Créée en 1977 par le scénariste Jean Van Hamme et le dessinateur Grzegorz Rosiński, la série de Thorgal a bercé l’imaginaire de toute une génération. En créant un personnage aux origines extraterrestres qui a grandi à l’époque des Vikings, les deux auteurs ont façonné tout un univers qui évolue au rythme de la mythologie scandinave et la science-fiction.

Tout au long des décennies, se sont succédé des scénaristes[1] et des dessinateurs[2] de talents qui ont étoffé l’univers étendu de cette série qui s’agrandit un peu plus avec chaque nouvelle publication. Avec plus 15 millions d’albums vendus en français auxquels s’ajoutent 5 millions en langues étrangères, la bande dessinée englobe la série d’origine ainsi que des séries parallèles qui ont été consacrées à Kriss de Valnor, à Louve et même à La jeunesse de Thorgal.

L’album Adieu Aaricia[3] vient rompre dans un premier temps avec un standard de pagination auquel nous étions habitués. Les 112 pages de ce beau livre, permettent de faire respirer cette œuvre qui est signée au scénario et au dessin de Robin Recht.

Le bédéiste français, qui connait bien les codes de la fantasy et l’univers médiéval pour avoir publié la saga Elric, avoue être reconnaissant pour les conseils avisés de Grzegorz Rosiński dans l’élaboration de ce premier tome de Thorgal Saga. Il confie d’ailleurs avoir eu envie de secouer cette série qui lui avait tant plu et de provoquer un petit court-circuit.

Dans ce « one shot », Thorgal est un vieil homme de 70 ans qui dit adieu une dernière fois à sa bien-aimée Aaricia Gandalfsdóttir. La mère de ses deux enfants Jolan Thorgalsson et Louve Thorgalsdóttir est morte de vieillesse. Dévasté par la disparition de sa femme, l’enfant des étoiles est perdu dans ses pensées, lorsque le serpent Nidhogg lui apparaît au milieu de la nuit.

Cette incarnation du mal dans la mythologie scandinave que Thorgal avait croisé par le passé, lui fait la proposition suivante : « tu pourrais de nouveau parler (à Aaricia ndlr), la toucher, et même vivre à ses côtés si tu le souhaites…». Pour cela, le fils des étoiles n’a qu’à porter l’anneau d’Ouroboros que le serpent lui a spécialement forgé. Thorgal succombe à la tentation dans l’espoir de revoir sa bien-aimée. En passant à son doigt l’anneau du temps, il se rend bien compte que Nidhogg lui a joué un bien mauvais tour.

En retournant dans le passé, il constate que les événements ne sont plus tout à fait les mêmes lorsqu’il fait la rencontre du jeune Thorgal. Si certaines personnes sont toujours présentes tel que le père d’Aaricia Gandalf-le-fou, d’autres s’ajoutent à ce nouveau passé à l’image de la guerrière Skraeling, une géante noir et fille de Sutur-le-Noir.

Nous n’en dirons pas plus sur ce nouveau récit de l’enfant des étoiles, qui subit comme tous les humains le poids des années.

L’auteur Robin Recht qui explore toutes les dualités autour du personnage de Thorgal (la jeunesse et la vieillesse, la sagesse et la fougue, la force et la faiblesse), s’imprègne admirablement de l’univers de la saga avant de créer ce nouveau récit qui nous fait vivre avec émotion le voyage de Thorgal dans le passé.

Réda Benkoula

[1] Yves Sente (tomes 30 à 34 | Xavier Dorison (tome 35) | Yann (depuis le tome 36. À lire du même auteur La Selkie

[2] Fred Vignaux depuis le tome 37. À lire aussi du même dessinateur le tome 40 Tupilaks | Roman Surzhenko dessinateur Les larmes de Hel.

[3] Thorgal saga T.1 : Adieu Aaricia | Robin Recht (Scénario et dessins) | Le Lombard | 2023 | 112 pages

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