Le regard est parlant aux yeux de ceux qui savent pénétrer les sentiments. Le roman Les saisons mortes[1] de Iris[2] est un miroir dans lequel chacun peut s’identifier. L’auteur prend comme point central l’âme qui erre parfois et revient d’autres fois vers le corps pour en faire fusion. Elle est la boussole qui oriente et qui aide à ne pas se perdre. L’écouter c’est savoir respecter ses besoins, tenir compte des douleurs abyssales qui la traversent tout au long d’une vie. Sans froisser la sensibilité de l’âme, l’homme avance subrepticement.

Le roman Les saisons mortes est une véritable exploration de ce qui se passe en soi lorsque les mots manquent à celui qui n’arrivent pas à s’exprimer. C’est dans cette optique que l’auteur, a bien voulu répondre à nos questions :

L’initiative : Quelle définition pouvez-vous donner à l’âme ?

Iris (Mohand-Lyazid Chibout) : L’homme respire et vit par les facultés réflexives ou intuitives que génèrent ses connaissances, et on parle du corps fait de chair en adéquation avec son esprit cherchant l’idéal dans ce qui l’entoure. La relation combinant le corps matériel et l’esprit immatériel s’appelle donc l’âme. C’est en quelque sorte comme la rose (fleur) en tant qu’organe associée à la couleur de ses pétales ou tiges, et de cette combinaison nait la senteur particulière à chacune. La senteur étant son âme.

Vous avez écrit à la page 45 : « Je suis revenu lécher là où j’avais l’habitude de cracher, là où d’autres avaient vomi avant moi ». Est- ce que vous pouvez donner plus d’explications à ce sujet ?

Ce qui était à l’origine de ce passage revient à la mauvaise habitude à laquelle mes pas conditionnés forçaient mon être physique à revenir sur les lieux non désirés. La routine ainsi enregistrée me harassait jusqu’à me faire exécrer ces endroits imposées par les limites des choses auxquelles je suis destiné. « Cracher » a été employé car tant de fois j’ai souhaité fuir mes habitudes, mais à chaque fois je revenais, bon gré mal gré, sur mes pas et récidivais tel un mauvais élève. « Vomir » a été utilisé en ayant dans mes pensées les autres souffrants des mêmes lassitudes couleurs de leurs laideurs morales vis-à-vis du poids de la vie et des attentes vaines.

À la page 68 vous avez écrit : « Pour être entendu il faut d’abord obéir ». Pensez-vous qu’actuellement nous prenons assez de temps pour nous écouter ? D’où peuvent provenir les malentendus ?

Ce passage est destiné à la vie, et c’est cette dernière qui nous impose, à ses manières, des façons d’être sans chercher à fouiner dans pourquoi je suis né, pourquoi je vis et pourquoi je meurs. « Pour te sentir heureux, limite tes visions, satisfais-toi de l’incomplet et prends ce qui est à ta portée », ainsi exige de nous la vie. Et pour répondre objectivement à votre question, tellement tout nous dépasse que nous ne prenons plus le temps de nous améliorer par l’unique et seul remède qu’est l’hygiène morale. Et les malentendus proviennent de nos conflits intérieurs et de l’individualisme et égoïsme engendrés par chacun face à ses difficultés. Quand le gibier se fait rare, la dent acérée l’accapare que pour elle.

Propos recueillis par Lamia Bereksi Meddahi

[1] Ed/ Spinelle, 2018.

[2] De son vrai nom Mohand-Lyazid Chibout.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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