Créé par Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle et Frédéric Blanchard, « Le dernier Atlas » est une monumentale fresque qui s’étale sur 3 actes et dont le second est publié en 2020 aux éditions Dupuis.

Comme dans chaque bande dessinée, celle-ci englobe sa part de fiction et sa part de réalité sur laquelle s’appuient bien entendu les auteurs pour conduire le lectorat à s’approprier l’histoire et la placer dans un contexte familier. C’est d’ailleurs d’une manière assez subtile que l’on saisit que l’histoire du dernier Atlas repose sur la modification du passé et plus précisément après l’indépendance de l’Algérie qui aurait eu lieu en 1976 soit 14 ans après la véritable date.

Dans cette uchronie où se mêle polar et science-fiction, on découvre dans le premier tome des personnages atypiques et une trame narrative palpitante.

Le tome 1 :

Comme on peut le lire dans le résumé du premier livre qui est sorti en 2019 : « Ismaël Tayeb est lieutenant dans un gang criminel. Le grand patron lui fait une offre qu’il ne peut refuser : trouver une pile nucléaire…Pour cela il va devoir remettre en marche le dernier Atlas, un immense robot français qui gérait des constructions titanesques jusqu’à la fin des années 60. Mais suite à un « événement » à Batna durant la guerre d’Algérie, ils ont tous été mis à la casse…Sauf un. Au même moment, Françoise Halfort, ex-reporter de guerre, fait une découverte écologique majeure qui va bouleverser l’équilibre du monde sur le lieu même d’une catastrophe nucléaire dûe à un Atlas…».

Ainsi donc, le personnage principal, un français dont le père est venu d’Algérie, est un vrai dur à cuir, même s’il fait tout pour ne pas montrer ses faiblesses. La vie l’a amené à faire des choix qui l’ont écarté du droit chemin. Par un malencontreux concours de circonstances, il doit exécuter les plans de Legoff alias Dieu le père.

Dans une interview accordée en 2019 à l’émission Trait pour trait, Fabien Vehlmann nous en dit plus sur les éléments fondamentaux qui permettent de mieux situer l’histoire. L’auteur dont le père a fait la guerre d’Algérie, livre une vision fictive des événements du passé, car parler de la guerre était un sujet tabou au sein de sa famille. À travers cette bande dessinée, le scénariste aborde à sa manière l’Algérie, un pays qui est au centre des évènements qui bousculeront l’avenir du monde. L’auteur fait aussi un clin d’œil au mecha japonais à travers le Georges Sand et réécrit à sa façon, la grandeur de la France par le prisme des robots géants.

Le bédéiste Hervé Tanquerelle qui prenait soin de dessiner le visage Ismaël Tayeb au cours d’une capsule vidéo réalisée pour France Inter, confiait qu’il s’inspirait d’une personne qu’il croisait dans un bus. Le réalisme du dessin évoquera sans doute à certains, l’acteur Youssef Hajdi, mais tous s’accorderont à dire que les traits physiques d’Ismaël Tayeb concordent parfaitement avec une personnalité qui affiche la mi-quarantaine et qui aurait roulé sa bosse dans le milieu nantais. Dans le chapitre 5, un des personnages endettés auprès de la mafia indienne ressemble au mannequin français d’origine indienne Satya Oblette. Autre illustration cette fois-ci dans le chapitre 7 avec un personnage secondaire qui est celui du bédouin que l’on retrouve dans le 2e album et qui ressemble à s’y méprendre au lion du désert libyen, le Cheikh Omar al-Mokhtar.

Les auteurs, ont aussi pris soin d’ajouter tout au long de ce premier tome plusieurs clins d’œil dont nous pouvons énumérer quelques-uns : aux toutes premières pages du livre, on y voit un homme coiffé d’une casquette qui a le dessin du drapeau d’Algérie. Un avion de la compagnie Air Algérie est sur le tarmac de l’aéroport a côté de celui d’Air France avant de décoller vers Oran. Elena la compagne d’Ismaël Tayeb regarde sur son écran de télévision le célèbre film d’animation français Le Roi et l’Oiseau qui a été réalisé par Paul Grimault en 1980.

Le tome 2 :

Le second volume se résume ainsi : « Le deuxième tome d’une trilogie qui présente le combat titanesque entre un robot à énergie nucléaire et une force surnaturelle d’origine inconnue. Tandis que Françoise Halfort, l’ancienne reporter de guerre, vient d’accoucher à 53 ans d’une fille qui porte une marque sur le front, le George Sand, le dernier Atlas, a finalement décollé de l’Inde où il gisait depuis des décennies. Autour d’Ismaël Tayeb, le bandit investi d’une nouvelle mission, l’équipage se met en route pour affronter le titan surnaturel à bord du robot volant. Entre l’indienne charismatique et sa discrète assistante, diplômée en génie civil et en géopolitique, l’ancien mécano et l’ingénieur nucléaire, le truand russe et le cul-de-jatte aventurier, la fresque anime sa galerie de héros atypiques ».

Ce deuxième volume est encore plus sombre et qui, comme le précédent, s’étend sur plus de 200 pages de grande qualité graphique.

Sur fond de trafic de la mafia nantaise, on peut découvrir un mélange entre le divertissement (les robots géants) et des thématiques plus profondes où se mêlent amour, amitié, trahison, patriotisme, naissance, vie et mort.

L’affrontement entre le George Sand et l’objet marchand non-identifié est proche. La tension est palpable, entre les membres de l’équipage tandis que le passé d’Ismaël Tayeb remonte à la surface. Le danger guette de partout tandis que Françoise Halfort tente inlassablement de sauver sa vie et celle de son fils.

Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle, Frédéric Blanchard et Laurence Croix forment ensemble une équipe créative qui permet de s’immerger dans un univers parallèle où l’intrigue est tout le temps présente. Les cinq artistes conjuguent leur talent pour donner à cette épopée unique en son genre un souffle digne des meilleures séries. Et effet, quoi de mieux que de réunir ces talentueux bédéistes, qui ont l’habitude de collaborer ensemble.

Fabien Vehlmann à qui l’on doit notamment « Seuls » ou « Supergroom » a déjà travaillé avec Gwen de Bonneval dans « Les derniers jours d’un immortel », « Polaris ou La nuit de Circé ». Ce dernier a pour sa part collaboré étroitement avec Hervé Tanquerelle dans les trois volumes des « Racontars arctiques ».

« Le dernier Atlas » est en somme, l’achèvement du travail des scénaristes (Vehlmann et Bonneval) et du dessinateur Hervé Tanquerelle qui est secondé par Frédéric Blanchard qui donne par sa touche un côté Storyboard et cinématographique à cette histoire intemporelle, dont on a hâte de connaitre le dénouement au troisième tome. Sa sortie est prévue en 2021.

Réda Benkoula

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