Le Ramadan à nos portes : comme à chaque année, les musulmans du Canada et de partout ailleurs se préparent à accueillir le mois sacré du Ramadan. Un mois pas comme les autres, un mois qui amorce l’immersion spirituelle annuelle. Cette année le début du mois de ramadan, mois lunaire, coïncide avec le 23 mars 2023 et se termine après 29 ou 30 jours, par la célébration de la fête de l’Aïd-el-fitr, appelée aussi l’Aïd-es-seguir.

Jeûner le mois de Ramadan est un acte de foi, il est le quatrième, des cinq piliers de l’islam. C’est aussi un exercice de purification physique et morale. Une cure pour vider le corps et l’âme de toutes les impuretés. Un exercice qui aide à mieux se maîtriser et prendre le contrôle de soi, de ses sens, de ses passions, de ses impulsions et caprices et, se libérer de toutes les tentations et faiblesses, et transcender l’âme.

C’est aussi une occasion de ressourcement spirituel ; une quête du bien et de la vertu, du sens de l’amour, du partage, de la compassion et de la solidarité. C’est le moment qui nous rapproche le plus de Dieu et de l’humain, du pauvre et du vulnérable.

Le ramadan est un rendez-vous annuel, qui nous invite à une immersion dans la foi et la purification de l’âme, en vue de poursuivre sur la même lancée durant le reste de l’année.

Sur le plan social, c’est aussi une occasion pour raviver la convivialité familiale et sociale. C’est le temps de renforcer les liens et de les entretenir. En effet, c’est durant les veillées ramadanesques que familles, voisins et amis se rencontrent autour de la table garnie de confiseries, de gâteaux et de thé, pour se ressourcer et pour s’échanger histoires, boukalas, expériences et moments de joie. C’est le temps pour les enfants de savourer la présence familiale et les contes des grands-mères.

Sur le plan culturel, le Ramadan demeure une belle occasion pour la créativité culinaire et littéraire, à l’origine de savoureux plats : chorba, hrira, bourek, mtawam et j’en passe. La pâtisserie raffinée aux amandes est incontournable, on y trouve : baklawa, m’hencha, kalbel-louz, zlabiya, etc. La boukala, animation principale des soirées ramadanesques demeure cette invention géniale qui consiste en un jeu de souhaits, porteurs de joie et d’espoir, rimés et en prose. Les répertoires des boukala témoignent de la richesse culturelle du Ramadan.

Les iftars ou les déjeuners collectifs offrent des moments agréables de partage du repas du Ramadan et une occasion pour s’entre-connaître, et de se rapprocher davantage les uns des autres, en dépit de nos différences culturelles. C’est une occasion pour les musulmans de se rapprocher et de partager avec le prochain, le voisin, et de manifester plus de générosité avec les pauvres, les vulnérables et les nécessiteux, afin de rencontrer l’un des sens recherchés du Ramadan.

C’est aussi un mois à forte charge historique, qui prend toute sa place dans la mémoire du musulman. Il est le mois de la révélation, où le prophète Mohammed, (que le salut soit sur lui), reçut le message. On y célèbre entre-autres au 16e jour, la nuit de la révélation, et au 26e jour la nuit du destin, etc.

La quotidienneté ramadanesque

Durant tout le mois, les musulmans jeûnent le jour, de l’aube au coucher du soleil, et célèbrent la nuit, collectivement à la mosquée, les prières appelées –tarawih-.

C’est aussi le mois de la compassion et du partage, durant lequel, est célébrée la tradition de –iftar-, ou repas collectifs, offerts un peu partout, en priorité aux nécessiteux, mais également à tous.

En plus aux aspects religieux et à sa dimension spirituelle, le Ramadan est un fort repère dans le temps culturel. C’est aussi un rythme de vie, une saveur culinaire, une richesse sensorielle, une convivialité inspirante, etc.

La quotidienneté s’aligne au temps ramadanesque, pour rythmer les séquences de vie quotidienne. Après le temps du travail, les marchés polarisent en après-midi, les foules, à la recherche de quoi garnir la table ramadanesque. Au coucher du soleil, tous regagnent leurs maisons respectives au moment du ftour pour casser le jeûne, et les rues se vident entièrement. Le temps de digérer, et les rues reprennent la vie, animées par le mouvement des personnes qui se dirigent vers les mosquées, ou aux visites familiales, alors que les enfants transforment les rues en lieux de rencontre, de jeu et de divertissement. La vie nocturne inaugure une autre séquence de la vie ramadanesque et engage l’espace dans son ambiance.

C’est aussi une occasion pour la famille de savourer les délices de la table ramadanesque, et d’exercer en pareils moments, ses talents culinaires.

Dès l’annonce du coucher de soleil, par l’appel du muezzin à la prière du –maghrib-, ou par le tir de canon, selon les régions, toute la famille se réunit autour de la table, pour partager le souper ramadanesque appelé –ftour-.

La table ramadanesque célèbre selon la spécialité de chaque région, des plats typiques qui portent avec eux la saveur du Ramadan et incarnent le souvenir de ce mois sacré.

À chaque jour, au coucher du soleil –maghrib-, la rupture du jeûne se fait avec quelques dattes et un verre de lait. Suite à une courte pause-prière, les gens regagnent de nouveau la table. À l’entrée, l’incontournable soupe –chorba– ou –hrira-, s’impose, accompagnée de rouleaux de viande –bourek– ou les feuilles farcies –brick-. Ensuite, vient le tour d’un plat principal, fait généralement de viande et légumes, accompagné selon les régions de riz ou de pâtes. Pour finir, on savoure un plat-dessert, fait de fruits secs et d’amandes, appelé –hlou-.

Au Québec, c’est dans les magasins à saveurs méditerranéenne, maghrébine et orientale, que les musulmans font leurs emplettes, pour honorer le menu ramadanesque.

Le soir, après la rupture du jeûne, s’ouvre le deuxième volet, par d’abord, la célébration de la prière des tarawih à la mosquée, et au retour à la maison, toute la famille, se regroupe pour profiter d’un précieux moment de convivialité, autour d’un verre de thé et des gâteaux faits pour l’occasion. C’est une occasion précieuse de rencontre, de partage et de convivialité, où les enfants se réjouissent à l’écoute des contes, racontés avec amour et affection par la grand-mère.

Pour rappel, en ce moment sacré

En ces moments de détresse liée aux guerres, conjonctures politiques et économiques, fléaux et maladies, bouleversements climatiques et catastrophes naturelles, se fait sentir un grand besoin en aide aux plus vulnérables, qui certainement souffrent plus que d’autres, des conséquences de cette crise, comme ceux qui vivent seuls, souffrant de solitude, ceux qui manquent de revenus, et ceux, moins autonomes, privés de l’aide, etc.

C’est le moment de redoubler d’effort, pour venir en aide aux plus nécessiteux, et renforcer sa foi, par la main tendue à autrui.

La fin du Ramadan, est célébrée par l’Aïd-el-fitr, ou la fête du pardon. C’est un jour sacré où, tous profitent pour échanger salut et pardon, et où les enfants se réjouissent des moments de fête et des cadeaux que l’on leur offre.

Dr Brahim Benyoucef

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