps vous-a-t-il fallu pour réussir à tout mettre par écrit? Y-a-t-il eu des moments où vous pensiez ne pas pouvoir y parvenir en raison de la charge émotive ou de vos souvenirs? 

J’ai écrit mon autobiographie Ensemble pour toujours en trois ans à intervalles irrégulières. J’avais quarante-cinq journaux intimes pour m’y aider, mais revivre certains souvenirs m’a parfois rendu heureux et aussi, malheureux. Revivre des joies, ça fait sourire, mais revivre des déboires, ça fait encore pleurer, Somme toute il est plus facile de vivre sa vie, ne connaissant pas les lendemains que de le revivre au jour le jour, sachant d’avance ce qui s’en vient. Vous comprenez? 

Laquelle des personnalités que vous avez rencontré durant vos années en journalisme vous a le plus déstabilisé lors d’une entrevue?

Sans donner de noms par charité chrétienne, je dirais celles qui n’ont pas été aimables. 

Dans votre livre, vous parlez de la maladie d’Alzheimer. Pensez-vous que les conjoints et/ou les parents des personnes atteintes de cette maladie devraient bénéficier de plus de ressources au niveau de l’accompagnement ou de l’hébergement?

Oui, mais comment faire? Il faut avoir ces personnes à l’œil à chaque minute, ce qui est impossible en résidence. À la maison, c’est une surveillance constante. Les seules ressources sur lesquelles peuvent compter les aidants, sont les bénévoles des CLSC qui, une ou deux fois par semaine, viennent les chercher pour nous donner un peu de répit. 

Quand vous regardez votre parcours, de quoi êtes-vous le plus fier?

De mes enfants! De mes cinq petits-enfants! Et de mes 54 ans de mariage avec ma femme que j’ai tant aimée et que le Ciel m’a ravie. 

Après avoir partagé votre autobiographie, qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de vous?

Que je suis tout simplement une bonne personne. 

Enfin, nous souhaiterions savoir si vous préparez un nouvel ouvrage et quel en serait le thème?

Je suis présentement en écriture d’un roman qui sera publié en septembre 2016. Un roman contemporain cette fois, une histoire de famille assez compliquée avec le style d’écriture que vous me connaissez.

[1] Denis Monette, Ensemble pour toujours, Ed/Libre Expression, 2015, p. 21.

[2] Id, p. 288.

[3] Ibid, p. 313.

[4] Ibid, p. 362.

[5] Ibid, p. 404.

[6] Ibid, p. 513.

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