« L’amour ne traverse pas l’océan », paru aux éditions ShanaProd, est l’aboutissement de plusieurs ouvrages, dont le roman de référence « J’ai vendu mon âme au diable », paru la même année. Autant de récits passionnés, porteurs d’espoir et idéalistes, qu’Ernestine Nadia Mbakou[1] a tenté de réincarner à travers ses personnage, face à une réalité de la vie, parfois mélancolique, parfois tragique. Comme c’est le cas dans « L’amour ne traverse pas l’océan », où la nature humaine y est inspirée dans tous ses caractères.

Aveuglément amoureuse de Ruben, Mira ne croyait qu’au bonheur de l’union sacrée que lui réservait la vie, du moins, ce à quoi elle aspirait ardemment de tout son être, quelque part au Cameroun. Fidèle à elle-même dans ses responsabilités quotidiennes, Mira n’a pas été gâtée par la nature, au moment où Ruben ne pensait lui qu’à l’aventure, au nom de cet amour sensé les lier pour toujours, pour le meilleur et pour le pire !

« L’amour ne traverse pas l’océan » nous transporte vers les contrées les plus lointaines, là où l’Afrique trace son chemin vers l’occident, terre de toutes les tentations, mais terre d’égarement et d’oubli, où parfois même l’amour d’une mère et l’amour d’une fille ne suffisent plus à raisonner.

Lourd de sens, mais simple à déchiffrer, le romantisme que dégage cette union passionnée est un mélange de sacrifices et de rêvasseries sans lendemain. Loin des yeux, mais près du cœur, là où disparaît l’odeur de l’être aimé et le sentiment de bravoure, là où même le mal semble parfois crédible à notre sens, l’amour ne traverse jamais l’océan. Entre l’âme sensible de Mira et l’innocence abusée de Ruben, tant d’années sont passées sans que personne ne crie gare ! Une invitation à nous remettre en question, car parfois, les blessures ne s’effacent pas avec le temps…

Inspirée de ses origines africaines, l’auteure ne peut elle-même échapper dans son récit, à ces interminables clichés sur ces milliers de victimes du périple subsaharien et de la noyade aux abords des côtes italiennes de Lampedusa. Ni de s’abstenir de révéler au monde entier la dureté de la vie dans les champs de labours, dans les brousses du berceau de l’humanité. L’histoire se répète et se remémore les cicatrices des hommes, Ernestine Nadia Mbakou nous trace les limites des inégalités sociales et humaines. Le sens même de la révolte, du littérairement engagé, la touche héroïque de l’écrivaine, appréciez !

Agréablement éparpillé à travers ses chapitres, sans confusion ni paradoxes dans l’espace et dans le temps, « L’amour ne traverse pas l’océan » s’adapte aux jeunes comme aux grands, tant le mystère et l’aventure propres au récit, nous rappellent que chacun de nous possède sa propre vision du monde, sans limite d’espoir d’un lendemain meilleur.

Dans un langage sans tabou ni langue de bois, l’auteure ne se prive pas de sensibiliser le lecteur sur la simplicité de la vie, sous tous ses aspects les plus légitimes. Ici, Ernestine Nadia Mbakou ne se limite pas à la narration, elle nous invite à partager la peine et la mélancolie qui l’ont inspirée, un roman fort en intensité.

Lire « L’amour ne traverse pas l’océan », c’est s’identifier à la valeur que nous adorons, au symbole que nous glorifions. C’est aussi refaire un voyage vers notre histoire, notre parcours, quels que soient les ravages du temps et l’amour sacrifié pour les autres.

Hamid Si Ahmed

[1] Ernestine Nadia Mbakou est née et a grandi à Douala-Cameroun. Elle est titulaire d’un Master in Health Economics, Policy and Management et actuellement en préparation d’un PhD en santé publique. Son premier roman « Obssession » est émis en 2018 aux éditions Proximité à Yaoundé. Elle est l’auteure de l’œuvre à succès « L’amour ne traverse pas l’océan » et de plusieurs autres œuvres parues en 2019. Elle vit actuellement à Bafoussam, à l’ouest du Cameroun et exerce à l’hôpital Régional.

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