Publiée aux Éditions Grasset, La Ferme des Animaux[1], est une adaptation réussie du roman l’œuvre de George Orwell aussi bien sur le plan esthétique et graphique. Cette version illustrée de plus de 170 pages restitue l’essentiel des dix chapitres de l’œuvre de Georges Orwell sous forme de tableaux illustrés qui donnent l’impression de contempler des toiles inspirées de la nature morte.

Pour rappel, La Ferme des Animaux qui a été écrit en 1945 était une satire de la révolution russe, une critique des régimes autoritaires et de la société britannique. On l’a compris, quand l’auteur met en scène les animaux, il peut se permettre de critiquer le monde comme l’ont fait en leur temps de La Fontaine avec Fables et bien avant lui Abdallah Ibn al-Muqaffa avec Kalila et Dimna.

Cette histoire débute lorsque les animaux de la ferme se réunissent tous ensemble un soir dans la grange de la ferme du manoir. Profitant de la négligence du propriétaire qui a oublié de fermer l’enclos, Sénateur, le plus vieux des cochons confia aux autres bêtes avoir fait un rêve :

« La nuit dernière, j’ai vu en rêve la terre telle qu’elle sera quand l’Homme en aura disparu. Je ne saurais vous la décrire » (p. 19).

S’appuyant sur son vécu, Sénateur fit les constats suivants :

« Camarades, quelle est-elle cette vie que nous disons nôtre? Elle est misérable, laborieuse et brève, dit-il. À peine venus au monde nous recevons tout juste une maigre pitance et ceux d’entre nous qui ont en la force besognent jusqu’à l’épuisement. Dès que nous cessons d’être utiles, l’horreur de l’abattoir nous attend. Nul animal ne connait le bonheur. Nul animal n’est libre en Angleterre. La vie de l’animal n’est que misère et servitude. La vérité la voilà » (p 15).

Il en arrive ainsi à la conclusion suivante :

« Que faire, alors ? Eh bien, travailler nuit et jour, corps et âme, à renverser la race humaine. Tel est mon message, Camarades : Insurrection ! » (p. 17).

Trois nuits plus tard Sénateur mourut paisiblement dans son sommeil.

Le vent d’insurrection a ainsi germé au sein de la bergerie et trois mois plus tard lorsque l’occasion se présenta, le propriétaire de la ferme et ses hommes furent chassés.

Le manoir de la ferme fut rebaptisé ferme des animaux et petit à petit les bêtes s’approprièrent les lieux comme le résume le synopsis du livre : Suite à l’insurrection menée contre les hommes, deux cochons règnent en maître sur la Ferme des Animaux. Napoléon et Boule de neige agissent au nom de la liberté pour régir une société nouvelle, égalitaire, où tous leurs Camarades seraient débarrassés de l’oppression des humains. Mais rapidement, des clivages apparaissent au sein de la classe dirigeante. Les intérêts personnels, la soif de pouvoir et les trahisons silencieuses risquent désormais de mettre à mal la grande révolution des animaux…

Si l’œuvre d’Orwell est considérée comme intemporelle au vue de la façon dont il décrit la nature humaine, l’auteur et l’illustrateur brésilien Odyr Fernando Bernardi, en extrait toute son essence pour inviter les lectrices et les lecteurs à la réflexion.

On l’a compris, si La Ferme des Animaux met en scène des animaux, c’est avant tout pour illustrer de façon métaphorique la manière dont l’être humain peut se comporter en reproduisant souvent les mêmes erreurs. D’ailleurs, dans cette allégorie animalière, l’oppressé qui se révolte contre le tyran fini par en devenir.

Chose certaine, il y a des leçons à retenir du roman d’Orwell et à fortiori du travail d’Odyr qui redonne à l’œuvre une nouvelle fraîcheur.

Réda Benkoula

[1] La Ferme des Animaux | Bernardi Odyr (Auteur, illustrateur), Josée Kamoun (Traduction) | Éditions Grasset | 2021 | 176 pages

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