Fille de Romy Shneider Sarah Biasini est comédienne. Elle a écrit La beauté du ciel[1], premier roman, suite à la nouvelle qui l’a ébranlée. La tombe de sa mère a été profanée le premier mai 2017. Trois semaines après cet événement l’auteure tombe enceinte. Cette coïncidence a fait surgir tout ce qui était tu pendant de longues années. Elle, qui a perdu sa mère quand elle avait quatre ans et demi, n’a pas eu le plaisir de partager des moments intenses. Ce manque s’est transformé et est devenu une source pour prodiguer toute l’attention à sa fille Anna.

Au tout début, l’auteure cite Jacques Higelin : « La mort est le berceau de la vie ». C’est autour de ce berceau que le texte est tissé. Fille d’une actrice connue mondialement, Sarah reste dépourvue de l’affection maternelle. À juste titre, elle souligne : « Un chagrin est unique pour celui qui l’éprouve ».

Tout au long de la narration, l’écrivaine s’adresse à sa fille Anna. Elle est la personne qui a éveillé en elle tout ce qu’elle n’a jamais osé exprimer. Élevée par ses grands- parents, Sarah met en lumière l’amour qui peut provenir des personnes qui n’ont pas forcément mis au monde.

Le texte se présente de manière circulaire. Un va et vient se fait entre les souvenirs et le présent.

L’enfant qui naît se veut la continuité d’un vécu. En effet, Sarah Biasini tangue entre l’éducation à transmettre à sa fille et ce qu’elle a reçu. Dans cet entre-deux, se trouve le sens de l’absence représenté par la mort. La fin d’une vie d’un être cher engendre des inquiétudes et des interrogations sur ceux qui restent. Même si à un moment tout est emmagasiné dans le subconscient, il n’en reste pas moins qu’arrive l’instant où les peines et les douleurs refont surface pour céder la place aux multiples remises en question.

Dans le gynécée qui rassemble la grand-mère, la mère et la petite fille la mort devient un simple épisode qui rappelle que la fin d’une vie laisse des liens, des attaches des empreintes sur des cœurs en quête d’amour.

D’une génération à l’autre, les sentiments d’une mère ne changent pas nonobstant le temps qui passe. Ils proviennent du ventre qui témoigne de ce qui l’a parcouru. En effet, le décès tragique de David, frère de Sarah a fait sombrer Romy Shneider.

Sarah Biasini a repris le flambeau à l’âge de quarante-trois ans, au même âge où sa mère décède. Cette continuité qui s’impose quand l’amour filial n’omet pas prouve que la fin d’une vie est forcément le début d’une autre.

Le temps passe et il y a un temps pour tout. Un temps pour rejeter, un autre pour chercher, un autre pour aimer écrit Biasini. Cette phrase rédigée à l’avant dernière page sert d’apaisement au lecteur. Elle lui indique que le rejet, chercher à aimer et aimer réellement sont des phases d’un même but. 

Lamia Bereksi Meddahi

[1] Sarah Biasini, La beauté du ciel, Ed/Stock, 2020, 251 pages.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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