On ne sait si c’est Mohand Lyazid Chibout ou Iris, son pseudonyme, avec ses petits vers dans ce grand livre « Les lumières de l’ombre » qui nous invite à mieux vivre, ou c’est simplement la complicité de l’un dans l’autre ? Il est seulement évident de constater, de par son lyrisme, que l’auteur est dans la vie comme il est dans ses vers, bien que l’ambivalence des mots ait son double sens à chaque connotation symbolisée ou métaphore évoquée.

« Les lumières de l’ombre » qui a vu le jour récemment en France aux éditions Spinelle ne s’agit pas d’une fiction, ni même de projections imaginaires, plutôt d’un ensemble de réflexions ayant forgé l’esprit d’Iris jusqu’à en faire des rimes et de la poésie de premier ordre. Une poésie qui parle un langage, évoque un souvenir et transmet un message. Sans cesser d’ausculter notre époque, le ressenti y est comme on en trouve des sujets divers touchant le quotidien de chacun. « La psychologie positive dénomme le bonheur en tant que bien-être subjectif ; la psychologie négative dénomme le malheur en tant que mal-être subjectif, et tout le reste est lié étroitement à la subjectivité. La vie est éphémère ; la joie est un éclair », écrivait-il.

Dans ce recueil de réflexions et aphorismes, l’écriture est profonde et sage, consciencieuse et tendre. Le tempérament d’Iris n’a pas changé depuis qu’il a commencé à peindre ses pages blanches de la couleur de son encre. Il se traduit à sa façon et selon l’atmosphère qui le serre. De « Traduire un silence » à « Les saisons mortes » en passant par « Amoureux-nés » et « La finitude (la haine de soi) », l’auteur ne se lasse pas de nourrir son verbe par son incrédulité face au scepticisme flagrant de notre existence.

Venu reconstituer les souvenirs de son enfance, le voici plongé dans la psychologie de son âge d’adulte accostant l’imprévu et les présages inconnus. « Les lumières de l’ombre » révèle une réalité plus vraie que celle que nous vivons quotidiennement, et c’est là qu’intervient la force du verbe face à la situation suspendue de chaque individu. Il parle de tout, du temps qui passe, de l’amour indéfectible entre deux êtres, voire de plusieurs êtres, et aussi de la vie qui nous apprend à vivre que pour soi face aux armatures sociales qui se désagrègent, de l’écologie face aux changements climatiques désastreux de notre époque en pleurs – ce terrain en friche plein de réflexions et de désolations –, de ceux qui cachent le ténébreux pour ne montrer – afin d’induire en erreur les plus naïfs –, que le lumineux, de l’éducation des enfants et de leurs parents soucieux de ce qu’ils leur lègueront car jamais parvenus à devenir responsables de leurs progénitures et actes.

Cultivant à la fois la perte de soi et l’espoir en soi, les existences sociales, les inquiétudes contemporaines et les attitudes des pouvoirs, l’écrivain et poète Mohand Lyazid Chibout s’aventure hors du temps incongru des peurs et des pleurs. À travers son alter ego, il essaie de rationnaliser ses affects avec un mélange de naïveté, de passion et d’outrance, et ce, dans un mélange de raisons et d’arguments convaincants.

* Iris. Les Lumières De L’ombre. 2023. Éditions Spinelle. 106 pages

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